En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
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En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
"Et sur ces encyclopédies virtuelles, qu'as-tu appris du monde en dehors du Lys ?"
"Une différence de moeurs."
"En mieux ?"
"En pire."
Il rit, rejetant la fumée de sa cigarette vers elle comme pour la faire réagir. Mais Anita resta plongée sur la vision des immeubles, à travers la baie vitrée.
"C'est parce que tu n'aimes pas ce que tu en lis. Ca ne signifie pas que leur monde soit pire, il faut vraiment le voir pour s'en faire une idée."
"Je ne sais pas..." admit-elle, son ton en suspend.
"Quoi?"
Finalement, elle tourna sa tête vers lui
Je ne crois pas qu'ils veuillent d'un monde meilleur.
"Et tu crois que le Lys est un bel exemple de "monde meilleur" ?"
"Trop de ses habitants l'enlaidissent. Mais il l'est... " Elle reporta son regard sur le quartier. Certaines tours blanches formaient des lignes contiguës de spirales délicates en trompe l'oeil : c'est sur celles-ci qu'Anita se focalisait.
"Aaah Anita vraiment, je ne te comprends pas" avoua-t-il.
A cela, elle ne répondit pas.
------------
Il faisait un vent exécrable. Même les oiseaux qui aimaient batifoler contre les courants ascendants avaient fini par se nicher dans les crevasses des édifices, au dessus des lumières holographiques et des enseignes métalliques aux sourires boursouflés, parfois de travers. La Caste vivait ici en otage : prise à partie entre la précarité de la passerelle et la richesse des entrepreneurs dont Anita ne faisait pas partie. Elle n'avait que dix-sept ans, et vraiment on ne l'imaginerait même pas sortie du Lys. Un accoutrement trop simpliste : sauf pour quelques fins connaisseurs, eux en remarqueraient la coupe, le soucis des détails, la couture, reproduite avec panache, entre chaque bouton, sur chaque finition du manteau, la signature de cette grande enseigne (comment s'appelait-elle déjà ?) qui avait une politique restreinte sur les commandes et que seuls les habitants du Lys supputaient, et encore... - productions qualitatives plutôt que quantitatives. Malgré tout, ce manteau là était d'une simplicité consternante ! Ce n'était clairement pas ce qu'on s'imaginât du Lys... Ses bottes hautes grises aux semelles tristement plates avaient été lacées avec soin, parachevaient un tableau assez fade sous une dernière touche : sa blouse noire qui ne souffrait pas d'un pli. Aucune boucle, aucun collier. Juste sa fidèle bague, et ses gants qu'elle aimait déjà à porter, comme si le contact des poignées de mains rugueuses l'insupportait. En dépit de sa grande taille, elle ne s'encombrait pas de capuche. Peu de crainte de se faire remarquer : dans le mouvement consommateur des foules aux ventres remplis, les teintures étaient aussi légions que les prothèses mécaniques.
Elle consulta sa montre à gousset... Puis releva sa tête. En face, un bâtiment : il abritait l'un des restaurant les plus onéreux de la Caste. Elle remarqua qu'un homme correspondait à la description et qu'il attendait.
Avec beaucoup de discrétion et de politesse Anita s'approcha. Très sage, elle rangea ses mains dans son dos. Et c'était peut-être dans sa façon de marcher, ou de tendre un regard scrutateur mais profondément égal comme on lui avait toujours appris face aux êtres qui ne supportaient pas le concept d'infériorité, qu'on pourrait se dire que cette jeune fille là ne venait définitivement pas de la Caste...
"Je ne suis pas en retard j'espère ? " lui murmura-t-elle comme si elle concédait à la faute, se penchant à peine vers lui avec un sourire désolé. (elle l'était juste un peu, juste ce qu'il faudrait pour émousser sa patience)
Alors elle tendit sa main gantée vers lui, l'autre gardée dans le dos. Ce qu'on remarquerait, assez vite, c'était le contraste entre son âge et ses manières.
"Anita, la fille du Mécène, enchantée de vous rencontrer."
Elle garda son sourire en demi-teinte, cherchant à évaluer sa réaction, ses yeux bleus pétillant de malice. Envoyer une personne de dix-sept ans pour parler affaires, son père avait au mieux de l'humour, au pire un sacré toupet...
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Lieu d'habitation : Nid de Coucou
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Anita
Réputé
Alias : Mastema
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biens débloqués
ARBALÈTE Semi-automatisée
Possède lunette de visée et gâchette qui permet de tendre automatiquement la flèche puis de tirer : arme débloquée -- 8 tirs possibles.
SABRE (longue lame)
les longues lames sont produites en très rare quantité : Objet de collection, possibilité de gagner en estime auprès de certains PNJ du MJ.
LICENCE DE COMMERCE
Licence virtuelle qui atteste de son droit à posséder un commerce. (10% de réduction sur les achats d'objets peu communs de la boutique)
BRACELET DE COMMUNICATION
une fois par mission/topic, l'objet permet de communiquer avec un partenaire à distance, en toute sécurité (pas d'interception possible par les ennemis/forces de l'ordre)
PLANEUR
Appareil imitant la forme d'un oiseau, filme une zone jusqu'à une altitude de 1000mètres qu'il envoie vers le boitier holographique du possesseur. (par temps peu brumeux, patrouille depuis les airs - hors Lys et plateformes)
CAPE THERMO-INVISIBLE
Permet de se confondre dans le paysage tout en absorbant la chaleur du corps - invisible donc des lunettes de vision nocturne. (une fois par topic/mission, permet d'esquiver un adversaire/les forces de l'ordre (limite de 3 personnes).)
Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
- Durd…
Le Mech avala sa salive de travers en lisant le début du mail. Cela faisait maintenant plus de 5 ans qu’on ne l’appelait plus ainsi. Enfin, cela faisait 5 ans qu’on ne l’appelait plus du tout en fait, à sa grande joie. Quelqu’un avait pu rapprocher son ancienne identité avec son adresse électronique actuelle “change.your.life.8194@free-trial-domain.com”. Impensable. Quoique… Après tout, il avait dû enregistrer certaines informations pour l’enregistrer, dont un de ces identifiants bancaires liés à sa puce… Tout ça pour un essai gratuit ! C’était de l’arnaque pure et simple. Et cette saleté de technologie qui permettait de tout faire de nos jours, si ce n’était pas son métier principal, Le Mech aurait joyeusement milité pour son abolition.
Il grommela quelques insultes et pesta intérieurement contre le système cinq bonnes minutes, avant de se décider à lire le reste du message.
- Hm. Hm ? HM !!??
Ce mail l’accusait - indirectement - d’avoir une possession qu’il jugeait amorale : un actif de Morlock Inc à son nom, qui vivait encore dans un fonds d’investissement commun. Ce dernier était en train d’être subdivisé en actifs plus petits, ce qui allait permettre d’accueillir de nouveaux investisseurs et de continuer à faire grossir la valeur boursière des corporations derrière. Vu que l’ancienne identité du Mech en possédait, il allait voir sa part du fonds commun monter, ce qui apparemment allait contre les intérêts de l’auteur du mail. Enfin, c’est ce qu’il put en déduire derrière les bonnes formules et le blabla financier. Blabla qu’il comprenait malheureusement, ce qui participait à son dégoût de la situation.
Le Mech fut face à un choix. D’un côté, l’idée de participer à la vie capitaliste le dégoûtait au plus haut point. Il ne voulait pas - activement - en voir la fin ; s’il voulait bien essayer de réparer quelques mécanismes dissonants pour éviter les dommages humains collatéraux, il ne voulait absolument pas y participer. De l’autre côté, l’occasion de les vendre à cette personne pour s’en débarrasser était en or. Mais voilà le souci, c’était qu’il avait l’impression de jouer le jeu de ce mystérieux à racheter en lui cédant ses parts... Et aussi de jouer le jeu des transactions financières. Ego mal placé ou instinct socialiste ?
Après quelques jours d’intenses - et éparses - réflexions sur le sujet, Le Mech reçut donc une invitation. Étrange. Pourquoi tant de forme ? Tout cela aurait pu être fait à distance : une simple signature et le tour était joué… C’était ce qu’il avait pensé, jusqu’à ce qu’il voit l’adresse du restaurant où la transaction devait prendre place. Alors… Le Mech n’était pas matérialiste, mais, comme tout un chacun, il avait un côté jouisseur. Posséder la pomme ne l’intéressait pas, mais expérimenter sa texture, goûter son jus, croquer sa chair, c’était pour lui beaucoup plus estimable. "Je verrai bien sur place, après le repas", conclut-il.
Le Mech s’habilla donc pour l’occasion. Il troqua son vieux manteau rapiécé, qui lui servait à couvrir son tee-shirt graisseux, pour le même manteau et le même tee-shirt, légèrement dépoussiérés et nettoyés. Coquet, il avait pris soin de bien se gratter sous les ongles, de se tailler la barbe et les cheveux, et de se recouvrir de parfum absorbant de mauvaises odeurs. Non pas qu’il puait, mais il allait dans un endroit qui était assez tatillon concernant l’hygiène personnelle. De magnifiques bottes dépareillées et un pantalon de travail vinrent compléter sa tenue tendance - dans le fossé -. Au final, c’était un magnifique ensemble tiré de la collection été-automne-hivers-printemps-pluie-orage-soleil-ménage-chômage, oscillant entre des palettes sombres et des palettes sales. Un must à avoir dans sa garde-robe - dans le fossé.
La fashion victime s’était donc mise sur son 31 et avait même pris soin de trouver un squat non loin du restaurant. De là, il pouvait déjà se faire une idée de sa commande du lendemain, même si, par principe, il ferait semblant de découvrir le menu. C’était donc l’estomac plein de rêves que l’homme s'endormit dans un coin de rue, confiant aux rongeurs qui voulaient bien l’écouter quelques anecdotes sur la dernière fois qu’il était allé dans un vrai restaurant.
Le jour venu, le Mech alla faire du tourisme dans le quartier. Il était déjà assez venu pour bien connaitre l'endroit : il avait déjà arpenté ces rues de nombreuses fois, à la fois dans son ancienne vie et dans sa nouvelle. Mais la réalité et les aléas du marché faisaient qu’il y avait toujours quelque chose de nouveau à voir. Machin avait changé de devanture, truc s’était fait racheter par bidule, chose à changer de nom et ainsi de suite. Au final, si l’on mettait assez de temps entre deux balades, on était assuré de voir de nouvelles choses entre les hordes de passants.
Quand il fut temps pour le rendez-vous, le Mech se mit en position. Nonchalamment, il se mit près du restaurant, et attendit. Il avait l’impression de goûter l’air, il partageait la faim de ceux qui rentraient et idéalisait la bedaine de ceux qui sortaient. Non, le Mech n’était définitivement pas matérialiste. Mais un bon gueuleton, c’était toujours une mini-extase.
- "Je ne suis pas en retard j'espère ? "
Le Mech haussa un sourcil d’étonnement. Il l’avait certes vu s’approcher, mais il ne pensait pas qu’elle allait lui adresser la parole. En retard ? De quoi cette gamine pouvait-elle bien parler ? Oh, elle devait sûrement le confondre avec quelqu’un d’autre. Un simple malentendu, le Mech avait un physique assez commun après tout, et un style vestimentaire très répandu - dans le fossé. Souriant, il s’apprêtait à gentiment lui faire remarquer qu’ils ne se connaissaient pas, mais fut pris de court par la phrase suivante.
- "Anita, la fille du Mécène, enchantée de vous rencontrer."
Le Mécène ? Ce nom semblait riche. Assez riche pour vouloir racheter des actions d’un fond commun. Assez riche pour l’inviter au restaurant. Mais était-il assez riche pour lui envoyer une - vraisemblablement - adolescente pour parler affaires ? Qu’on soit d’accord, Le Mech n’en avait strictement rien à faire de l’identité ou de l’âge des personnes avec qui il traitait, pour lui, tout le monde était égal. Si on le laissait faire, rois et rats mangeraient dans la même assiette. Mais qu’on envoie une personne aussi jeune… C’était très étrange.
La confusion était visible sur son visage, faisant perdre de sa superbe à son sourire. Bon. En soi, il ne pouvait pas vraiment s’opposer à quoique ce soit, et toute remarque serait déplacée. Il concéda donc à refouler son ressenti et décida d’agir comme il l’aurait fait avec n’importe qui. À sa main tendue, il répondit par une petite tape amusée dans sa paume.
- Le Mech.
Se souvenant du début du mail qu’il avait reçu, il prit un air extrêmement sérieux et une voix plus posée, sans tomber dans le registre de la menace.
- Seulement. "Le Mech".
Il insista lourdement sur le “seulement”, essayant de faire comprendre qu’il n’accepterait pas - ou du moins qu’il filtrerait mentalement - toute utilisation d’un autre patronyme. Il reprit ensuite un visage plus doux avant d’ajouter, avec un entrain qui lui était plus habituel :
- Et non, aucun retard, les choses arrivent quand elles arrivent. Très beau manteau, d’ailleurs !
Son bras mécanique se leva difficilement pour pointer le vêtement du doigt. La vieillerie allait bientôt avoir besoin de réparations… Ou d’une refonte. Le compliment, quant à lui, était sincère. Le Mech prit le temps de détailler la personne qu’il avait en face de lui. Jeune, dans la fleur de l’âge, il ne lui donnait pas plus de la vingtaine. Grande et bien habillée, elle ne semblait pas souffrir de carence ou de malnutrition. Son aisance et ses manières indiquaient un statut social aisé. Chose assez rare chez les jeunots, elle semblait ne pas avoir de problème à soutenir son regard, ce qui facilitait la création des fameux liens humains dont le Mech était friand. Il évalua qu’elle n’était pas un danger pour lui, mais décida quand même d‘ouvrir l'œil.
- Vous êtes là pour le fond commun ?
Étant quasiment certain de la réponse et ayant le sens des priorités, il leva son bras valide pour pointer innocemment le restaurant du pouce.
- On y va ?
Le Mech avala sa salive de travers en lisant le début du mail. Cela faisait maintenant plus de 5 ans qu’on ne l’appelait plus ainsi. Enfin, cela faisait 5 ans qu’on ne l’appelait plus du tout en fait, à sa grande joie. Quelqu’un avait pu rapprocher son ancienne identité avec son adresse électronique actuelle “change.your.life.8194@free-trial-domain.com”. Impensable. Quoique… Après tout, il avait dû enregistrer certaines informations pour l’enregistrer, dont un de ces identifiants bancaires liés à sa puce… Tout ça pour un essai gratuit ! C’était de l’arnaque pure et simple. Et cette saleté de technologie qui permettait de tout faire de nos jours, si ce n’était pas son métier principal, Le Mech aurait joyeusement milité pour son abolition.
Il grommela quelques insultes et pesta intérieurement contre le système cinq bonnes minutes, avant de se décider à lire le reste du message.
- Hm. Hm ? HM !!??
Ce mail l’accusait - indirectement - d’avoir une possession qu’il jugeait amorale : un actif de Morlock Inc à son nom, qui vivait encore dans un fonds d’investissement commun. Ce dernier était en train d’être subdivisé en actifs plus petits, ce qui allait permettre d’accueillir de nouveaux investisseurs et de continuer à faire grossir la valeur boursière des corporations derrière. Vu que l’ancienne identité du Mech en possédait, il allait voir sa part du fonds commun monter, ce qui apparemment allait contre les intérêts de l’auteur du mail. Enfin, c’est ce qu’il put en déduire derrière les bonnes formules et le blabla financier. Blabla qu’il comprenait malheureusement, ce qui participait à son dégoût de la situation.
