» Ana(xo)logie.s

J’ai guetté le rythme caractéristique de ses pas, le moindre écho métallique dans l’escalier, la détonation lourde de son sac-à-dos contre le plancher du caisson lorsqu’il passe la porte. Rien. Tout est désespérément calme. Cato dort, il ne s’inquiète jamais trop, convaincu que Nax est protégé par un truc qu’il n’arrive pas tellement à nommer. Je sais que Cato comprend beaucoup plus qu’il ne veut bien l’avouer et qu’il y a donc sûrement un fond de vrai là-dedans. C’est peut-être aussi sa façon de dire qu’il y a quelque chose en Nax qu’on ne saisit pas vraiment, un noyau auquel on n’aura probablement jamais accès. On a tous les deux vite accepté cette réalité mais n’en avons jamais discuté avec lui. Pour quoi faire ? Il nous aurait sûrement regardés en secouant la tête, aurait souri doucement et lâché un truc du genre « N’importe quoi, qu’est-ce qui vous prend ? ». Il n’en a pas conscience, ça n’aurait servi à rien.

Pendant longtemps, j’ai essayé de mettre le doigt dessus, d’identifier ce qui nous échappait à ce point. Au début, je pensais que c’était son regard. Anax en impose par ses yeux. Ce détail m’a semblé évident dès notre première rencontre, quand nous n’étions que des enfants. Ses yeux sont d’un gris métallique bleuté, semblable à la couleur de ses objets de fascination, les robots. Comme eux, il a cette manie de scanner perpétuellement son environnement, même lorsque celui-ci est aussi ennuyeux que la faille où nous vivons, ou qu’il n’y a rien d’intéressant à y trouver. Il ne fixe jamais rien en particulier, mais c’est comme s’il voyait des choses invisibles pour nous. Nax porte dans son regard la précision, l’intelligence, la tristesse parfois, mais aussi la détermination, l’espoir et la révolte de ceux du Gouffre. Il est à la fois totalement avec nous et complètement d’ailleurs. Cato plaisante en disant que c’est parce qu’il rêve déjà de Mars, moi je crois qu’il voudrait juste partir d’ici, et peut-être même de TERRA. Sans nous, sans Tilt et ses projets de drone, je pense qu’il aurait déjà tenté le coup à la Passerelle.

La construction de ce robot, c’est devenu un vrai truc entre nous. Je me disais qu’apprendre à parler sa langue m’aiderait à compléter le puzzle, comme si au fond, ce flou insaisissable autour de Nax ne résultait que de briques de langage manquantes. Evidemment, je me trompais. Anax nous a donné les clés de son rêve, qui est aussi devenu le nôtre, mais pas la solution que j’attendais. Au fur et à mesure du temps, ses cheveux autrefois sombres ont commencé à blanchir, et avec eux, j’étais certaine que les particules métalliques du Fossé avaient aussi atteint son cerveau et provoqué le trouble ressenti à son contact. Au final, ce n’est probablement rien de tout ça. J’ai arrêté de me faire des nœuds aux méninges, parce que ça n’a aucune importance.

Tout ce que je veux désormais, c’est l’entendre passer la porte, le sentir s’adosser contre mon lit. Ça me réveille à chaque fois, et à chaque fois, je m’assieds sur le rebord, une jambe par-dessus son épaule. En contrebas, il me détaille les pièces qu’il a réussi à gagner et ce qu’il compte en faire. Cato descend et vient s’assoir à côté de Nax. Je ne sais exister qu’avec eux. S’il leur arrivait quelque chose, je m’associerai sûrement à un autre groupe, mais ce que je partage avec Anax et Cato, ce que je sens sans parvenir à le décrire précisément, je ne le retrouverai jamais. C’est tout ce que je sais : ils seraient ma brique manquante à moi, introuvable pour quiconque en dehors d’eux.

Je suis rentré après deux jours.