Le Mech fut face à un choix. D’un côté, l’idée de participer à la vie capitaliste le dégoûtait au plus haut point. Il ne voulait pas - activement - en voir la fin ; s’il voulait bien essayer de réparer quelques mécanismes dissonants pour éviter les dommages humains collatéraux, il ne voulait absolument pas y participer. De l’autre côté, l’occasion de les vendre à cette personne pour s’en débarrasser était en or. Mais voilà le souci, c’était qu’il avait l’impression de jouer le jeu de ce mystérieux à racheter en lui cédant ses parts... Et aussi de jouer le jeu des transactions financières. Ego mal placé ou instinct socialiste ?
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Après quelques jours d’intenses - et éparses - réflexions sur le sujet, Le Mech reçut donc une invitation. Étrange. Pourquoi tant de forme ? Tout cela aurait pu être fait à distance : une simple signature et le tour était joué… C’était ce qu’il avait pensé, jusqu’à ce qu’il voit l’adresse du restaurant où la transaction devait prendre place. Alors… Le Mech n’était pas matérialiste, mais, comme tout un chacun, il avait un côté jouisseur. Posséder la pomme ne l’intéressait pas, mais expérimenter sa texture, goûter son jus, croquer sa chair, c’était pour lui beaucoup plus estimable. "Je verrai bien sur place, après le repas", conclut-il.
Le Mech s’habilla donc pour l’occasion. Il troqua son vieux manteau rapiécé, qui lui servait à couvrir son tee-shirt graisseux, pour le même manteau et le même tee-shirt, légèrement dépoussiérés et nettoyés. Coquet, il avait pris soin de bien se gratter sous les ongles, de se tailler la barbe et les cheveux, et de se recouvrir de parfum absorbant de mauvaises odeurs. Non pas qu’il puait, mais il allait dans un endroit qui était assez tatillon concernant l’hygiène personnelle. De magnifiques bottes dépareillées et un pantalon de travail vinrent compléter sa tenue tendance - dans le fossé -. Au final, c’était un magnifique ensemble tiré de la collection été-automne-hivers-printemps-pluie-orage-soleil-ménage-chômage, oscillant entre des palettes sombres et des palettes sales. Un must à avoir dans sa garde-robe - dans le fossé.
La fashion victime s’était donc mise sur son 31 et avait même pris soin de trouver un squat non loin du restaurant. De là, il pouvait déjà se faire une idée de sa commande du lendemain, même si, par principe, il ferait semblant de découvrir le menu. C’était donc l’estomac plein de rêves que l’homme s'endormit dans un coin de rue, confiant aux rongeurs qui voulaient bien l’écouter quelques anecdotes sur la dernière fois qu’il était allé dans un vrai restaurant.
Le jour venu, le Mech alla faire du tourisme dans le quartier. Il était déjà assez venu pour bien connaitre l'endroit : il avait déjà arpenté ces rues de nombreuses fois, à la fois dans son ancienne vie et dans sa nouvelle. Mais la réalité et les aléas du marché faisaient qu’il y avait toujours quelque chose de nouveau à voir. Machin avait changé de devanture, truc s’était fait racheter par bidule, chose à changer de nom et ainsi de suite. Au final, si l’on mettait assez de temps entre deux balades, on était assuré de voir de nouvelles choses entre les hordes de passants.
Quand il fut temps pour le rendez-vous, le Mech se mit en position. Nonchalamment, il se mit près du restaurant, et attendit. Il avait l’impression de goûter l’air, il partageait la faim de ceux qui rentraient et idéalisait la bedaine de ceux qui sortaient. Non, le Mech n’était définitivement pas matérialiste. Mais un bon gueuleton, c’était toujours une mini-extase.
- "Je ne suis pas en retard j'espère ? "
Le Mech haussa un sourcil d’étonnement. Il l’avait certes vu s’approcher, mais il ne pensait pas qu’elle allait lui adresser la parole. En retard ? De quoi cette gamine pouvait-elle bien parler ? Oh, elle devait sûrement le confondre avec quelqu’un d’autre. Un simple malentendu, le Mech avait un physique assez commun après tout, et un style vestimentaire très répandu - dans le fossé. Souriant, il s’apprêtait à gentiment lui faire remarquer qu’ils ne se connaissaient pas, mais fut pris de court par la phrase suivante.
- "Anita, la fille du Mécène, enchantée de vous rencontrer."
Le Mécène ? Ce nom semblait riche. Assez riche pour vouloir racheter des actions d’un fond commun. Assez riche pour l’inviter au restaurant. Mais était-il assez riche pour lui envoyer une - vraisemblablement - adolescente pour parler affaires ? Qu’on soit d’accord, Le Mech n’en avait strictement rien à faire de l’identité ou de l’âge des personnes avec qui il traitait, pour lui, tout le monde était égal. Si on le laissait faire, rois et rats mangeraient dans la même assiette. Mais qu’on envoie une personne aussi jeune… C’était très étrange.
La confusion était visible sur son visage, faisant perdre de sa superbe à son sourire. Bon. En soi, il ne pouvait pas vraiment s’opposer à quoique ce soit, et toute remarque serait déplacée. Il concéda donc à refouler son ressenti et décida d’agir comme il l’aurait fait avec n’importe qui. À sa main tendue, il répondit par une petite tape amusée dans sa paume.
- Le Mech.
Se souvenant du début du mail qu’il avait reçu, il prit un air extrêmement sérieux et une voix plus posée, sans tomber dans le registre de la menace.
- Seulement. "Le Mech".
Il insista lourdement sur le “seulement”, essayant de faire comprendre qu’il n’accepterait pas - ou du moins qu’il filtrerait mentalement - toute utilisation d’un autre patronyme. Il reprit ensuite un visage plus doux avant d’ajouter, avec un entrain qui lui était plus habituel :
- Et non, aucun retard, les choses arrivent quand elles arrivent. Très beau manteau, d’ailleurs !
Son bras mécanique se leva difficilement pour pointer le vêtement du doigt. La vieillerie allait bientôt avoir besoin de réparations… Ou d’une refonte. Le compliment, quant à lui, était sincère. Le Mech prit le temps de détailler la personne qu’il avait en face de lui. Jeune, dans la fleur de l’âge, il ne lui donnait pas plus de la vingtaine. Grande et bien habillée, elle ne semblait pas souffrir de carence ou de malnutrition. Son aisance et ses manières indiquaient un statut social aisé. Chose assez rare chez les jeunots, elle semblait ne pas avoir de problème à soutenir son regard, ce qui facilitait la création des fameux liens humains dont le Mech était friand. Il évalua qu’elle n’était pas un danger pour lui, mais décida quand même d‘ouvrir l'œil.
- Vous êtes là pour le fond commun ?
Étant quasiment certain de la réponse et ayant le sens des priorités, il leva son bras valide pour pointer innocemment le restaurant du pouce.
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Le Mech
Murmure de Rue
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Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
le mal est fait, trop tard pour la changer, gardez-la enfermée
c'est par l'évolution des maladies que naissent les fléaux
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Anita resta circonspecte. Ses yeux se figèrent sur sa main gantée que "Le Mech" avait tapée aussi allégrement qu'avec un pote de comptoir... Troublée, elle parut presque effrayée au moment de relever ses yeux. Par cette simple rencontre. La seule qui lui fut été donnée hors du Lys, sans les quatre murs ceints de sa tour, sans Enor pour se tenir à sa porte, sabre d'un côté, pistolet de l'autre, Anita comprenait que son père l'avait laissée aux prises avec un... prolo.
Quel cauchemar.
Un frisson lui parcourut l'échine. Comment un être aussi peu distingué pouvait posséder des actions de ce feu Morlock Inc ? Avec un sourire fragile, elle acquiesça doucement. "Le Mech, oui bien sûr..."
Bien sûr.
Que les plateformes lui viennent en aide. Elle se sentait déjà prise de vapeurs, celles de l'angoisse. L'idée que cet homme lui tape encore dans la main, de sa prothèse mécanique cette fois !, lui effleura l'esprit : elle chercha à repousser cette infâme vision.
"Le fond commun, oui... oui c'est cela" Elle prenait à peine conscience de sa réponse.
Déjà, elle n'aurait voulu qu'une chose : fuir ce lieu ; ce "Mech" était-ce un exemple représentatif de ce monde extérieur au Lys ?...
"Après vous." souffla-t-elle, pourtant. Son ton trahissait plus une demande qu'une offre ; l'avoir dans son dos lui parut insupportable. Lorsque la porte du restaurant c'en fut fermée, Anita était devenue plus blanche. Un théri à tête de félin les accueillit. Deuxième difficulté, intense. Anita refusa catégoriquement d'être débarrassée de son manteau. Ils furent guidés jusqu'à leur table. Ses yeux d'un bleu douloureux se promenèrent sur l'hôte d'accueil qui s'éloignait : des oreilles pelucheuses, des pattes, un foutu animal... et en face d'elle, l'homme contenté venu d'elle ne savait où, aux attitudes dégagées de cette gêne qui s'impose, parfois, entre les inconnus. C'était une saleté de comédie dans laquelle son père l'avait plongée à dessein... Inspirant à bloc, Anita s'assit doucement. Elle arrangea mieux les couverts : trois de chaque sorte. Les voir ainsi alignés, et reconnaître l'utilité de chacun, la raccrocha à son élément... la rasséna quelque peu... Alors comment on procédait, exactement ?
Avec la populace ?
Sa crainte s'était mutée en contemplation risquée, son regard timidement plongé dans le sien, comme une gamine face à un spécimen de la faune locale. Elle s'était dégagé de ses gants, fourrés dans les poches de son manteau, lui-même retiré, déposé contre le dossier de sa chaise. Et toute à son ressentiment, de penser qu'on lui avait distribué son premier échange professionnel avec un quidam de la tourbe, elle lui désigna la tablette que venait de leur tendre un serveur -humain cette fois, elle en fut heureuse.
"Choisissez ce qui vous plaira..." dit-elle poliment quant aux boissons. Ce "Mech" était un sujet de la ville : pour Anita,, il était l'archétype d'un monde qu'elle récriait. Tout, de sa prothèse fatiguée, à ses habits défraichis, en passant par son parfum, lui dictait qu'il était indigne ne serait-ce que de poser son cul sur cette chaise confortable. Anita avait une vision très précise du système. Certains individus n'étaient simplement pas faits pour côtoyer les grandes sphères, à cause de leur manque d'éducation, de culture, ou par cette nature intrinsèque, inhérente à leur naissance. Malgré tout, elle lui offrit un sourire plus tranquille. Mentalement soutenue par la séparation qu'offrait la table, et par le service de table qui ne dénotait pas de ses habitudes - bien qu'il y manquait ici l'assiette de présentation- elle avait survolé le menu de la tablette, mieux adossée à sa chaise.
Croustillant de bœuf - 600 c
Terrine de sanglier - 550 c
Tagliatelles de poireau et œufs mollets - 400 c
Ragoût de boeuf, Carottes et Champignons - 900 c
Roulé de pomme de terre au saumon fumé - 800 c
Tian de légumes - 700 c
Ravioli de potiron et cèpes sautés - 1000 c
Attendant qu'il fasse son choix, elle sélectionna le sien sans l'énoncer, puis reposa la tablette sur le côté de la table, se permettant une question.
"Dîtes-moi, avez-vous déjà croisé un théri à tête de vache ?" elle l'avait soufflée, très sérieuse ; mais un frémissement de sourire avait agité sa bouche. Ses yeux brillaient d'un intérêt nouveau.
"L'on m'eut raconté qu'il en existait. Taureau, vache, lapin même... "
Autour, elle reconnut d'autres clients comme originaires du Lys. Anita supputa qu'en déplacement à la Caste, des habitants de son quartier devaient venir ici plus qu'ailleurs. Elle les observa avec autant d'attention et de curiosité que le reste : même au Lys, elle avait rarement eu l'occasion de côtoyer les autres. Un éclair de regret traversa ses prunelles azurées, qu'elle reposa lentement sur le Mech.
"Si c'est bien vrai qu'il en existe, n'est-ce pas paradoxal que de manger du... -elle chercha dans sa mémoire l'intitulé- Ragout de boeuf ?" Elle semblait plus fidèle à son âge, piquée de la sorte par la curiosité. "Pensez-vous que ces théris eux-mêmes consomment du ragout ? Ne serait-ce pas cocasse ?"
Gravitant à peine dans le monde adulte, il y avait tout de même une chose troublante, dans l'intérêt qu'elle portait à cette question, ou dans cette façon qu'elle avait de le fixer maintenant, sans aucune assurance, toujours prise d'inconfort, mais sérieusement attentive à son avis.
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Anita
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SABRE (longue lame)
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une fois par mission/topic, l'objet permet de communiquer avec un partenaire à distance, en toute sécurité (pas d'interception possible par les ennemis/forces de l'ordre)
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CAPE THERMO-INVISIBLE
Permet de se confondre dans le paysage tout en absorbant la chaleur du corps - invisible donc des lunettes de vision nocturne. (une fois par topic/mission, permet d'esquiver un adversaire/les forces de l'ordre (limite de 3 personnes).)
Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
Une théri félinne, gueule-bée, laissa tomba sa carafe d’eau à cause de ce qu'elle venait d’entendre.
Quelques instants auparavant, Le Mech exécutait la demande de sa camarade de boustifaille du jour. D’un mouvement élégant et prompt, il pénétra dans le restaurant en humant les parfums s’y trouvant. Quel ravissement ! Ce n’était pas l’odeur des conserves fraîchement ouvertes ni des miettes de rouille qui y tombaient fatalement. Les effluves qu’il avait sentis un peu plus tôt n'étaient rien en comparaison. Là, il s'agissait de nourriture retravaillée, magnifiée, sublimée. Des mets communs remaniés pour flatter les palais, caresser les langues et combler les estomacs. Le summum de la culture de l’humanité se trouvait ici, dans l’un des derniers bastions culinaires du monde. Et Le Mech comptait bien en savourer chaque instant.
Le bougre s'assit avec une prestance surprenante. Droit comme un i, il s'empressa de saisir la serviette de table près de son assiette pour la déplier sur ses jambes. Bien que ce geste fût banal dans ce type d'établissement, il révélait les nombreux déjeuners et dîners d'affaires auxquels il avait dû assister dans sa vie antérieure. Il n’était pas un expert, mais il y avait appris - dans la douleur - à se servir des bonnes fourchettes, cuillères et verres, au bon moment. Si, en temps normal, il évitait sciemment de paraître aussi civilisé que quidam (au nom de sa sacro-sainte liberté et de son non-conformisme affirmé), il ne fit aucun cas des manières qu’il affichait à présent.
"Choisissez ce qui vous plaira..."
Obnubilé par ce qu’il allait ingérer, Le Mech avait oublié la raison officielle de sa présence, et même celle de son interlocutrice. Ce n’était pas par dédain ou par indifférence, loin de là, mais le rush de dopamine qui circulait actuellement dans son sang l’aveuglait légèrement. Malgré cela, il prit le temps de regarder autour de lui. Du monde, il y en avait, et du - prétendument - beau. Du travailleur au dragueur, du débauché au gourmet, du richard à celui qui mangeait en travaillant sur son écran, les profils présents étaient divers, mais loin d’être variés. Tous appartenaient à une certaine classe. Une classe d’aveugle, et ce n'était pas à cause d'un rush de dopamine, bien au contraire.
La tablette arriva sous le nez du Mech. Son monde s’écroula. Les ramens. SES ramens ! Où étaient ses ramens ? Ils y étaient. La veille, il avait distinctement senti l’odeur d’un bouillon d’Udon, suivi d’un bruit caractéristique de succion de nouille. Non, cela ne se pouvait pas. C’était impensable que le plat ne figurait pas sur la carte. Le sang du Mech se glaça lorsqu’il comprit ce qui n'allait pas. En haut de la tablette, il pouvait lire : “Menu du jour”. “Menu du jour”. “Menu du jour”, pensa-t-il.
“Menu du jour”.
Murmura-t-il.
- “Menu du jour”.
Se flagella-t-il. Muet face à la réalité, le Mech fixa son écran sans parvenir à le lire. Pas de ramens aujourd’hui. Restait-il des restes en cuisine ? Peu de chance : surdimensionner les ingrédients et les provisions était un luxe par les temps qui couraient, même pour un restaurant de luxe. Dans ce cas, était-il trop tard pour changer d’établissement ? Oui, certainement. Il était déjà assis et le service avait commencé. Le Mech soupira bruyamment pour évacuer sa frustration.
- Bon.
Il inspira profondément et reporta toute sa concentration sur le menu. C’était assez impressionnant à voir quand on s’attardait sur lui à ce moment-là : c’était comme si chacune des fonctions biologiques inutiles aux choix de son plat était désactivée. Pas de clignement d'œil, de mouvement autre que son doigt qui parcourait la tablette, une respiration lente et maîtrisée, un visage stoïque et incroyablement concentré, ne laissant paraître qu’une intense réflexion.
Et intense, elle l’était, sa réflexion. Terrine ou tagliatelle. Terrine. Ou. Tagliatelle. Dans la tête du Mech, deux armées se faisaient face. D’un côté du champ de bataille, la Horde de la Terrine, montant leurs valeureux sangliers de combat. De l'autre, les agiles troupes de l’Empire des Tagliatelles, armées de leurs lance-poireaux et de leurs trébuchets à œuf mollet. Certes, les honorables guerriers du royaume des pommes de terre roulées se tenaient prêts à intervenir, tout comme la modeste faction des Raviolis, mais aucun d'eux ne ferait le poids face aux deux autres mastodontes. Qui allait l'emporter ? La sauvagerie du goût de la Horde, ou la finesse de la texture de l’Empire. La princesse Tian, dont le comté était piétiné par toutes ses armées, se languissait de savoir. Le Mech, au milieu des rangées des soldats des deux nations, s’apprêtait à faire tomber son mouchoir pour démarrer les hostilités, quand il fut une nouvelle fois ramené à la réalité.
"Dîtes-moi, avez-vous déjà croisé un théri à tête de vache ?"
Il passa quelques secondes à comprendre la soudaine question... Un théri… À tête de vache ? Pourquoi ? D’où venait cette question ? Un étrange sentiment nostalgique et mélancolique s’empara alors de l’homme libre. Cette situation : le repas, la question naïve sortie de nulle part, l’innocence - apparente - de sa jeune interlocutrice. Cela le transportait des années en arrière, à une époque qu’il s’efforçait de ne plus se remémorer. Non pas parce qu’il y était esclave d’un système oppressant, mais parce que pour s’en sortir, il avait dû faire une croix sur bien des choses. Tout gain impliquait des pertes équivalentes. Sa liberté ultime, il la devait à un sacrifice ultime. Sacrifice qui refaisait métaphoriquement surface sous les traits d’Anita, malgré elle.
Le Mech laissa les armées s'affronter en arrière-plan, comme pour distraire son esprit des souffrances dont il venait de se souvenir.
"L'on m'eut raconté qu'il en existait. Taureau, vache, lapin même... "
Hm ? Un bien jeune esprit. Cette pensée n’avait rien d’un jugement, mais d’un constat assez commun. La jeunesse avait ce don de questionner et de s'émerveiller devant la nouveauté. C’était un cadeau de la nature, qui s’évaporait au fil des années. Peur et rejet prenaient ensuite le relais, créant ainsi tous les problèmes du monde.
Le Mech déchanta cependant quand elle alla au bout de sa pensée. Ce n’était vraiment le sujet sur lequel il voulait s’attarder pendant qu’une bataille décisive entre deux nations se jouait. Néanmoins, il pouvait sentir la curiosité sincère derrière la question. Il prit donc sur lui et ses envies personnels afin de sonder sérieusement sa mémoire à la recherche d’un théri bovin qu’il aurait rencontré. Il en avait vu des énormes, des minuscules, des quasi-humains, mais aucun bovin. Ou peut-être que si ? Impossible de s’en souvenir, tant son quotidien était riche en rencontres en tout genre.
- L’idée ne m’était jamais venue à l’esprit. Mais soit... Hm…
Il posa la tablette du menu sur la table en même temps que sa main valide. Étendant ses doigts, ses yeux se figèrent vers le haut, signe que sa matière grise connectait ses neurones de connaissance et d’imagination. Il finit par raccrocher Anita du regard pour lui développer les fruits de son analyse, le plus sérieusement du monde :
- Le théri est à moitié bœuf, mais il n’y a pas de peuple moitié bœuf. Il ne commet donc aucun impair envers eux, puisqu’ils n’existent pas. C’est sans doute plus un choix moral personnel qu’il devra faire. Accepterait-il de manger une espèce dont il est partiellement issu ? Et si oui, pourquoi se limiterait-il à “cette” moitié ? Après tout, sa deuxième moitié est humaine, et il n’y a pas non plus de peuple moitié humain. Il pourrait donc en manger sans problème, si sa conscience le lui permet.
Le Mech se frotta le menton en fronçant les sourcils. Il avait omis un détail qui le dérangeait, mais trouva assez vite une solution logique.
- Hm… Correction, il y a un peuple moitié humain, ce sont les autres théris. Qu’importe leur moitié animale, la base reste la même, ce qui en fait un groupe, une population, un peuple.
Satisfait, il résuma en souriant - et en parlant un peu fort.
- Donc pour résumer, les théris peuvent à la fois manger les espèces qui le composent, mais ils ne devraient pas se manger entre eux. N’importe quel théri peut manger une souris même s’il est à moitié rongeur. Par contre, il ne devrait pas manger un membre de son peuple. Comme ce ne sont pas des humains, mais des moitiés d’humain, ils peuvent donc nous manger sans problème.
Le bruit aigu d’une carafe d’eau se brisant au sol retentit dans les oreilles du Mech. À quelques mètres de lui, une théri aux allures félines le fixait, vraisemblablement offusquée par ses dernières déclarations. Confus et réalisant le poids de ses dernières phrases hors contexte, Le Mech s’excusa en rougissant de honte.
- D-Désolé ! C’était simplement une conjecture ! Euh… Une théorie ? Une théri-orie ? Haha… Héhé… Vous ne riez pas… Haha… Désolé.
Il se gratta derrière la tête, s’efforçant d’afficher une mine enjouée qui se voulait réconfortante et apaisante. Il sentait toutefois qu’il venait de se faire un ennemi, et que son plat risquait de contenir certainement un cocktail de ressentiment salivaire. L'employé se contenta - pour l’instant - de s’accroupir pour ramasser les morceaux de verre au sol, ne lui adressant que des regards en coin assassin.
Le Mech, quant à lui, se reconcentra sur la tablette pour valider son choix. Des tagliatelles. L’Empire avait gagné, la Horde était défaite. Il mangerait des tagliatelles, sans viande.
Quelques instants auparavant, Le Mech exécutait la demande de sa camarade de boustifaille du jour. D’un mouvement élégant et prompt, il pénétra dans le restaurant en humant les parfums s’y trouvant. Quel ravissement ! Ce n’était pas l’odeur des conserves fraîchement ouvertes ni des miettes de rouille qui y tombaient fatalement. Les effluves qu’il avait sentis un peu plus tôt n'étaient rien en comparaison. Là, il s'agissait de nourriture retravaillée, magnifiée, sublimée. Des mets communs remaniés pour flatter les palais, caresser les langues et combler les estomacs. Le summum de la culture de l’humanité se trouvait ici, dans l’un des derniers bastions culinaires du monde. Et Le Mech comptait bien en savourer chaque instant.
Le bougre s'assit avec une prestance surprenante. Droit comme un i, il s'empressa de saisir la serviette de table près de son assiette pour la déplier sur ses jambes. Bien que ce geste fût banal dans ce type d'établissement, il révélait les nombreux déjeuners et dîners d'affaires auxquels il avait dû assister dans sa vie antérieure. Il n’était pas un expert, mais il y avait appris - dans la douleur - à se servir des bonnes fourchettes, cuillères et verres, au bon moment. Si, en temps normal, il évitait sciemment de paraître aussi civilisé que quidam (au nom de sa sacro-sainte liberté et de son non-conformisme affirmé), il ne fit aucun cas des manières qu’il affichait à présent.
"Choisissez ce qui vous plaira..."
Obnubilé par ce qu’il allait ingérer, Le Mech avait oublié la raison officielle de sa présence, et même celle de son interlocutrice. Ce n’était pas par dédain ou par indifférence, loin de là, mais le rush de dopamine qui circulait actuellement dans son sang l’aveuglait légèrement. Malgré cela, il prit le temps de regarder autour de lui. Du monde, il y en avait, et du - prétendument - beau. Du travailleur au dragueur, du débauché au gourmet, du richard à celui qui mangeait en travaillant sur son écran, les profils présents étaient divers, mais loin d’être variés. Tous appartenaient à une certaine classe. Une classe d’aveugle, et ce n'était pas à cause d'un rush de dopamine, bien au contraire.
La tablette arriva sous le nez du Mech. Son monde s’écroula. Les ramens. SES ramens ! Où étaient ses ramens ? Ils y étaient. La veille, il avait distinctement senti l’odeur d’un bouillon d’Udon, suivi d’un bruit caractéristique de succion de nouille. Non, cela ne se pouvait pas. C’était impensable que le plat ne figurait pas sur la carte. Le sang du Mech se glaça lorsqu’il comprit ce qui n'allait pas. En haut de la tablette, il pouvait lire : “Menu du jour”. “Menu du jour”. “Menu du jour”, pensa-t-il.
“Menu du jour”.
Murmura-t-il.
- “Menu du jour”.
Se flagella-t-il. Muet face à la réalité, le Mech fixa son écran sans parvenir à le lire. Pas de ramens aujourd’hui. Restait-il des restes en cuisine ? Peu de chance : surdimensionner les ingrédients et les provisions était un luxe par les temps qui couraient, même pour un restaurant de luxe. Dans ce cas, était-il trop tard pour changer d’établissement ? Oui, certainement. Il était déjà assis et le service avait commencé. Le Mech soupira bruyamment pour évacuer sa frustration.
- Bon.
Il inspira profondément et reporta toute sa concentration sur le menu. C’était assez impressionnant à voir quand on s’attardait sur lui à ce moment-là : c’était comme si chacune des fonctions biologiques inutiles aux choix de son plat était désactivée. Pas de clignement d'œil, de mouvement autre que son doigt qui parcourait la tablette, une respiration lente et maîtrisée, un visage stoïque et incroyablement concentré, ne laissant paraître qu’une intense réflexion.
Et intense, elle l’était, sa réflexion. Terrine ou tagliatelle. Terrine. Ou. Tagliatelle. Dans la tête du Mech, deux armées se faisaient face. D’un côté du champ de bataille, la Horde de la Terrine, montant leurs valeureux sangliers de combat. De l'autre, les agiles troupes de l’Empire des Tagliatelles, armées de leurs lance-poireaux et de leurs trébuchets à œuf mollet. Certes, les honorables guerriers du royaume des pommes de terre roulées se tenaient prêts à intervenir, tout comme la modeste faction des Raviolis, mais aucun d'eux ne ferait le poids face aux deux autres mastodontes. Qui allait l'emporter ? La sauvagerie du goût de la Horde, ou la finesse de la texture de l’Empire. La princesse Tian, dont le comté était piétiné par toutes ses armées, se languissait de savoir. Le Mech, au milieu des rangées des soldats des deux nations, s’apprêtait à faire tomber son mouchoir pour démarrer les hostilités, quand il fut une nouvelle fois ramené à la réalité.
"Dîtes-moi, avez-vous déjà croisé un théri à tête de vache ?"
Il passa quelques secondes à comprendre la soudaine question... Un théri… À tête de vache ? Pourquoi ? D’où venait cette question ? Un étrange sentiment nostalgique et mélancolique s’empara alors de l’homme libre. Cette situation : le repas, la question naïve sortie de nulle part, l’innocence - apparente - de sa jeune interlocutrice. Cela le transportait des années en arrière, à une époque qu’il s’efforçait de ne plus se remémorer. Non pas parce qu’il y était esclave d’un système oppressant, mais parce que pour s’en sortir, il avait dû faire une croix sur bien des choses. Tout gain impliquait des pertes équivalentes. Sa liberté ultime, il la devait à un sacrifice ultime. Sacrifice qui refaisait métaphoriquement surface sous les traits d’Anita, malgré elle.
Le Mech laissa les armées s'affronter en arrière-plan, comme pour distraire son esprit des souffrances dont il venait de se souvenir.
"L'on m'eut raconté qu'il en existait. Taureau, vache, lapin même... "
Hm ? Un bien jeune esprit. Cette pensée n’avait rien d’un jugement, mais d’un constat assez commun. La jeunesse avait ce don de questionner et de s'émerveiller devant la nouveauté. C’était un cadeau de la nature, qui s’évaporait au fil des années. Peur et rejet prenaient ensuite le relais, créant ainsi tous les problèmes du monde.
Le Mech déchanta cependant quand elle alla au bout de sa pensée. Ce n’était vraiment le sujet sur lequel il voulait s’attarder pendant qu’une bataille décisive entre deux nations se jouait. Néanmoins, il pouvait sentir la curiosité sincère derrière la question. Il prit donc sur lui et ses envies personnels afin de sonder sérieusement sa mémoire à la recherche d’un théri bovin qu’il aurait rencontré. Il en avait vu des énormes, des minuscules, des quasi-humains, mais aucun bovin. Ou peut-être que si ? Impossible de s’en souvenir, tant son quotidien était riche en rencontres en tout genre.
- L’idée ne m’était jamais venue à l’esprit. Mais soit... Hm…
Il posa la tablette du menu sur la table en même temps que sa main valide. Étendant ses doigts, ses yeux se figèrent vers le haut, signe que sa matière grise connectait ses neurones de connaissance et d’imagination. Il finit par raccrocher Anita du regard pour lui développer les fruits de son analyse, le plus sérieusement du monde :
- Le théri est à moitié bœuf, mais il n’y a pas de peuple moitié bœuf. Il ne commet donc aucun impair envers eux, puisqu’ils n’existent pas. C’est sans doute plus un choix moral personnel qu’il devra faire. Accepterait-il de manger une espèce dont il est partiellement issu ? Et si oui, pourquoi se limiterait-il à “cette” moitié ? Après tout, sa deuxième moitié est humaine, et il n’y a pas non plus de peuple moitié humain. Il pourrait donc en manger sans problème, si sa conscience le lui permet.
Le Mech se frotta le menton en fronçant les sourcils. Il avait omis un détail qui le dérangeait, mais trouva assez vite une solution logique.
- Hm… Correction, il y a un peuple moitié humain, ce sont les autres théris. Qu’importe leur moitié animale, la base reste la même, ce qui en fait un groupe, une population, un peuple.
Satisfait, il résuma en souriant - et en parlant un peu fort.
- Donc pour résumer, les théris peuvent à la fois manger les espèces qui le composent, mais ils ne devraient pas se manger entre eux. N’importe quel théri peut manger une souris même s’il est à moitié rongeur. Par contre, il ne devrait pas manger un membre de son peuple. Comme ce ne sont pas des humains, mais des moitiés d’humain, ils peuvent donc nous manger sans problème.