C’est comme si j’avais passé des mois loin de chez moi et loin d’eux. La Brèche et le jeu, le cube et la chambre du théri, les œufs et surtout, l’infiniment trop. La mort qui se referme sur ma gorge, l’abysse bleu profond d’un revenant, les utopies méca au creux de la patte tendue d’un théri étonnant, et surtout le cube prodigieux, le cube comme la clé de la zone creuse, le verrou saute et il ne reste plus que l’évidence foudroyante, exhumée du code source de mon organisme, lumineuse et terrifiante.

Pourtant, au moment de tourner la poignée du caisson, ma tête est aussi vide que la faille où j’habite. Je reste quelques secondes comme ça, interdit, le métal froid de la poignée dans la main et le poids des pièces dans mon sac-à-dos. Le silence partout.

La porte s’ouvre.

Nova pleure lorsqu’elle me serre contre elle. Derrière, Cato se tient comme une montagne, enfin, plutôt comme un volcan sur le point d’exploser. Je n’ai jamais vu une telle colère dans ses yeux, une telle rage dans ses poings serrés et tremblants. Il s’avance vers moi, me bouscule d’un violent coup d’épaule et part en claquant la porte du caisson. Elle murmure dans le creux de mon cou :

- « Cato n’a pas fermé l’œil depuis deux jours. Lui en veux pas Nax, il a cru devenir fou. »

Je laisse glisser le sac-à-dos le long de mon bras, il heurte le sol et elle ne l’entend pas. Elle me serre si fort que je peine à respirer. Je ferme les yeux. Demain, je lui révélerai peut-être qu’elle étreint une moitié de traître du Lys, un hybride dégueulasse. Je lui montrerai le châssis et les batteries, et si Cato revient et qu’il m’accepte à nouveau, on pourra à nouveau s’assoir tous les trois contre le lit de Nova et réfléchir au drone. Je leur dirai toute la vérité sur le cube, et leur parlerai du théri, de la vie à la Passerelle et de cette sensation bizarre que les gens pucés recherchent dans les bars la nuit. Elle remarquera les marques sur mon cou, le gonflement de mon poignet et je devrai tout expliquer.

Mais pas ce soir.

Je referme mes bras sur elle, lui sourit timidement :

- « Merci d’être restée. »

Je change de vêtements, les miens sentent la sueur et l’alcool. Je crois qu’elle me regarde, mais je suis trop fatigué pour en être certain. Mon lit pourri n’a jamais semblé si confortable. Les quatre fissures dans le plafond vitré dessinent des éclairs que je n’avais jusqu’alors pas remarqués. La lueur de la Lune fait miroiter les rivets de la plaque accolée à mon lit. C’est presque beau.

Soudain, Nova rejoint mon lit. Elle s’allonge à côté de moi, pose sa tête sur mon torse, peut-être bercée par les respirations régulières. Je voudrais figer le temps, emporter cet instant anodin et rare, qui me ferait presque oublier que Cato s’est barré, que dehors c’est toujours l’enfer et que demain, je devrai affronter la déception de Tilt. Alors que je bascule dans le sommeil, elle embrasse doucement chacune des marques bleues sur mon cou, remonte vers ma joue, puis au coin de mes lèvres.

- « J’ai cru que tu reviendrais plus, Nax. C’était devenu une certitude. Alors, j’ai commencé à … enfin, j’ai pensé à ce que je ferais si jamais tu rentrais. »

Elle plonge ses yeux verts dans les miens, pose doucement une main décidée sur mon ventre et la descend :

- « Ar-arrête. »

Ses doigts progressent encore un peu plus bas et envoient des décharges à travers ma peau. Dessous, un magma incandescent parcourt ma chair, j’étouffe. La fièvre monte, la fièvre et autre chose, je me suis rarement senti aussi bien, je voudrais qu’elle continue mais tout me hurle le contraire car je ne sais pas combien de temps je pourrais contenir ce feu-là, celui qui vient instantanément brûler les noms et les visages de toutes les autres. Je secoue la tête, haletant, mon corps ne réagit plus qu’à la caresse et à la pression, parfois, de sa main. L’onde de choc irradie dans tout mon être, mais Nova ne réalise pas qu’elle se propagera rapidement à Cato et finira par faire exploser notre système ternaire. La survie ou la galère, la gravitation stable ou l’implosion des astres. Notre univers suspendu au bout de ses doigts. Brûlant, je parviens à articuler dans un souffle :