Le bruit aigu d’une carafe d’eau se brisant au sol retentit dans les oreilles du Mech. À quelques mètres de lui, une théri aux allures félines le fixait, vraisemblablement offusquée par ses dernières déclarations. Confus et réalisant le poids de ses dernières phrases hors contexte, Le Mech s’excusa en rougissant de honte.
- D-Désolé ! C’était simplement une conjecture ! Euh… Une théorie ? Une théri-orie ? Haha… Héhé… Vous ne riez pas… Haha… Désolé.
Il se gratta derrière la tête, s’efforçant d’afficher une mine enjouée qui se voulait réconfortante et apaisante. Il sentait toutefois qu’il venait de se faire un ennemi, et que son plat risquait de contenir certainement un cocktail de ressentiment salivaire. L'employé se contenta - pour l’instant - de s’accroupir pour ramasser les morceaux de verre au sol, ne lui adressant que des regards en coin assassin.
Le Mech, quant à lui, se reconcentra sur la tablette pour valider son choix. Des tagliatelles. L’Empire avait gagné, la Horde était défaite. Il mangerait des tagliatelles, sans viande.
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Le Mech
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Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
Qu'elle était mieux dans sa tour ! Les lignes épurées, ivoires, bleutées ou encore d'un gris perle, n'avaient rien à voir avec les immeubles impersonnels de la zone commerciale... Avant d'en venir à les haïr, petite, elle restait également éblouie par les façades en verre et de métal chromés que sa mère avait choisies d'installer dans son hall privé: posant ses paumes à plat avec application, concentrée un peu comme l'étaient les enfants qui se croyaient porteurs de pouvoirs, elle veillait toujours, d'abord, à vérifier que sa mère ne soit pas dans les parages (quatre-vingt pourcents du temps, celle-ci aurait piqué une crise pour ne plus la voir) alors, une fois certaine d'être seule, elle laissait glisser ses petites mains sur la surface : qui brillait comme du satin ! Qui dessinait des vagues comme thermochromes ! Et ses yeux émerveillés s'y reflétaient parfois...
En dehors du Lys, elle n'y trouvait rien d'enchanteur. Le mouvement de la ville lui paraissait crasseux et bedonnant. Ca, et cette manie chez les gens d'espérer des places auxquelles ils n'étaient pas prédestinés. Mais comment dire... comment expliquer : elle fut vraiment prise au dépourvue quand l'homme, très composé maintenant, reposait sa tablette, comme s'il s'apprêtait à citer les intrications du cours de la bourse et leur incidence sur leur repas. Elle se retint de pouffer. Anita aimait s'amuser, qu'on lui laisse ce droit, elle aurait tout autant savouré sa confusion. Mais non, il s'appliquait, avec une diligence née ! Autour d'eux, dans un périmètre de trois tables, le niveau sonore avait baissé : les gens de ce restaurant ne devaient pas discuter de choses aussi singulières. Anita l'écoutait, le regard pétillant, divertie.
Quand la théri lâcha le broc, et que le Mech piqua un fard, il y eut même une dame à leur gauche pour poser une main sur sa poitrine, comme si cet l'homme l'avait personnellement agressée par les mots. Anita éclata de rire.
On la regarda, surpris, elle et la serveuse théri, puis le verre brisé au sol, mais Anita ne les remarquait pas. S'essuyant le coin de l'oeil, elle rasséna son fou rire comme le ferait une enfant, en hoquetant à moitié. Vraiment, elle n'en avait jamais croisé des pareils... il était à la fois sérieux, sûr de lui et d'une maladresse légendaire ! Elle mourrait d'envie de lui demander ce qu'il avait choisi, mais s'efforça de garder la surprise, avec, sans viande, toutes ces manies de ne pas manger les autres... c'est que, suivant sa logique, n'aurait-on pas pu cuisiner du ragout de théri et le leur servir ? Après tout...
Elle tapota la table de sa paume.
"Je vais être honnête avec vous. Je pensais m'ennuyer de cette rencontre. Le monde du business est affreux de faux-semblant, une mauvaise pièce de théâtre... si jamais vous avez assisté à l'une d'entres elles ?"
Avec un sourire sans malice, elle rattrapa sa serviette pour la déplier sur ses jambes, n'ayant aucune considération pour la théri qui ramassait les dégâts : c'est presque comme si elle n'existait pas à ses yeux... Tout ce à quoi elle pensait, c'était le surprenant contraste de cette plèbe : elle était à la fois dénuée de finesse, mais beaucoup plus égayante que les rares quidams du Lys croisés, qui allongeaient leurs expériences ronflantes... C'était donc ça dont Enor lui avait parlé ? La complexité des profils humains ? Inspirant un peu, elle lissa sa serviette, appréciant la géométrie parallèle des bords du tissu... Une idée tournoyait dans son esprit. Il n'était pas question d'en parler de suite. Son père ne le permettrait pas, et elle-même ne se figurait pas pourquoi elle se sentait prise d'un besoin soudain d'en connaître plus de ce dehors qu'elle exécrait tant...
"Maintenant que nous avons commandé, et que je connais les différents régimes alimentaires inter-espèces... Il me faut vous poser une question plus terre à terre. Sauriez-vous m'avouer qui vous êtes dans la vie, "Le Mech" ?" Elle releva ses yeux d'un bleu pâle. "Dans l'univers des transactions que j'étudiais de loin, j'ai trouvé deux profils récurrents. Ceux qui font l'effort de jouer un rôle. Croyez-le ou non... mais cette manie de se façonner une identité est le comportement le plus commun... et le plus pratique. De la sorte(souligna-t-elle, allant lui servir un verre d'eau, avant de se servir à son tour, par des gestes appliqués) on peut devenir celui que l'on souhaite, au regard de soi et des autres, et s'adapter en conséquence... c'est assez rassurant, ce bouclier d'apparat, dans un monde qui ne se soucis que des froides équations boursières... Mais cela, les gens extérieurs ne le comprennent pas, cette carapace par besoin de se préserver... Et puis, il y a ceux qui ne cherchent pas à changer, mais laissent plutôt le monde les manier dans l'espoir même d'en modifier sa structure : un exercice compliqué, rebutant et parfois destructeur, un peu comme une couverture qui, très au fait de sa nature, apprendrait à s'étirer, pour s'enrouler autour d'une sphère. L'homme a toujours préféré modeler son image pour en créer son monde, au lieu d'accepter l'image que le monde lui aurait attribué à la naissance. Le refus de sa condition. Je ne le critique pas. C'est parce qu'une majorité de personnes choisissent la première option que nous pouvons aujourd'hui jouir d'un bon repas sous la protection d'un dôme... Mais parfois, je vous l'avoue, je me demande ce qu'il serait advenu si nous avions agi différemment..." devenue songeuse, elle raccrocha son regard sur lui "Navrée, je m'égare." Elle s'excusa avec un sourire. Il y avait toujours la séparation de la table, une délimitation pratique, plus qu'adéquate, et ce moment, d'abord exercice protocolaire, puis corvée, qui dérivait maintenant vers la bonne surprise : ce Mech avait un profil distrayant. Elle se radossa à sa chaise, et joua un peu de ses épaules, qu'elle sentait endolories : quelques blessures de la veille...
"Vous êtes venu à moi, et je suis venue à vous, chacun dans un but précis. Mais j'aime autant savoir si nous devons nous conformer au jeu du paraître, ou si nous pouvons disposer librement de nos pensées. Je ne vous le cacherai pas, je préfère éviter les artifices dès que j'en ai l'occasion. Le problème, c'est que cette occasion ne m'est pas souvent donnée : il me plairait de savoir ce qui vous intéresse quant aux rachats de ces actions, et dans quelle condition... avez-vous besoin d'argent ?" Elle lui offrit un regard éloquent, presque comme si elle l'encourageait avec toute la réserve et la politesse qui convenait à son âge, comme si c'était en ses termes à lui qu'elle se pliait ; ici, elle ne feignait pas.
@Le Mech
En dehors du Lys, elle n'y trouvait rien d'enchanteur. Le mouvement de la ville lui paraissait crasseux et bedonnant. Ca, et cette manie chez les gens d'espérer des places auxquelles ils n'étaient pas prédestinés. Mais comment dire... comment expliquer : elle fut vraiment prise au dépourvue quand l'homme, très composé maintenant, reposait sa tablette, comme s'il s'apprêtait à citer les intrications du cours de la bourse et leur incidence sur leur repas. Elle se retint de pouffer. Anita aimait s'amuser, qu'on lui laisse ce droit, elle aurait tout autant savouré sa confusion. Mais non, il s'appliquait, avec une diligence née ! Autour d'eux, dans un périmètre de trois tables, le niveau sonore avait baissé : les gens de ce restaurant ne devaient pas discuter de choses aussi singulières. Anita l'écoutait, le regard pétillant, divertie.
Quand la théri lâcha le broc, et que le Mech piqua un fard, il y eut même une dame à leur gauche pour poser une main sur sa poitrine, comme si cet l'homme l'avait personnellement agressée par les mots. Anita éclata de rire.
On la regarda, surpris, elle et la serveuse théri, puis le verre brisé au sol, mais Anita ne les remarquait pas. S'essuyant le coin de l'oeil, elle rasséna son fou rire comme le ferait une enfant, en hoquetant à moitié. Vraiment, elle n'en avait jamais croisé des pareils... il était à la fois sérieux, sûr de lui et d'une maladresse légendaire ! Elle mourrait d'envie de lui demander ce qu'il avait choisi, mais s'efforça de garder la surprise, avec, sans viande, toutes ces manies de ne pas manger les autres... c'est que, suivant sa logique, n'aurait-on pas pu cuisiner du ragout de théri et le leur servir ? Après tout...
Elle tapota la table de sa paume.
"Je vais être honnête avec vous. Je pensais m'ennuyer de cette rencontre. Le monde du business est affreux de faux-semblant, une mauvaise pièce de théâtre... si jamais vous avez assisté à l'une d'entres elles ?"
Avec un sourire sans malice, elle rattrapa sa serviette pour la déplier sur ses jambes, n'ayant aucune considération pour la théri qui ramassait les dégâts : c'est presque comme si elle n'existait pas à ses yeux... Tout ce à quoi elle pensait, c'était le surprenant contraste de cette plèbe : elle était à la fois dénuée de finesse, mais beaucoup plus égayante que les rares quidams du Lys croisés, qui allongeaient leurs expériences ronflantes... C'était donc ça dont Enor lui avait parlé ? La complexité des profils humains ? Inspirant un peu, elle lissa sa serviette, appréciant la géométrie parallèle des bords du tissu... Une idée tournoyait dans son esprit. Il n'était pas question d'en parler de suite. Son père ne le permettrait pas, et elle-même ne se figurait pas pourquoi elle se sentait prise d'un besoin soudain d'en connaître plus de ce dehors qu'elle exécrait tant...
"Maintenant que nous avons commandé, et que je connais les différents régimes alimentaires inter-espèces... Il me faut vous poser une question plus terre à terre. Sauriez-vous m'avouer qui vous êtes dans la vie, "Le Mech" ?" Elle releva ses yeux d'un bleu pâle. "Dans l'univers des transactions que j'étudiais de loin, j'ai trouvé deux profils récurrents. Ceux qui font l'effort de jouer un rôle. Croyez-le ou non... mais cette manie de se façonner une identité est le comportement le plus commun... et le plus pratique. De la sorte(souligna-t-elle, allant lui servir un verre d'eau, avant de se servir à son tour, par des gestes appliqués) on peut devenir celui que l'on souhaite, au regard de soi et des autres, et s'adapter en conséquence... c'est assez rassurant, ce bouclier d'apparat, dans un monde qui ne se soucis que des froides équations boursières... Mais cela, les gens extérieurs ne le comprennent pas, cette carapace par besoin de se préserver... Et puis, il y a ceux qui ne cherchent pas à changer, mais laissent plutôt le monde les manier dans l'espoir même d'en modifier sa structure : un exercice compliqué, rebutant et parfois destructeur, un peu comme une couverture qui, très au fait de sa nature, apprendrait à s'étirer, pour s'enrouler autour d'une sphère. L'homme a toujours préféré modeler son image pour en créer son monde, au lieu d'accepter l'image que le monde lui aurait attribué à la naissance. Le refus de sa condition. Je ne le critique pas. C'est parce qu'une majorité de personnes choisissent la première option que nous pouvons aujourd'hui jouir d'un bon repas sous la protection d'un dôme... Mais parfois, je vous l'avoue, je me demande ce qu'il serait advenu si nous avions agi différemment..." devenue songeuse, elle raccrocha son regard sur lui "Navrée, je m'égare." Elle s'excusa avec un sourire. Il y avait toujours la séparation de la table, une délimitation pratique, plus qu'adéquate, et ce moment, d'abord exercice protocolaire, puis corvée, qui dérivait maintenant vers la bonne surprise : ce Mech avait un profil distrayant. Elle se radossa à sa chaise, et joua un peu de ses épaules, qu'elle sentait endolories : quelques blessures de la veille...
"Vous êtes venu à moi, et je suis venue à vous, chacun dans un but précis. Mais j'aime autant savoir si nous devons nous conformer au jeu du paraître, ou si nous pouvons disposer librement de nos pensées. Je ne vous le cacherai pas, je préfère éviter les artifices dès que j'en ai l'occasion. Le problème, c'est que cette occasion ne m'est pas souvent donnée : il me plairait de savoir ce qui vous intéresse quant aux rachats de ces actions, et dans quelle condition... avez-vous besoin d'argent ?" Elle lui offrit un regard éloquent, presque comme si elle l'encourageait avec toute la réserve et la politesse qui convenait à son âge, comme si c'était en ses termes à lui qu'elle se pliait ; ici, elle ne feignait pas.
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une fois par mission/topic, l'objet permet de communiquer avec un partenaire à distance, en toute sécurité (pas d'interception possible par les ennemis/forces de l'ordre)
PLANEUR
Appareil imitant la forme d'un oiseau, filme une zone jusqu'à une altitude de 1000mètres qu'il envoie vers le boitier holographique du possesseur. (par temps peu brumeux, patrouille depuis les airs - hors Lys et plateformes)
CAPE THERMO-INVISIBLE
Permet de se confondre dans le paysage tout en absorbant la chaleur du corps - invisible donc des lunettes de vision nocturne. (une fois par topic/mission, permet d'esquiver un adversaire/les forces de l'ordre (limite de 3 personnes).)
Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
Honte. C’était le sentiment qui avait envahi l’esprit du Mech. S’il savait que son lui idéal ne s’en voudrait pas d’avoir offensé quelqu’un, son lui actuel ne pouvait pas s’empêcher de s’en vouloir. Occupant soudainement moins de place qu’à l’accoutumée, le grisonnant décida qu’il serait mieux pour tout le monde qu’il garde le volume de sa voix comme son regard : bas. Bien sûr, il pensa à aider la théri à ramasser les débris de verre, mais il ne put faire un geste, conscient que ses actions seraient épiées de tous. Il soupira intérieurement : son rêve de repas grandiose avait déjà pris du plomb dans l’aile, alors que sa commande n’avait certainement pas été consultée par la cuisine. Il ne restait plus qu’un plan de viable : manger et déguerpir le plus loin possible.
"Je vais être honnête avec vous. Je pensais m'ennuyer de cette rencontre. Le monde du business est affreux de faux-semblant, une mauvaise pièce de théâtre... si jamais vous avez assisté à l'une d'entre elles ?"
Ramené à la réalité par la question de la jeune femme, Le Mech haussa - légèrement - un sourcil d’incompréhension.
- Vous ennuyez ? À votre âge ?
Demanda-t-il, en prenant soin de ne pas trop élever la voix et sans s’attendre à une réponse.
Tout comme la question sur les théris, c’était une nouvelle association de concept qui venait de se faire dans la tête du Mech. Condamné à un jeune âge, il avait passé son adolescence en tant que forçat. L’ennui n’existait pas à cette époque. Seulement le travail, la fatigue, les regrets et les fantasmes d’un autre chemin. Un univers alternatif où, au même moment, il était un riche jeune homme entouré par une famille aimante. Épanoui et heureux, il aurait passé chaque seconde de son existence auprès de ses proches, si bien que dans cette vie non plus, il ne se serait pas ennuyé. Pure fantaisie ? Évidemment, mais une fantaisie nécessaire à sa survie. Peut-être était-ce justement pour tromper l’ennui ? La question resterait interdite à son esprit.
Laissant le sujet de côté, Le Mech écouta attentivement son interlocutrice du jour.
“Maintenant que nous avons commandé, et que je connais les différents régimes alimentaires inter-espèces…”
Un sourire fort aigre-doux. Oui, il trouvait la remarque amusante. Non, il ne l'appréciait pas.
“Il me faut vous poser une question plus terre à terre. Sauriez-vous m'avouer qui vous êtes dans la vie, "Le Mech" ?"”
En temps normal, il aurait répondu le plus simplement possible : une esbroufe pour en dire le moins possible sur lui-même, accompagné d’un trait d’humour grinçant qu’il utiliserait pour une transition vers un autre thème. Mais les récents évènements avec la théri, ainsi que le contenu du discours qui suivit, le tinrent dans la conversation.
La stupéfaction était au rendez-vous. Endormi par la jeunesse en face de lui, le réveil de l’analyse froide et austère du monde d’Anita le réveilla. Deux types de personnes ? Des faussaires de personnalité et des influencés ? Tant d’arguments suivirent soudainement que Le Mech ne put s’empêcher d'afficher un visage de pure incrédulité et de rejet, les yeux grands ouverts et les sourcils froncés, comme s'il refusait d'accepter le sens de ce qu'il venait d'entendre. Il la laissa cependant continuer, sans l’interrompre.
Lorsqu’il put lui répondre, il finit d’une traite l’eau offerte, avec une idée derrière la tête. Il posa le verre au milieu de la table, incitant la jeune femme à l’observer.
- Ce verre est vide ?
Il n’attendit pas de réponse pour enchaîner.
- La réponse est un non fini : de l’air, des traces d’eau, des atomes, des micr-...
Un serveur passa derrière lui au même moment où il allait insinuer que la vaisselle était remplie de microbe.
- …-osmes d’entités indéfinies sont à l’intérieur… Ahum. Bref, la nature fait que ce verre ne sera jamais vide. Pourtant, “oui” était admis à ma question, car ma question n’était pas assez précise. Je parlais des entités physiques à l’intérieur ? Ou simplement de l’absence de liquide ? Avec un raisonnement fermé, il n’y a que deux choix possibles, et avec une question mal formulée, les deux peuvent être la bonne réponse.
Le Mech se versa un verre d’eau, non sans servir Anita si cette dernière avait terminé le sien.
- Je ne suis clairement pas d’accord avec votre séparation des êtres humains. Pour moi, il s’agit d’une réponse à une question mal formulée. Laquelle ? Je ne peux pas deviner, mais les questions sont généralement là pour tenter de rationaliser quelque chose, ou à minima pour combler un manque de connaissance sur un sujet. Vu la réponse, vous cherchiez à expliquer le comportement de nos pairs. À cela, je n’ai pas de réponse ; pour être franc, je me cherche moi-même, et je l’ai fait tout au long de ma vie, plus ou moins consciemment. Le paraître ne m’intéresse pas.
Il prit une gorgée d’eau, suivant du coin de l'œil la théri qu’il avait offensé un peu plus tôt.
- Presque pas. Mais admettons que vous avez raison et que le monde se scinde bien dans ces deux catégories. Il manque un élément clé : qu’est-ce qui pousse une personne vers l’une ou l'autre catégorie ? D’instinct, je suis tenté de dire “la société”, “la recherche du bonheur”, “le sens de l’honneur” ou encore “le besoin d’être accepter”. Mais aucune de ces réponses ne me va vraiment. Et puis, ce sont des généralités.
Allait-il trop loin ? La question lui traversa l’esprit, mais il l’ignora. Son auditoire solitaire semblait très lettré et curieux, beaucoup plus que lui à bien des égards, devinait-il.
- Alors, si on ne peut pas parler pour tous, on parle pour soi. Qu’est-ce qui me pousserait à aller dans l’une des catégories… Hm, ou plutôt, vu mon âge, dans laquelle je suis en ce moment ?
Le Mech grimaça. Pendant la grande majorité de sa vie, il avait donné la patte lorsqu’on lui demandait, et dans l’autre, il s’efforçait de se considérer libre et sans attache. Bref, sa vie tombait parfaitement dans le récit d’Anita, à tel point qu’il s’en agaça.
- Je dirais la première, mais, et c’est là qu’on arrive à la limite de ces deux choix. Car si j’y suis, c’est pour des raisons totalement différentes d’un besoin de protection ou pour un sentiment d’appartenance. Au contraire, je cherche à tracer mon chemin en me faisant violence et ne cédant pas à la facilité. C’est un rôle que je joue, car je sais qu’il serait plus confortable de se plier au script de la pièce de théâtre. Pourtant, je m’y refuse, car cela me prive de ce que je veux le plus : la liberté. Ma liberté.
Satisfait de sa conclusion - peut être hâtive -, le Mech termina son verre d’eau.
- Voilà ce qui me pousserait à choisir une catégorie plutôt que l’autre, et voilà qui je suis : un chercheur et un préservateur de ma liberté. Ne la menacez pas, et nous pourrons nous parler franchement.
Conclua-t-il, non sans servir sa rangée de dents jaunies, mais propres. Évidemment, sa dernière phrase était loin d’être une menace, bien qu’elle aurait facilement pu en passer pour une. Il avait aussi délibérément décidé de ne pas répondre à la plupart des questions qu’Anita lui avait adressées, jugeant que l’échange qui allait avoir lieu allait être beaucoup, beaucoup plus intéressant.
@Anita
"Je vais être honnête avec vous. Je pensais m'ennuyer de cette rencontre. Le monde du business est affreux de faux-semblant, une mauvaise pièce de théâtre... si jamais vous avez assisté à l'une d'entre elles ?"
Ramené à la réalité par la question de la jeune femme, Le Mech haussa - légèrement - un sourcil d’incompréhension.
- Vous ennuyez ? À votre âge ?
Demanda-t-il, en prenant soin de ne pas trop élever la voix et sans s’attendre à une réponse.
Tout comme la question sur les théris, c’était une nouvelle association de concept qui venait de se faire dans la tête du Mech. Condamné à un jeune âge, il avait passé son adolescence en tant que forçat. L’ennui n’existait pas à cette époque. Seulement le travail, la fatigue, les regrets et les fantasmes d’un autre chemin. Un univers alternatif où, au même moment, il était un riche jeune homme entouré par une famille aimante. Épanoui et heureux, il aurait passé chaque seconde de son existence auprès de ses proches, si bien que dans cette vie non plus, il ne se serait pas ennuyé. Pure fantaisie ? Évidemment, mais une fantaisie nécessaire à sa survie. Peut-être était-ce justement pour tromper l’ennui ? La question resterait interdite à son esprit.
Laissant le sujet de côté, Le Mech écouta attentivement son interlocutrice du jour.
“Maintenant que nous avons commandé, et que je connais les différents régimes alimentaires inter-espèces…”
Un sourire fort aigre-doux. Oui, il trouvait la remarque amusante. Non, il ne l'appréciait pas.
“Il me faut vous poser une question plus terre à terre. Sauriez-vous m'avouer qui vous êtes dans la vie, "Le Mech" ?"”
En temps normal, il aurait répondu le plus simplement possible : une esbroufe pour en dire le moins possible sur lui-même, accompagné d’un trait d’humour grinçant qu’il utiliserait pour une transition vers un autre thème. Mais les récents évènements avec la théri, ainsi que le contenu du discours qui suivit, le tinrent dans la conversation.
La stupéfaction était au rendez-vous. Endormi par la jeunesse en face de lui, le réveil de l’analyse froide et austère du monde d’Anita le réveilla. Deux types de personnes ? Des faussaires de personnalité et des influencés ? Tant d’arguments suivirent soudainement que Le Mech ne put s’empêcher d'afficher un visage de pure incrédulité et de rejet, les yeux grands ouverts et les sourcils froncés, comme s'il refusait d'accepter le sens de ce qu'il venait d'entendre. Il la laissa cependant continuer, sans l’interrompre.
Lorsqu’il put lui répondre, il finit d’une traite l’eau offerte, avec une idée derrière la tête. Il posa le verre au milieu de la table, incitant la jeune femme à l’observer.
- Ce verre est vide ?
Il n’attendit pas de réponse pour enchaîner.
- La réponse est un non fini : de l’air, des traces d’eau, des atomes, des micr-...
Un serveur passa derrière lui au même moment où il allait insinuer que la vaisselle était remplie de microbe.
- …-osmes d’entités indéfinies sont à l’intérieur… Ahum. Bref, la nature fait que ce verre ne sera jamais vide. Pourtant, “oui” était admis à ma question, car ma question n’était pas assez précise. Je parlais des entités physiques à l’intérieur ? Ou simplement de l’absence de liquide ? Avec un raisonnement fermé, il n’y a que deux choix possibles, et avec une question mal formulée, les deux peuvent être la bonne réponse.
Le Mech se versa un verre d’eau, non sans servir Anita si cette dernière avait terminé le sien.
- Je ne suis clairement pas d’accord avec votre séparation des êtres humains. Pour moi, il s’agit d’une réponse à une question mal formulée. Laquelle ? Je ne peux pas deviner, mais les questions sont généralement là pour tenter de rationaliser quelque chose, ou à minima pour combler un manque de connaissance sur un sujet. Vu la réponse, vous cherchiez à expliquer le comportement de nos pairs. À cela, je n’ai pas de réponse ; pour être franc, je me cherche moi-même, et je l’ai fait tout au long de ma vie, plus ou moins consciemment. Le paraître ne m’intéresse pas.
Il prit une gorgée d’eau, suivant du coin de l'œil la théri qu’il avait offensé un peu plus tôt.
- Presque pas. Mais admettons que vous avez raison et que le monde se scinde bien dans ces deux catégories. Il manque un élément clé : qu’est-ce qui pousse une personne vers l’une ou l'autre catégorie ? D’instinct, je suis tenté de dire “la société”, “la recherche du bonheur”, “le sens de l’honneur” ou encore “le besoin d’être accepter”. Mais aucune de ces réponses ne me va vraiment. Et puis, ce sont des généralités.
Allait-il trop loin ? La question lui traversa l’esprit, mais il l’ignora. Son auditoire solitaire semblait très lettré et curieux, beaucoup plus que lui à bien des égards, devinait-il.
- Alors, si on ne peut pas parler pour tous, on parle pour soi. Qu’est-ce qui me pousserait à aller dans l’une des catégories… Hm, ou plutôt, vu mon âge, dans laquelle je suis en ce moment ?
Le Mech grimaça. Pendant la grande majorité de sa vie, il avait donné la patte lorsqu’on lui demandait, et dans l’autre, il s’efforçait de se considérer libre et sans attache. Bref, sa vie tombait parfaitement dans le récit d’Anita, à tel point qu’il s’en agaça.
- Je dirais la première, mais, et c’est là qu’on arrive à la limite de ces deux choix. Car si j’y suis, c’est pour des raisons totalement différentes d’un besoin de protection ou pour un sentiment d’appartenance. Au contraire, je cherche à tracer mon chemin en me faisant violence et ne cédant pas à la facilité. C’est un rôle que je joue, car je sais qu’il serait plus confortable de se plier au script de la pièce de théâtre. Pourtant, je m’y refuse, car cela me prive de ce que je veux le plus : la liberté. Ma liberté.
Satisfait de sa conclusion - peut être hâtive -, le Mech termina son verre d’eau.
- Voilà ce qui me pousserait à choisir une catégorie plutôt que l’autre, et voilà qui je suis : un chercheur et un préservateur de ma liberté. Ne la menacez pas, et nous pourrons nous parler franchement.
Conclua-t-il, non sans servir sa rangée de dents jaunies, mais propres. Évidemment, sa dernière phrase était loin d’être une menace, bien qu’elle aurait facilement pu en passer pour une. Il avait aussi délibérément décidé de ne pas répondre à la plupart des questions qu’Anita lui avait adressées, jugeant que l’échange qui allait avoir lieu allait être beaucoup, beaucoup plus intéressant.
@Anita
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Le Mech
Murmure de Rue
biens débloqués
Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
Elle l'écoutait, et à mesure qu'elle l'écoutait elle hochait de la tête, comme si elle déplorait ses explications autant qu'elle songeait à sa vision... Sa main alla jouer avec le verre d'eau qu'il lui avait rempli de nouveau, le faisant tourner sur lui-même, d'un côté, puis de l'autre.
Pas un mot, rien. Juste l'attente. Finalement une grimace contrite, à croire qu'elle était désolée de ne pouvoir regarder à travers ses yeux, mais aussi, comme si ses paroles auto-validaient l'idée qu'elle s'était faite au sujet de cet énergumène, et qu'elle le regrettait peut-être un peu...
"Personnellement... Je trouve l'allégorie du verre d'eau parfaite pour illustrer une théorie... ou d'autres encore, telle que la vôtre, ou la mienne avec ce monde qu'on façonne. Autrement, nous devrions mesurer le contenu de tous vos termes et des miens... et parmi eux la liberté : disposez-vous de vos biens et de votre personne en toute autonomie ? Ou bien est-ce plutôt que vous avez décidé de prendre votre vie en main ? Mais est-ce vraiment cela la liberté ...? " "
Elle le stoppa d'une main, pour lui faire amende honorable.
"Je m'excuse si vous n'aviez pas saisi l'aspect métaphorique de ma question. J'espère, pour ma part, avoir compris où vous vouliez en venir. Le droit de disposer de sa vie comme on l'entend... Plus ou moins."
"Les oiseaux sous ce dôme, ceux la ne feignent pas... Mais les hommes et leur cerveau prétendument complexe... (elle mima de la main, comme très las de cet état de fait) adorent se sentir uniques. Avez-vous jamais entendu parler de l'âne de Buridan ? C'est une théorie intéressante ... elle me plaît assez. " ses prunelles s'accrochaient au lueur du verre : au travers, elle continuait d'en observer les convives au loin. Ceux-ci croisèrent alors son regard. Un petit sourire dessina ses lèvres.
"Beaucoup de mes confrères et consoeurs, eux non plus, ne partagent pas ma façon de penser... C'est qu'elle se heurte à un système ultralibéral. Privatiser ses affaires, c'est être libre d'en gérer son affaire. Chacun peut devenir son propre patron et tracer sa route. La notion du bien commun n'est alors plus qu'une valeur morale qu'on sera libre ou non de choisir... " elle tapota sa tempe, le regard plus grave "Mais très peu la choisissent. Libre à vous de penser que les facteurs du monde ont façonné les hommes à se comporter de la sorte, ou bien qu'ils en ont transformé le monde selon leur libre-arbitre. Mais imaginons que ces manies de manipuler, feindre et mentir dans un but personnel soient propres à la nature humaine, alors qu'est-ce cela signifierait : d'accepter ou non sa nature ... ? "
Elle haussa des épaules.