- « C’est à cause de l’angoisse Nova. C’est que le vertige de l’angoisse. Rien… rien n’est réel. »

Son regard toujours planté dans le mien, elle s’assied à cheval sur mes jambes, suspend son geste mais sa main ne bouge pas :

- « Me dicte pas ce que je dois ressentir, Anax. – c’est comme si elle crachait mon nom – C’est toujours pareil avec toi. Tu crois comprendre les choses avant nous, et le plus souvent, c’est vrai. Mais maintenant, je sais. Sans avoir besoin de toi, juste par ton absence, je sais. – elle se rapproche et dans un souffle, murmure – Alors, s’il te plait, dis-le. »

Dans la pénombre, je distingue à peine les larmes qui perlent au coin de ses yeux :

- « Dis-le. »

Je serre sa main, soutiens son regard :

- « Demain, tu regretteras tout. Je veux pas être un regret, Nova. Je… »

Elle place rageusement la main devant ma bouche, haletante :

- « Tu te trompes, Nax. Demain, rien n’aura changé. »

Et aux intonations dans sa voix, je sais qu’elle dit vrai.

J’ai pas supporté qu’il rentre comme ça, sur deux jambes, éreinté et spectral mais vivant, sa sale gueule éblouissante toujours vissée au sommet de son cou. Je sais pas ce que j’imaginais. Peut-être qu’au fond, j’aurais préféré le voir déverser ses entrailles sur le sol du caisson ou revenir avec un œil en moins, un de ces yeux fascinants dans lesquels Nova se perd. N’importe quoi qui aurait justifié l’insomnie, les larmes de Nova et l’abysse de terreur au fond du ventre qui se creuse lorsque la nuit avance et que le jour suivant perce sans lui. Quarante-huit putain d’heures sans apercevoir les ombres qu’il dessine avec ses mains sur les plaques du caisson, quarante-huit heures sans que je lui demande « devine à quoi je pense » et qu’il me sorte les trucs les plus débiles possibles, quarante-huit heures sans qu’il trace des lettres dans le dos de Nova pendant que je la déconcentre, quarante-huit heures durant lesquelles il ne s’est pas assoupi sur mon épaule tandis qu’elle lui détaillait ses derniers calculs sur la répartition de la charge du drone. Tout ce temps, j’ai entendu que ma voix, sans totalement réaliser que j’étais celui qui bavait machinalement ces mensonges rassurants à l’oreille de Nova. Ça suffisait à l’apaiser un peu et elle s’endormait quelques heures. Pas moi. Pendant les rares instants de sommeil, j’ai rêvé qu’il passait la porte et que je l’accueillais en ébouriffant ses cheveux blancs, un bras autour de son épaule comme à chaque fois. Mais on se fait toujours une idée très exagérée de ce qu’on ne connait pas. Dans la réalité, il a surgi sourdement dans le caisson et moi, j’ai choisi de disparaître. Tu parles d’une scène de retrouvailles. Je jure que je l’aurais défoncé. Et je l’aurais regretté, ou peut-être pas, j’en sais rien. Je ne voyais simplement aucune autre issue à ce moment-là.

J’ai marché longtemps, emprunté des tyroliennes vers nulle part. Je crois que j’avais besoin de sentir le vent dans le précipice, l’odeur de rouille des poulies et le vertige de la faille. Anax est rentré, le Gouffre siffle toujours, rien n’a changé en dehors du feu dans ma poitrine. J’ai finalement atterri chez Taz et il ne m’a pas demandé ce que je n’aurais pas su expliquer.