"La valeur des allégories m'est amusante ! La soif ou la faim, le monde qui façonne ou en façonner le monde... Elles permettent d'en imager le vide en tant que notion... alors nous pourrions dire que nous nous sentons "vides" quand bien même nous ne le serions pas, qui plus est après un bon repas. Mais j'admets que nous soyons en désaccord, j'aurais plutôt été surprise du contraire ! "
Doucement, ses yeux en retournèrent aux deux convives du fond de la pièce, qui, pour le coup, parlaient de façon bien moins naturelle.
Lorsqu'on leur servit les plats, elle n'avait pas perdu son engouement, semblait juste songeuse...
Se penchant un peu, elle finit par lui désigner discrètement l'homme et la femme qui discutaient au loin - il ne pourrait les voir qu'en se retournant sur son siège "Un brun et une rousse, tous deux les cheveux courts, à trois tables d'ici, ils sont là pour vous. " Elle se radossa, attrapa calmement ses couverts. "A la fin du repas, une fois dehors, ils viendront sûrement vous aborder pour vous demander combien je vous ai proposé, et combien ils sauraient vous offrir en retour."
Elle lui lança un coup d'oeil sérieux.
"Vos actions sont dans les faits dérisoires. Mais elles mettent à mal une sélection de titres dans ce fond commun..."
Sans trop de plaisir elle se mit à manger. Il lui semblait que ceux qui n'avaient jamais souffert de la faim étaient plus à même de manquer d'appétit.
"Qu'est-ce que vous voulez faire, le Mech ? Vous en délester ? " avoua-t-elle. "Mon père a ce rêve fou d'imaginer un Lys plus honnête. Mais le business nous modèle pour les transactions, et celles-ci demandent des compromis qui banalisent petit à petit les enjeux moraux. Les compromis... Je crains que nous en faisions tous... Bien sûr, et j'en suis la première fautive : il est plus agréable d'imaginer que nous le faisons pour une cause qui nous paraît noble... J'imagine, aussi, qu'il doit être plaisant de voir la liberté du monde du marché comme l'ennemi d'autres gens libres... à ce titre (avança-t-elle, enroulant ses tagliatelles comme on le lui avait appris -à l'aide de la cuillère- méditative) nous pouvons regarder la société selon une image d'oppresseurs et d'opprimés, là encore, séparer le monde en deux camps et nous sentir heureux d'être du "bon" côté... Moi, je préfère penser que l'homme avait le choix d'oeuvrer pour le bien commun mais qu'il a toujours préféré ne pas le faire... Huit mille ans que cette comédie se répète, à ce stade parler de hasard serait une insulte... qu'en pensez-vous, le Mech ? A moins que vous songiez qu'il existe deux types d'êtres humains ? C'est que je suis jeune, impulsive, et ne connais rien du monde en dehors des bases de données encyclopédiques..."
Dix-sept ans, et elle avait déjà l'air si fatiguée par toutes les lectures sur l'histoire des sociétés qu'on lui avait enfoncées dans le crâne depuis petite ; doutant de la véracité sur la moitié d'entre elles.
Voilà comment elle voyait le monde : Anita ne croyait pas au libre-arbitre, mais au déterminisme.
"Pas de viande, c'est un choix intéressant " finit-elle par murmurer avec un sourire absent. Anita, elle avait toujours détesté la viande.
@Le Mech
Pas un mot, rien. Juste l'attente. Finalement une grimace contrite, à croire qu'elle était désolée de ne pouvoir regarder à travers ses yeux, mais aussi, comme si ses paroles auto-validaient l'idée qu'elle s'était faite au sujet de cet énergumène, et qu'elle le regrettait peut-être un peu...
"Personnellement... Je trouve l'allégorie du verre d'eau parfaite pour illustrer une théorie... ou d'autres encore, telle que la vôtre, ou la mienne avec ce monde qu'on façonne. Autrement, nous devrions mesurer le contenu de tous vos termes et des miens... et parmi eux la liberté : disposez-vous de vos biens et de votre personne en toute autonomie ? Ou bien est-ce plutôt que vous avez décidé de prendre votre vie en main ? Mais est-ce vraiment cela la liberté ...? " "
Elle le stoppa d'une main, pour lui faire amende honorable.
"Je m'excuse si vous n'aviez pas saisi l'aspect métaphorique de ma question. J'espère, pour ma part, avoir compris où vous vouliez en venir. Le droit de disposer de sa vie comme on l'entend... Plus ou moins."
"Les oiseaux sous ce dôme, ceux la ne feignent pas... Mais les hommes et leur cerveau prétendument complexe... (elle mima de la main, comme très las de cet état de fait) adorent se sentir uniques. Avez-vous jamais entendu parler de l'âne de Buridan ? C'est une théorie intéressante ... elle me plaît assez. " ses prunelles s'accrochaient au lueur du verre : au travers, elle continuait d'en observer les convives au loin. Ceux-ci croisèrent alors son regard. Un petit sourire dessina ses lèvres.
"Beaucoup de mes confrères et consoeurs, eux non plus, ne partagent pas ma façon de penser... C'est qu'elle se heurte à un système ultralibéral. Privatiser ses affaires, c'est être libre d'en gérer son affaire. Chacun peut devenir son propre patron et tracer sa route. La notion du bien commun n'est alors plus qu'une valeur morale qu'on sera libre ou non de choisir... " elle tapota sa tempe, le regard plus grave "Mais très peu la choisissent. Libre à vous de penser que les facteurs du monde ont façonné les hommes à se comporter de la sorte, ou bien qu'ils en ont transformé le monde selon leur libre-arbitre. Mais imaginons que ces manies de manipuler, feindre et mentir dans un but personnel soient propres à la nature humaine, alors qu'est-ce cela signifierait : d'accepter ou non sa nature ... ? "
Elle haussa des épaules.
"La valeur des allégories m'est amusante ! La soif ou la faim, le monde qui façonne ou en façonner le monde... Elles permettent d'en imager le vide en tant que notion... alors nous pourrions dire que nous nous sentons "vides" quand bien même nous ne le serions pas, qui plus est après un bon repas. Mais j'admets que nous soyons en désaccord, j'aurais plutôt été surprise du contraire ! "
Doucement, ses yeux en retournèrent aux deux convives du fond de la pièce, qui, pour le coup, parlaient de façon bien moins naturelle.
Lorsqu'on leur servit les plats, elle n'avait pas perdu son engouement, semblait juste songeuse...
Se penchant un peu, elle finit par lui désigner discrètement l'homme et la femme qui discutaient au loin - il ne pourrait les voir qu'en se retournant sur son siège "Un brun et une rousse, tous deux les cheveux courts, à trois tables d'ici, ils sont là pour vous. " Elle se radossa, attrapa calmement ses couverts. "A la fin du repas, une fois dehors, ils viendront sûrement vous aborder pour vous demander combien je vous ai proposé, et combien ils sauraient vous offrir en retour."
Elle lui lança un coup d'oeil sérieux.
"Vos actions sont dans les faits dérisoires. Mais elles mettent à mal une sélection de titres dans ce fond commun..."
Sans trop de plaisir elle se mit à manger. Il lui semblait que ceux qui n'avaient jamais souffert de la faim étaient plus à même de manquer d'appétit.
"Qu'est-ce que vous voulez faire, le Mech ? Vous en délester ? " avoua-t-elle. "Mon père a ce rêve fou d'imaginer un Lys plus honnête. Mais le business nous modèle pour les transactions, et celles-ci demandent des compromis qui banalisent petit à petit les enjeux moraux. Les compromis... Je crains que nous en faisions tous... Bien sûr, et j'en suis la première fautive : il est plus agréable d'imaginer que nous le faisons pour une cause qui nous paraît noble... J'imagine, aussi, qu'il doit être plaisant de voir la liberté du monde du marché comme l'ennemi d'autres gens libres... à ce titre (avança-t-elle, enroulant ses tagliatelles comme on le lui avait appris -à l'aide de la cuillère- méditative) nous pouvons regarder la société selon une image d'oppresseurs et d'opprimés, là encore, séparer le monde en deux camps et nous sentir heureux d'être du "bon" côté... Moi, je préfère penser que l'homme avait le choix d'oeuvrer pour le bien commun mais qu'il a toujours préféré ne pas le faire... Huit mille ans que cette comédie se répète, à ce stade parler de hasard serait une insulte... qu'en pensez-vous, le Mech ? A moins que vous songiez qu'il existe deux types d'êtres humains ? C'est que je suis jeune, impulsive, et ne connais rien du monde en dehors des bases de données encyclopédiques..."
Dix-sept ans, et elle avait déjà l'air si fatiguée par toutes les lectures sur l'histoire des sociétés qu'on lui avait enfoncées dans le crâne depuis petite ; doutant de la véracité sur la moitié d'entre elles.
Voilà comment elle voyait le monde : Anita ne croyait pas au libre-arbitre, mais au déterminisme.
"Pas de viande, c'est un choix intéressant " finit-elle par murmurer avec un sourire absent. Anita, elle avait toujours détesté la viande.
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Lieu d'habitation : Nid de Coucou
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Anita
Réputé
Alias : Mastema
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ARBALÈTE Semi-automatisée
Possède lunette de visée et gâchette qui permet de tendre automatiquement la flèche puis de tirer : arme débloquée -- 8 tirs possibles.
SABRE (longue lame)
les longues lames sont produites en très rare quantité : Objet de collection, possibilité de gagner en estime auprès de certains PNJ du MJ.
LICENCE DE COMMERCE
Licence virtuelle qui atteste de son droit à posséder un commerce. (10% de réduction sur les achats d'objets peu communs de la boutique)
BRACELET DE COMMUNICATION
une fois par mission/topic, l'objet permet de communiquer avec un partenaire à distance, en toute sécurité (pas d'interception possible par les ennemis/forces de l'ordre)
PLANEUR
Appareil imitant la forme d'un oiseau, filme une zone jusqu'à une altitude de 1000mètres qu'il envoie vers le boitier holographique du possesseur. (par temps peu brumeux, patrouille depuis les airs - hors Lys et plateformes)
CAPE THERMO-INVISIBLE
Permet de se confondre dans le paysage tout en absorbant la chaleur du corps - invisible donc des lunettes de vision nocturne. (une fois par topic/mission, permet d'esquiver un adversaire/les forces de l'ordre (limite de 3 personnes).)
Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
Le Mech afficha un sourire crispé aux propos de la dame, peu avant que les plats soient servis. Des gens intelligents, il en avait croisé pas mal. Des policiers, des prisonniers, des collègues, des chefs, d’illustres sans-abris. Mais pour chacun d’entre eux, il avait pu estimer la distance qui le séparait intellectuellement d’eux. Ici, il avait du mal. Ou plutôt, l’idée de l’abysse de connaissance qui les séparait lui donnait tellement de vertige, qu’il ne savait pas comment gérer la situation. Trop d'informations, trop d'idées sur lesquelles il avait des avis qu’il ne pouvait pas formuler. Attention, ce n’était pas qu’il n’en avait pas le temps, mais il sentait qu’il n’en avait pas les moyens. Habitué à la philosophie de comptoir, tenir un vrai discours, sans donner l’impression de réfléchir à son contenu en temps réel - comme le faisait Anita -, cela lui paraissait impossible.
C’était simple, il se sentait soudainement idiot. Cela lui arrivait souvent, bien entendu, mais il avait rarement été jeté d’aussi haut. Il savait que les personnes de la haute avaient de quoi sustenter estomac et cerveau, mais de là à avoir accès à avoir les capacités de nourrir autant les esprits… Et un si jeune, qui plus était. Un sentiment inconnu s’empara alors du Mech. Des années plus tard, ce sentiment se muerait en rage silencieuse contre les élites limitant l’accès des ressources, mais pour l’instant, cela se rapprochait juste d’un sentiment primaire d’injustice teinté de jalousie.
Revenant à la réalité du moment, il n’afficha rien de ces récentes introspections. Il tenta de formuler une réponse cohérente, mais due s'en remettre à l’évidence.
- Vous m’avez l’air d’avoir eu beaucoup de temps et de ressource pour penser à tout cela. Au risque de passer pour un abruti encore plus abruti que je le suis, j’ai bien peur que la conversation se soit un peu trop élevée pour moi.
Gêné, il sourit de plus belle, comme un félin montre son ventre pour signifier qu’il est disposé à entamer un changement d’état.
- Votre âne m’est inconnu et, puisque nous pouvons parler franchement, j’ai l’impression d’en être un en ce moment.
Il ponctua sa phrase d’un petit rire, sans savoir que l’association qu’il venait de faire entre l’âne et lui-même était lourde de sens.
- Mais d’après ce que je peux comprendre de vos arguments, l’humanité semble être prise dans un cercle vicieux... Selon moi, aucun comportement n'est inné, tout est une question d'acquisition. En tout cas, en ce qui concerne les comportements sociaux et moraux. Je ne veux pas croire que nous naissons déjà prêts à mentir, trahir et n’attendant qu’à faire souffrir.
Il marqua une pause en voyant leurs assiettes être posées sur le comptoir, prêtes à être servies.
- On développe ces comportements... On nous les enseigne, ou bien nous les apprenons par nous-mêmes. Le dénominateur commun des deux options ? Hm, je dirais l’environnement. Mais si un homme est influencé par son environnement, il faudrait que cet environnement favorise l'épanouissement personnel pour qu'il puisse atteindre le bonheur. Mais, sous le dôme, ce n'est pas vraiment le cas. Alors, il faudrait changer l'environnement. Mais l'environnement est façonné par les générations précédentes, qui elles-mêmes ont été mal formées par leur propre environnement... Et le cycle continue.
Les assiettes entamèrent leur trajet, Anita annonça qu’il n’était pas du même avis.
- J’ai connu un bon nombre de personnages dans ma vie, et je peux voir quand quelqu’un a du pouvoir. Vous en avez, vous êtes trop détendu pour être à la merci des tracas du quotidien. Alors, dans votre position, comment vous y prendriez-vous pour changer votre environnement ? Choisirez-vous la faim ? La soif ? Ou l’indécision vous fera faire du surplace ?
Les assiettes furent alors servies.
Après l’éventuelle réponse d’Anita, le Mech s’empara d’une fourche miniature et s’empressa de goûter son plat. Premier avis : pas de salive détectée. Ceci dit, il n’y était pas particulièrement sensible et il se doutait bien qu’il ne pourrait pas déceler uniquement ses papilles. Il décida donc de repousser l’idée d’en ingérer, et se concentra sur les autres saveurs. Trop plat. Il manquait du peps, du sel, des similiépices. Certes, les arômes, parfums et textures étaient à des années-lumière des conserves, mais la satisfaction n’était pas là. Les avait-il trop idéalisés ? Était-ce là le summum de la culture humaine ? Peut-être parce que son estomac s’était déjà préparé à manger des ramens ? Ou peut-être qu’à force de manger des choses médiocres, il avait fini par y prendre goût. Cette pensée l'amusa : l’homme, influencé par son environnement.
À un moment, Anita attira l’attention du Mech sur deux clients du restaurant. Avec une grâce qui n’avait d’égale que son je-m'en-foutisme, il tourna l’échine rapidement pour identifier les cibles. Ces derniers semblaient passer un bon moment et ne donnaient pas l’air particulièrement intéressé par autre chose que leur conversation. Mais encore, ils pouvaient jouer la comédie, surtout que malgré le mouvement brusque du Mech pour les observer, aucun n’avait croisé son regard.
- Dérisoires ?
Répéta-t-il en se retournant. Son œil fut attiré par un minuscule morceau de verre au pied de sa table. Une idée vit le jour dans son esprit. Idée qui germa au fur et à mesure de la dernière tirade d’Anita. Le Mech nota tout de même que la véritable personne qui était intéressée par l’action était le père d’Anita et identifia chez elle une tendance à compartimenter les choses.
- Je vous rassure.
Commença-t-il.
- Vous devez être l’adolescente la plus mature que j’ai rencontrée dans ma vie… Ou du moins, facilement dans le top 2.
Cette dernière phrase fut teintée d’une certaine fierté.
- Je n’ai pas grand-chose à vous apporter, vous êtes à l’aube de votre vie... Plutôt un peu avant le zénith. Tout est nouveau et tout est à découvrir, mais par votre expérience. C’est beau d’avoir l’avis de hobereaux d'il y a des siècles, ils n’ont pas vos yeux et ne voient pas ce que vous voyez. Permettez-moi de vous faire faire un pas dans cette direction.
Le Mech engloutit une nouvelle bouchée des pâtes crémeuses et se leva, non sans attirer l’attention sur lui. Il chercha du regard la serveuse théri et, de manière brusque, l’incita à les rejoindre. Cette dernière fut d'abord extrêmement réfractaire à l’idée, mais sous l’insistance pressante du Mech et devant l’agitation qu’il causait, elle finit par céder et s'approcha de leur table. Il lui posa alors la main dans le dos.
- Anita, voici…
Il se tourna vers la serveuse. Surprise, elle bégaya.
D-Doréana !
- Doréana ! Doréana, combien gagnez-vous en travaillant ici ?
Encore plus surprise, la serveuse ne savait pas si elle devait répondre ou tenter de s’enfuir. Le Mech claqua ses doigts valides devant les yeux de la femme pour capter son attention.
- Entre 300 et 350 crédits, j’imagine !
L’invitée surprise acquiesça, confuse.
- Vous vivez seul ? Combien de personne dépendent de vous ? Une ? Deux ? Ça ne doit pas être facile. Eh bien Doréana, c’est peut être votre jour de chance.
Bien évidemment, tout cela n’était que supposition. La principale intéressée ne sut quoi dire, tandis que le Mech trépignait d’impatience.
- Anita, ces tagliatelles sont dégueulasses. Je suis désolé, je pensais manger des ramens en venant, et des tagliatelles, ça ne me satisfait pas.
Il se resservit, puis la bouche pleine continua.
- Je ne vais pas vous vendre l’action. En fait, je vais la vendre à deux personnes là-bas, à moitié prix.
Il pointa bien entendu les cibles brun et rousse de son discours avec sa fourchette.
- Enfin ça dépend, je vais peut-être juste conserver cette action jusqu’à ce qu’elle atteigne un prix plus intéressant. Après tout, plus vous réussissez en réunir, plus les morceaux restants prennent de la valeur. Je ne doute pas que d’ici une semaine, le prix de mes parts aura doublé. Ou alors je la garderai jusqu’à ma mort et je ferai en sorte qu’elle se perde. Je n’ai pas encore décidé.
Il ne retint pas un rire amusé.
- Tout va dépendre de vous, Anita. Transférez le prix de l’action au cours actuel à Doréana, et je la vendrais aux gentils couples. Vous pourrez alors tenter de leur racheter ; après tout, tout s’achète dans notre monde.
D’une discrétion ostentatoire, il chuchota ensuite le prix de l'action à la serveuse, qui déglutit de surprise. L'équivalent d'un bon trimestre de salaire pour elle. Il reprit ensuite.
- Ne faites rien, et j’en ferai de même. Vous pourrez retenter votre chance quand l’action aura atteint un prix qui me va, mais vous aurez le temps de passer votre zénith d'ici là, haha !
Bien évidemment, l’argent lui était totalement égal. Il sentait cependant qu’Anita était entourée de gens qui pensaient le contraire. Qu’allait-elle faire ?
@Anita
C’était simple, il se sentait soudainement idiot. Cela lui arrivait souvent, bien entendu, mais il avait rarement été jeté d’aussi haut. Il savait que les personnes de la haute avaient de quoi sustenter estomac et cerveau, mais de là à avoir accès à avoir les capacités de nourrir autant les esprits… Et un si jeune, qui plus était. Un sentiment inconnu s’empara alors du Mech. Des années plus tard, ce sentiment se muerait en rage silencieuse contre les élites limitant l’accès des ressources, mais pour l’instant, cela se rapprochait juste d’un sentiment primaire d’injustice teinté de jalousie.
Revenant à la réalité du moment, il n’afficha rien de ces récentes introspections. Il tenta de formuler une réponse cohérente, mais due s'en remettre à l’évidence.
- Vous m’avez l’air d’avoir eu beaucoup de temps et de ressource pour penser à tout cela. Au risque de passer pour un abruti encore plus abruti que je le suis, j’ai bien peur que la conversation se soit un peu trop élevée pour moi.
Gêné, il sourit de plus belle, comme un félin montre son ventre pour signifier qu’il est disposé à entamer un changement d’état.
- Votre âne m’est inconnu et, puisque nous pouvons parler franchement, j’ai l’impression d’en être un en ce moment.
Il ponctua sa phrase d’un petit rire, sans savoir que l’association qu’il venait de faire entre l’âne et lui-même était lourde de sens.
- Mais d’après ce que je peux comprendre de vos arguments, l’humanité semble être prise dans un cercle vicieux... Selon moi, aucun comportement n'est inné, tout est une question d'acquisition. En tout cas, en ce qui concerne les comportements sociaux et moraux. Je ne veux pas croire que nous naissons déjà prêts à mentir, trahir et n’attendant qu’à faire souffrir.
Il marqua une pause en voyant leurs assiettes être posées sur le comptoir, prêtes à être servies.
- On développe ces comportements... On nous les enseigne, ou bien nous les apprenons par nous-mêmes. Le dénominateur commun des deux options ? Hm, je dirais l’environnement. Mais si un homme est influencé par son environnement, il faudrait que cet environnement favorise l'épanouissement personnel pour qu'il puisse atteindre le bonheur. Mais, sous le dôme, ce n'est pas vraiment le cas. Alors, il faudrait changer l'environnement. Mais l'environnement est façonné par les générations précédentes, qui elles-mêmes ont été mal formées par leur propre environnement... Et le cycle continue.
Les assiettes entamèrent leur trajet, Anita annonça qu’il n’était pas du même avis.
- J’ai connu un bon nombre de personnages dans ma vie, et je peux voir quand quelqu’un a du pouvoir. Vous en avez, vous êtes trop détendu pour être à la merci des tracas du quotidien. Alors, dans votre position, comment vous y prendriez-vous pour changer votre environnement ? Choisirez-vous la faim ? La soif ? Ou l’indécision vous fera faire du surplace ?
Les assiettes furent alors servies.
Après l’éventuelle réponse d’Anita, le Mech s’empara d’une fourche miniature et s’empressa de goûter son plat. Premier avis : pas de salive détectée. Ceci dit, il n’y était pas particulièrement sensible et il se doutait bien qu’il ne pourrait pas déceler uniquement ses papilles. Il décida donc de repousser l’idée d’en ingérer, et se concentra sur les autres saveurs. Trop plat. Il manquait du peps, du sel, des similiépices. Certes, les arômes, parfums et textures étaient à des années-lumière des conserves, mais la satisfaction n’était pas là. Les avait-il trop idéalisés ? Était-ce là le summum de la culture humaine ? Peut-être parce que son estomac s’était déjà préparé à manger des ramens ? Ou peut-être qu’à force de manger des choses médiocres, il avait fini par y prendre goût. Cette pensée l'amusa : l’homme, influencé par son environnement.
À un moment, Anita attira l’attention du Mech sur deux clients du restaurant. Avec une grâce qui n’avait d’égale que son je-m'en-foutisme, il tourna l’échine rapidement pour identifier les cibles. Ces derniers semblaient passer un bon moment et ne donnaient pas l’air particulièrement intéressé par autre chose que leur conversation. Mais encore, ils pouvaient jouer la comédie, surtout que malgré le mouvement brusque du Mech pour les observer, aucun n’avait croisé son regard.
- Dérisoires ?
Répéta-t-il en se retournant. Son œil fut attiré par un minuscule morceau de verre au pied de sa table. Une idée vit le jour dans son esprit. Idée qui germa au fur et à mesure de la dernière tirade d’Anita. Le Mech nota tout de même que la véritable personne qui était intéressée par l’action était le père d’Anita et identifia chez elle une tendance à compartimenter les choses.
- Je vous rassure.
Commença-t-il.
- Vous devez être l’adolescente la plus mature que j’ai rencontrée dans ma vie… Ou du moins, facilement dans le top 2.
Cette dernière phrase fut teintée d’une certaine fierté.
- Je n’ai pas grand-chose à vous apporter, vous êtes à l’aube de votre vie... Plutôt un peu avant le zénith. Tout est nouveau et tout est à découvrir, mais par votre expérience. C’est beau d’avoir l’avis de hobereaux d'il y a des siècles, ils n’ont pas vos yeux et ne voient pas ce que vous voyez. Permettez-moi de vous faire faire un pas dans cette direction.
Le Mech engloutit une nouvelle bouchée des pâtes crémeuses et se leva, non sans attirer l’attention sur lui. Il chercha du regard la serveuse théri et, de manière brusque, l’incita à les rejoindre. Cette dernière fut d'abord extrêmement réfractaire à l’idée, mais sous l’insistance pressante du Mech et devant l’agitation qu’il causait, elle finit par céder et s'approcha de leur table. Il lui posa alors la main dans le dos.
- Anita, voici…
Il se tourna vers la serveuse. Surprise, elle bégaya.
D-Doréana !
- Doréana ! Doréana, combien gagnez-vous en travaillant ici ?
Encore plus surprise, la serveuse ne savait pas si elle devait répondre ou tenter de s’enfuir. Le Mech claqua ses doigts valides devant les yeux de la femme pour capter son attention.
- Entre 300 et 350 crédits, j’imagine !
L’invitée surprise acquiesça, confuse.
- Vous vivez seul ? Combien de personne dépendent de vous ? Une ? Deux ? Ça ne doit pas être facile. Eh bien Doréana, c’est peut être votre jour de chance.
Bien évidemment, tout cela n’était que supposition. La principale intéressée ne sut quoi dire, tandis que le Mech trépignait d’impatience.
- Anita, ces tagliatelles sont dégueulasses. Je suis désolé, je pensais manger des ramens en venant, et des tagliatelles, ça ne me satisfait pas.
Il se resservit, puis la bouche pleine continua.
- Je ne vais pas vous vendre l’action. En fait, je vais la vendre à deux personnes là-bas, à moitié prix.
Il pointa bien entendu les cibles brun et rousse de son discours avec sa fourchette.
- Enfin ça dépend, je vais peut-être juste conserver cette action jusqu’à ce qu’elle atteigne un prix plus intéressant. Après tout, plus vous réussissez en réunir, plus les morceaux restants prennent de la valeur. Je ne doute pas que d’ici une semaine, le prix de mes parts aura doublé. Ou alors je la garderai jusqu’à ma mort et je ferai en sorte qu’elle se perde. Je n’ai pas encore décidé.
Il ne retint pas un rire amusé.
- Tout va dépendre de vous, Anita. Transférez le prix de l’action au cours actuel à Doréana, et je la vendrais aux gentils couples. Vous pourrez alors tenter de leur racheter ; après tout, tout s’achète dans notre monde.
D’une discrétion ostentatoire, il chuchota ensuite le prix de l'action à la serveuse, qui déglutit de surprise. L'équivalent d'un bon trimestre de salaire pour elle. Il reprit ensuite.
- Ne faites rien, et j’en ferai de même. Vous pourrez retenter votre chance quand l’action aura atteint un prix qui me va, mais vous aurez le temps de passer votre zénith d'ici là, haha !
Bien évidemment, l’argent lui était totalement égal. Il sentait cependant qu’Anita était entourée de gens qui pensaient le contraire. Qu’allait-elle faire ?
@Anita
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Le Mech
Murmure de Rue
biens débloqués
Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
C'était comme s'il déployait ses pensées à mesure qu'il songeait à ce qu'il devrait dire : cela dit, au delà de cette exercice, il y avait chez lui une forme d'honnêteté intellectuelle qui plaisait à Anita, elle était bien forcée de l'admettre...
Mais l'environnement est façonné par les générations précédentes, qui elles-mêmes ont été mal formées par leur propre environnement... Et le cycle continue.
En silence elle acquiesça, espérant qu'il développe une racine à la logique de ce cycle. Avait-il compris où elle voulait en venir ? Ou Anita prenait-elle trop à coeur de parler de façon cryptique : comme si elle espérait qu'on saisisse ce qu'elle pouvait penser, ou peut-être car elle avait été formée, justement, à ne pas trop choquer ses interlocuteurs...
Les pâtes enroulées autour de sa fourchette, elle l'écoutait attentivement : petit à petit, face à ses douces paroles, elle sentait comme les prémices de ce qu'elle trouverait devant un contractant qui développait son discours dans le seul but de noyer le poisson sur ses réelles intentions : elle préféra repousser ce pressentiment.
comment vous y prendriez-vous pour changer votre environnement ? Choisirez-vous la faim ? La soif ? Ou l’indécision vous fera faire du surplace ?
Je crois... avança-t-elle prudemment ... que j'espérai combattre pour que nul n'ait plus à choisir entre la faim ou la soif... et elle détachait chaque mot avec application "mais je crains, que tout le monde ne soit pas prêt pour ça. Alors je suis coincée dans un dilemme, n'est-ce pas ... ?"
A la fin de sa pensée, elle leva ses yeux vers lui : l'attitude rustaude de cet homme semblait confirmer ses pensées. Si on offrait un nouvel environnement, plus stable, plus confortable, plus rangé, à un tel énergumène ? Il ne le supporterait pas. Le chaos avait, chez ces gens là, une teneur galvanisante : et le paradis leur serait ennuyant... à en crever.
Permettez-moi de vous faire faire un pas dans cette direction.
Interdite, sans avoir pu avaler une seule bouchée, elle rabaissa ses couverts. Etonnée, bousculée à présent. Son visage retrouva l'air d'une gamine de dix-sept ans. Ce restaurant était comme une fosse d'affamés à l'appétit insatiable, qu'il lui semblât. Une fois la première injection d'échange passée, où elle s'était amusée de ce remuement novateur, comme un vent d'air frais dans une salle d'habitude trop fermée, n'y restait dès lors plus que le froid, désagréable. Ses prunelles d'une pâleur maladive se fixèrent sur Le Mech. Elle ne souriait plus.
- Je ne vais pas vous vendre l’action. En fait, je vais la vendre à deux personnes là-bas, à moitié prix.. le vit-elle formuler, la bouche pleine de pâtes
Sous un soupir, elle se radossa contre sa chaise, penchant la tête sur le côté à mesure qu'elle le contemplait plus en détails.
A quoi tu joues ? Mh ? Battant de la mesure avec ses doigts contre la table, elle imprimait dans sa mémoire le visage de cet homme. Ici. C'était là : qu'il montrait sa véritable nature.
Perdue dans ses inflexions - ou peut-être qu'elle voulait conserver au mieux les traits de cet homme- elle finit par hocher de la tête, comme dépitée, puis consentit malgré tout à manger un peu. Durant un court silence, les sourcils froncés, elle goûta les tagliatelles, qui étaient excellentes, mais qui n'étaient pas savoureuses... Elle réfléchissait. Ses manières, ses jeux d'acteur... par delà Cet homme puait la Cohorte.
"Il n'y a pas que l'environnement... empreinte génomique..." elle se le murmura à elle-même, après avoir avalé ses pâtes, comme si elle espérait faire valoir ses idées face aux contre-arguments d'Enor. Mais Enor n'était pas là aujourd'hui. Elle était seule, entourée par une brochette d'envieux qui pensaient à leurs besoins avant tout. Pourquoi personne ne pouvait la comprendre ? Pourquoi son père, lui-même, ne partageait pas cette même opinion ?