Et puis, ce fut le jour d’après. Je suis rentré après le départ de Nova pour le service du soir, histoire de me retrouver seul avec lui. Allongé sur mon lit, un bras derrière la nuque, l’autre dans le vide, il fait glisser deux petits rouages entre ses doigts et je peux presque entendre ceux de son cerveau tourner. On pense à la même chose, à ce truc répugnant qui enfle entre nous depuis hier et qu’il faut éclater maintenant. Il s’assied face à moi, ses mains accrochées au rebord du lit et ouvre la bouche, mais je parle le premier :

- « Alors c’est là qu’on se tape dans la main et qu’on redevient les frères qu’on a toujours été, hein Nax ? »

Je lève les yeux au ciel :

- « Putain mais t’as cru quoi ? Que tu pouvais revenir et faire comme s’il s’était rien passé ? Tu te prends pour qui à nous lâcher comme ça pour … pour aucune raison.

- C’est toi qui parles de raison Cato ? Vraiment ?

- Réponds-moi.

- C’est pas à toi de décider ce qui est juste ou pas.

- Donc la terreur de Nova, c’était juste ? T’as pensé deux minutes à elle ? A moi ?

- J’ai fait que ça. Quand il a bien failli me crever, je voyais que … ça sert à rien, tu me croirais pas.

- Tu vas me sortir qu’entre deux Lan de flammes, planqué derrière nos modules contrôleurs, t’as entendu ma voix et aperçu les yeux de Nova ? Tu vas me faire pleurer. Lâche l’affaire Nax, caner pour des capteurs de gravité, ça vaut pas le coup.

- Pour qui ? Je peux pas attendre de mourir de faim, de glisser bêtement dans la faille ou d’attraper une infection dégueulasse en réparant un robot. Tout risquer pour savoir, c’est une raison suffisante d’y rester. Une raison juste.

- Mais arrête ! Arrête de pomper cette merde dans le crâne de Nova, Nax ! Y’a rien pour nous en dehors de ce Dôme à la con, pas plus qu’ici, juste la misère et la sueur. Et le pire, c’est que tu le sais. »

Je vois à la façon qu’il a de prendre appui sur le rebord de mon lit et à l’inclinaison de ses épaules et de son cou que j’ai visé juste. Et je m’en veux même pas. J’ai voulu le blesser et j’ai réussi. Déchirer son orgueil pour le garder avec nous, c’est ma raison juste.

- « T’as raison. Peut-être qu’au fond, je le sais et c’est tellement insupportable que j’ai fini par me persuader de construire un drone pour vérifier. Mais imagine, si c’est vrai, si y’a une proba même ridicule que le drone révèle l’extérieur, ça nous dépasserait Cato. Ça dépasserait même TERRA.

- Tu devrais t'écouter, t’es complètement taré. »

Il plante son regard gris, son foutu regard troublant, dans le mien et lâche, un peu tristement :

- « Je m’attends pas à ce que tu comprennes.

- C’est ça Nax, t’es un putain de héros.

- Laisse tomber.

- Anax, – je l’appelle jamais comme ça - moi je m'en branle, mais pas Nova. Elle supporterait pas que tu foutes tout en l'air. Tu peux pas faire ce choix pour elle. »

Il sourit :

- « C’est à ça que ça se résume au fond ? Le drone, les nuits à l’Aspho et l’extérieur, il en a jamais été question. Je suis trop con, depuis le début, il n’y a qu’elle. C’est Nova. Ça a toujours été Nova. »

Parfois, je le déteste. Ça me rend fou qu’il pionce dans mon lit, qu’il laisse traîner ses affaires dans tout le caisson ou qu’il me raconte jamais les cauchemars qui agitent son sommeil. Mais ce qui me gonfle le plus, c’est ce genre de pouvoir dément qu’il a, cette faculté inouïe de comprendre en un instant ce que j’ai pas encore totalement réalisé. Après ça, il n’y a plus rien à nier. On se regarde, il me sourit doucement et on regagne nos lits. Après quelques instants noyés dans l’obscurité et le silence, je lâche :

- « Hey Nax.