Il n'y avait absolument aucun moyen que ces gens évoluent un jour. Tâchant de ravaler sa colère, elle attrapa sa serviette, jusque là consciencement posée sur ses jambes, pour s'essuyer la bouche avec minutie. Puis, elle se leva, rattrapant son manteau. Tout le monde dans le restaurant les regardait, Anita n'en avait que faire. Incapable de masquer son irritation, elle offrit tout de même un sourire affable à la serveuse toujours interloquée. Avec beaucoup de douceur, elle se pencha vers eux.
Rien qu'un geste, qui pourrait être perçu comme une attaque : c'est qu'elle avait initié le même mouvement qu'au moment de devoir retirer une épée de son fourreau. Mais sa main, munie de sa bague, se contenta ici de frôler le bracelet de Doréana. Sa bague transféra quelques cinquantaine de crédits en tant que pourboire. Voilà tout.
Ses yeux froids, un peu cruels, croisèrent ceux du Mech. Alors elle s'approcha de lui, pour tendre sa main, sans certitude qu'il la serre, mais avec un grand sourire jovial malgré tout.
"Je vous en prie, gardez votre action ! Vous venez de me prouver que vous êtes tout à fait similaire à ceux qui aiment manipuler pour faire leurs affaires !"
Elle le pensait, et cette phrase était clairement une insulte aux yeux d'Anita. Le dévisageant avec grande intensité, son sourire plus enchanté, elle attendait qu'il vienne à lui serrer la main. Comme on accepte un dilemme. Il avait choisi son camp, après tout. Et Anita s'en souviendrait.
@Le Mech
Mais l'environnement est façonné par les générations précédentes, qui elles-mêmes ont été mal formées par leur propre environnement... Et le cycle continue.
En silence elle acquiesça, espérant qu'il développe une racine à la logique de ce cycle. Avait-il compris où elle voulait en venir ? Ou Anita prenait-elle trop à coeur de parler de façon cryptique : comme si elle espérait qu'on saisisse ce qu'elle pouvait penser, ou peut-être car elle avait été formée, justement, à ne pas trop choquer ses interlocuteurs...
Les pâtes enroulées autour de sa fourchette, elle l'écoutait attentivement : petit à petit, face à ses douces paroles, elle sentait comme les prémices de ce qu'elle trouverait devant un contractant qui développait son discours dans le seul but de noyer le poisson sur ses réelles intentions : elle préféra repousser ce pressentiment.
comment vous y prendriez-vous pour changer votre environnement ? Choisirez-vous la faim ? La soif ? Ou l’indécision vous fera faire du surplace ?
Je crois... avança-t-elle prudemment ... que j'espérai combattre pour que nul n'ait plus à choisir entre la faim ou la soif... et elle détachait chaque mot avec application "mais je crains, que tout le monde ne soit pas prêt pour ça. Alors je suis coincée dans un dilemme, n'est-ce pas ... ?"
A la fin de sa pensée, elle leva ses yeux vers lui : l'attitude rustaude de cet homme semblait confirmer ses pensées. Si on offrait un nouvel environnement, plus stable, plus confortable, plus rangé, à un tel énergumène ? Il ne le supporterait pas. Le chaos avait, chez ces gens là, une teneur galvanisante : et le paradis leur serait ennuyant... à en crever.
Permettez-moi de vous faire faire un pas dans cette direction.
Interdite, sans avoir pu avaler une seule bouchée, elle rabaissa ses couverts. Etonnée, bousculée à présent. Son visage retrouva l'air d'une gamine de dix-sept ans. Ce restaurant était comme une fosse d'affamés à l'appétit insatiable, qu'il lui semblât. Une fois la première injection d'échange passée, où elle s'était amusée de ce remuement novateur, comme un vent d'air frais dans une salle d'habitude trop fermée, n'y restait dès lors plus que le froid, désagréable. Ses prunelles d'une pâleur maladive se fixèrent sur Le Mech. Elle ne souriait plus.
- Je ne vais pas vous vendre l’action. En fait, je vais la vendre à deux personnes là-bas, à moitié prix.. le vit-elle formuler, la bouche pleine de pâtes
Sous un soupir, elle se radossa contre sa chaise, penchant la tête sur le côté à mesure qu'elle le contemplait plus en détails.
A quoi tu joues ? Mh ? Battant de la mesure avec ses doigts contre la table, elle imprimait dans sa mémoire le visage de cet homme. Ici. C'était là : qu'il montrait sa véritable nature.
Perdue dans ses inflexions - ou peut-être qu'elle voulait conserver au mieux les traits de cet homme- elle finit par hocher de la tête, comme dépitée, puis consentit malgré tout à manger un peu. Durant un court silence, les sourcils froncés, elle goûta les tagliatelles, qui étaient excellentes, mais qui n'étaient pas savoureuses... Elle réfléchissait. Ses manières, ses jeux d'acteur... par delà Cet homme puait la Cohorte.
"Il n'y a pas que l'environnement... empreinte génomique..." elle se le murmura à elle-même, après avoir avalé ses pâtes, comme si elle espérait faire valoir ses idées face aux contre-arguments d'Enor. Mais Enor n'était pas là aujourd'hui. Elle était seule, entourée par une brochette d'envieux qui pensaient à leurs besoins avant tout. Pourquoi personne ne pouvait la comprendre ? Pourquoi son père, lui-même, ne partageait pas cette même opinion ?
Il n'y avait absolument aucun moyen que ces gens évoluent un jour. Tâchant de ravaler sa colère, elle attrapa sa serviette, jusque là consciencement posée sur ses jambes, pour s'essuyer la bouche avec minutie. Puis, elle se leva, rattrapant son manteau. Tout le monde dans le restaurant les regardait, Anita n'en avait que faire. Incapable de masquer son irritation, elle offrit tout de même un sourire affable à la serveuse toujours interloquée. Avec beaucoup de douceur, elle se pencha vers eux.
Rien qu'un geste, qui pourrait être perçu comme une attaque : c'est qu'elle avait initié le même mouvement qu'au moment de devoir retirer une épée de son fourreau. Mais sa main, munie de sa bague, se contenta ici de frôler le bracelet de Doréana. Sa bague transféra quelques cinquantaine de crédits en tant que pourboire. Voilà tout.
Ses yeux froids, un peu cruels, croisèrent ceux du Mech. Alors elle s'approcha de lui, pour tendre sa main, sans certitude qu'il la serre, mais avec un grand sourire jovial malgré tout.
"Je vous en prie, gardez votre action ! Vous venez de me prouver que vous êtes tout à fait similaire à ceux qui aiment manipuler pour faire leurs affaires !"
Elle le pensait, et cette phrase était clairement une insulte aux yeux d'Anita. Le dévisageant avec grande intensité, son sourire plus enchanté, elle attendait qu'il vienne à lui serrer la main. Comme on accepte un dilemme. Il avait choisi son camp, après tout. Et Anita s'en souviendrait.
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Lieu d'habitation : Nid de Coucou
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Anita
Réputé
Alias : Mastema
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ARBALÈTE Semi-automatisée
Possède lunette de visée et gâchette qui permet de tendre automatiquement la flèche puis de tirer : arme débloquée -- 8 tirs possibles.
SABRE (longue lame)
les longues lames sont produites en très rare quantité : Objet de collection, possibilité de gagner en estime auprès de certains PNJ du MJ.
LICENCE DE COMMERCE
Licence virtuelle qui atteste de son droit à posséder un commerce. (10% de réduction sur les achats d'objets peu communs de la boutique)
BRACELET DE COMMUNICATION
une fois par mission/topic, l'objet permet de communiquer avec un partenaire à distance, en toute sécurité (pas d'interception possible par les ennemis/forces de l'ordre)
PLANEUR
Appareil imitant la forme d'un oiseau, filme une zone jusqu'à une altitude de 1000mètres qu'il envoie vers le boitier holographique du possesseur. (par temps peu brumeux, patrouille depuis les airs - hors Lys et plateformes)
CAPE THERMO-INVISIBLE
Permet de se confondre dans le paysage tout en absorbant la chaleur du corps - invisible donc des lunettes de vision nocturne. (une fois par topic/mission, permet d'esquiver un adversaire/les forces de l'ordre (limite de 3 personnes).)
Re: En 8000, les requins auront-ils appris à voler ? (PV MECH - FB )
- Eh bah le jeunot, pas la forme ?
Le vieil Ymut tapota l’épaule du Mech en s’asseyant.
- Tu t’es encore fait voler un de tes squats ? T’en auras d'autres, te mines pas pour ça.
Le Mech opina négativement de la tête, avant de replonger son regard vers le trottoir où ils étaient maintenant tous les deux assis.
- La jeune génération. Non, les gosses de riches.
Fort de ses décennies à arpenter les rues du dôme, le sans-abri aguerri balaya le sujet d’un geste de la main.
- Ne m’en parle pas.
Dit-il avec la ferme intention d’en parler.
- Ils mangent quand ils veulent, ce qu'ils veulent et où ils veulent, et ils se plaignent que c’est trop froid ou trop chaud.
Le Mech repensa à la critique des tagliatelles qu’il adressa à Anita, un peu plus tôt. Ce n’était peut-être pas la meilleure chose à dire pour un SDF.
- Et pis, cette manie de faire du je-sais-tout-tisme, ils ont pas le quart de notre expérience, mais ils parlent comme s’ils en avaient le double. Et c’est pas que les riches. Pas plus tard qu’il y a 5min, un petit con a parié une bouteille qu’il pouvait me battre aux cartes. Moi !
Voyant que le vieil homme commençait à s’échauffer tout seul, le Mech décida de changer brutalement de sujet.
- Tu as des enfants ?
Ymut écarquilla les yeux, surprit par cette question sortie de nulle part. Cela faisait quelques mois qu’il croisait le “jeunot” ici et là, mais jamais il n’avait eu de discussion aussi personnelle.
- Enfants, ouais, et même des petits enfants, certainement. Mais aucun ne veut d’une loque comme père ou grand-père, donc c’est comme si j’en avais pas.
Le Mech se frotta la barbe, pensif.
- Ils ont bien tourné ?
Le vieil homme réfléchit un instant. Il n’avait que peu de sa famille depuis qu’il avait perdu sa femme, et il n’allait pas trop en chercher. Cela ne l’intéressait plus.
- Un qui cumule les petits boulots, une en prison et une qui a disparu au Lys après son mariage. C’est pas trop mal, j’imagine.
Le Mech approuva d’un unique geste de la tête.
- Ça grandit vite. Le matin ça a besoin de toi pour faire pipi, le soir ça ne rentre pas à l’heure convenu.
La remarque donna un vrai sourire au Mech, le premier depuis son repas du midi avec Anita.
- Ne réponds pas si tu ne veux pas ; je sais que c’est la bouteille qui t’a poussé vers la rue.
Il lui laissa le temps de digérer ce rappel, évaluant s’il ne courait de pas un risque à continuer. Ymut ne bougea pas d’un iota. Au crépuscule de sa vie, il avait fait la paix avec ses erreurs depuis bien longtemps.
- Penses-tu qu’il aurait mieux réussi dans la vie si tu étais... resté?
Le vieil homme prit son temps pour réfléchir. De son manteau rapiécé, il sortit une bouteille d’alcool dissimulée dans un sac en carton et en but une bonne moitié d'une seule traite.
- Non. Je les aurais gâchés. Ils ont été confrontés à la vie tôt, ça les a faits. Tu vas faire quoi d'autre ? Les dorloter jusqu'à ce qu'ils savent pas quoi faire de leur propre gosse ? Ya que comme ça qu’ils apprennent vraiment à survivre. C’est comme ça que j’ai appris.
Le Mech acquiesça de nouveau.
-La même.
Il reçut alors un message sur son terminal, qu’il s’empressa de consulter.
Satisfait, il prit la bouteille d'Ymut et en but quelques gorgées timides.
- La même.
Le vieil Ymut tapota l’épaule du Mech en s’asseyant.
- Tu t’es encore fait voler un de tes squats ? T’en auras d'autres, te mines pas pour ça.
Le Mech opina négativement de la tête, avant de replonger son regard vers le trottoir où ils étaient maintenant tous les deux assis.
- La jeune génération. Non, les gosses de riches.
Fort de ses décennies à arpenter les rues du dôme, le sans-abri aguerri balaya le sujet d’un geste de la main.
- Ne m’en parle pas.
Dit-il avec la ferme intention d’en parler.
- Ils mangent quand ils veulent, ce qu'ils veulent et où ils veulent, et ils se plaignent que c’est trop froid ou trop chaud.
Le Mech repensa à la critique des tagliatelles qu’il adressa à Anita, un peu plus tôt. Ce n’était peut-être pas la meilleure chose à dire pour un SDF.
- Et pis, cette manie de faire du je-sais-tout-tisme, ils ont pas le quart de notre expérience, mais ils parlent comme s’ils en avaient le double. Et c’est pas que les riches. Pas plus tard qu’il y a 5min, un petit con a parié une bouteille qu’il pouvait me battre aux cartes. Moi !
Voyant que le vieil homme commençait à s’échauffer tout seul, le Mech décida de changer brutalement de sujet.
- Tu as des enfants ?
Ymut écarquilla les yeux, surprit par cette question sortie de nulle part. Cela faisait quelques mois qu’il croisait le “jeunot” ici et là, mais jamais il n’avait eu de discussion aussi personnelle.
- Enfants, ouais, et même des petits enfants, certainement. Mais aucun ne veut d’une loque comme père ou grand-père, donc c’est comme si j’en avais pas.
Le Mech se frotta la barbe, pensif.
- Ils ont bien tourné ?
Le vieil homme réfléchit un instant. Il n’avait que peu de sa famille depuis qu’il avait perdu sa femme, et il n’allait pas trop en chercher. Cela ne l’intéressait plus.
- Un qui cumule les petits boulots, une en prison et une qui a disparu au Lys après son mariage. C’est pas trop mal, j’imagine.
Le Mech approuva d’un unique geste de la tête.
- Ça grandit vite. Le matin ça a besoin de toi pour faire pipi, le soir ça ne rentre pas à l’heure convenu.
La remarque donna un vrai sourire au Mech, le premier depuis son repas du midi avec Anita.
- Ne réponds pas si tu ne veux pas ; je sais que c’est la bouteille qui t’a poussé vers la rue.
Il lui laissa le temps de digérer ce rappel, évaluant s’il ne courait de pas un risque à continuer. Ymut ne bougea pas d’un iota. Au crépuscule de sa vie, il avait fait la paix avec ses erreurs depuis bien longtemps.
- Penses-tu qu’il aurait mieux réussi dans la vie si tu étais... resté?
Le vieil homme prit son temps pour réfléchir. De son manteau rapiécé, il sortit une bouteille d’alcool dissimulée dans un sac en carton et en but une bonne moitié d'une seule traite.
- Non. Je les aurais gâchés. Ils ont été confrontés à la vie tôt, ça les a faits. Tu vas faire quoi d'autre ? Les dorloter jusqu'à ce qu'ils savent pas quoi faire de leur propre gosse ? Ya que comme ça qu’ils apprennent vraiment à survivre. C’est comme ça que j’ai appris.
Le Mech acquiesça de nouveau.
-La même.
Il reçut alors un message sur son terminal, qu’il s’empressa de consulter.
Détails de la transaction n°4584785A :
Actif vendu : Morlock Inc
Acheteur : Doréana
Montant : 0.01 crédit
Merci de votre confiance.
Satisfait, il prit la bouteille d'Ymut et en but quelques gorgées timides.
- La même.
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Le Mech
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