- Mmh ?

- À quoi je pense ?

- À toutes les façons de remonter le temps, juste quarante-huit heures en arrière.

- Pas ta meilleure.

- Et moi, à quoi je pense Cato ?

- À la même chose. Quelles solutions t’as trouvé jusque-là ?

- Un trou noir qui avalerait sélectivement certains trucs, ce qu’on veut.

- Cool.

- Et toi ?

- Je sèche pour les dernières quarante-huit heures. Mais j'ai de quoi ne plus les revivre. Y retourne pas Nax. Je suis sérieux. Je sais pas ce que je ferais. »

Il laisse tomber son bras le long du rebord de son lit. Allongé sur celui d’en dessous, je saisis sa main. Je sais qu’il reviendra à l’Aspho, incapable de sacrifier son rêve, et ce geste n’a rien d’une promesse. Enfin si, et peut-être plus importante encore. Il y aura d’autres nuits à faire bouillir nos sangs, d’autres conversations de feu, d’autres gravitations à trois, Nova au centre et nous autour, c’est sa théorie et comme d’habitude, il a raison. Mais la main d’Anax serre la mienne et je sais que même sur deux plaques soumises à la dérive, fracturées et menacées par les vagues successives, nous sommes indestructibles.

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____7 mars 8204 – point de vue de Cato:

Un mois après, le collier de bleus autour du cou d’Anax a presque disparu et nos existences ont repris un cours quasi normal.

Le 7 mars, jour de son anniversaire, Nova a sorti la petite lunette astro sur laquelle elle bosse depuis des mois. Nax a feint la surprise, mais il y avait autant d’étoiles dans ses yeux gris que dans le ciel de TERRA au millénaire dernier. Elle a semblé croire à son numéro d’acteur désastreux, sûrement un peu aveuglée par son regard obsédant ou parce qu’il constitue le seul problème math qu’elle résoudra jamais. De son côté, Nax a beau analyser en permanence des circuits robotiques complexes, les dynamiques humaines lui échappent encore. Au milieu de ces deux abrutis géniaux, moi, je vois tout. C’est à la fois un pouvoir fou et une malédiction permanente. Figé devant eux, je ne peux pas ignorer la tendresse avec laquelle elle murmure un truc à son oreille ou la douceur de sa joue contre la sienne et lorsque les images de la nuit où je suis parti jaillissent, éclatantes, inévitables, terribles, leur interaction semble masquer un feu nouveau. Une ligne de fracture se dessine devant mes pieds, fine, incomplète et lorsqu’elle craquera, je sais qu’elle m’isolera de la plaque où ils se trouvent tous les deux. Nova l’enjambe et rejoint mon ilot :

- « Cato, hey Cato ! C’est à ton tour ! »

Elle agite une main devant mes yeux :

- « Ah euh ouais. Joyeux anniversaire Nax. »

Je vais chercher ce que j’ai préparé, un genre de gâteau qui ne ressemble pas à grand-chose. Entre le coût des œufs, du lait et de la farine obtenus sur les points de troc, je ne peux pas m’entraîner à préparer ce genre de trucs et la somme de tous ces ingrédients donnera sûrement un truc plus dégueulasse que si je les avais cuisinés à part. Mais à la façon que Nax a de passer un bras autour de mon épaule et de poser sa tête sur l’autre, je sais qu’il s’en fout. On s’assied au sol pour goûter cette expérimentation improbable. C’est pas si mal, même si j’aurais voulu faire mieux. Nax a l’air de manger le meilleur truc de sa vie, Nova éclate de rire car il a des miettes jusque dans les cheveux ce qui lui donne un air inhabituellement con. Les images s’effacent et je culpabilise un peu de l’avoir pensé capable de faire ces choses en mon absence.

La fracture est là, derrière le dos de Nova, mais nous sommes réunis sur mon ilot. C’est tout ce qui compte.