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Message par Le Mech Dim 14 Avr - 1:22


   

Le haut cadre


   

Mentalo Corp's files (part I)


   

Feat Nhóva


   

15/09/8196 - 05:28 PM - La Caste - Institut d'Art Funéraire





- Mais puisque je vous dis que je dois le voir !

Gêné et importuné, l’agent d’accueil se gratta la joue, signe de sa non-maîtrise de la situation. D’où lui venait ce manque de confiance ? Un manque d’expérience ? Un mal-être ? Une mauvaise journée ? Un nouvel emploi ? Un mauvais emploi ? Un mauvais nouvel emploi ? Un mauvais nouvel emploi qui lui donne un mal-être après une mauvaise journée due à son manque d’expérience ?
Le Mech se voyait soudainement piqué d’une curiosité intense. Il se retint cependant de creuser - mais nota ses interrogations dans un coin de sa tête pour plus tard. Pour l’heure, Le Mech était en mission, l’une de ces premières. Fraîchement relooké, le jeune homme de 49 ans avait été approché quelques jours plutôt par un “client”. Chauve, bedonnant, les traits tirés jusqu’aux joues, son apparence physique témoignait de la dureté de son quotidien. Quotidien qui, d’après ces dires, n’avait rien d’enviable.

- J-Je s-suis…  d-désolé. Vous d-devez être de sa famille… P-proche… Pour… pour avoir accès au corps…

Menthalo Corp., c’était le genre de super-entreprise, trop petite pour être signifiante aux yeux des autorités, mais assez grosse pour se permettre quelques magouilles. Chantage, pot-de-vin, détournement de fonds, arnaque ; tout cela avait été rapporté aux forces de l’ordre par le client, qui se trouvait être un haut cadre de la boîte. Mais rien ne se passa, à son grand dam.
Dépité, il entendit d'étranges rumeurs. Un “mec”, qui pouvait l’aider à faire changer les choses en interne. Il n’y croyait pas spécialement, mais une lettre de menace à son domicile et son bureau de travail dégradé l’ont soudainement poussé à réexaminer les atouts à sa disposition. Il mena alors une petite investigation et parvint à remonter jusqu’au Mech. Ce dernier, encore nouveau dans le milieu, ne se cachait pas énormément, ce qui facilitait la tâche. Pour la petite histoire, c’est d’ailleurs l’incident de Mentalo Corp qui l’a obligé à être plus discret, de nos jours.

- Si vous avez de quoi prouver que vous l’êtes… J-e peux vous arranger un rendez-vous… Mais… Mais sinon je ne peux rien faire… Désolé…

Le Mech fronça les sourcils. Il aurait voulu en savoir plus et aider cette personne à surmonter son manque de confiance, mais ce n’était pas la priorité pour l’instant.

- Une preuve ? Une preuve !? Jeune homme, je vous signale que vous parlez de mon frère ! Du sang de mon sang ! Ma seule famille, et vous voulez que je perde mon temps à vous “prouver” que nous sommes liés ??

Tout ceci était bien évidemment faux. Le dernier et seul contact que Le Mech avait eu avec cette personne remontait à quelques jours, et ce n’était pas un cadavre à l’époque. Par contre, elle craignait d'en devenir un ; et la réalité avait donné raison à ses craintes.  Le Mech ne pouvait pas s’empêcher de se sentir coupable d’avoir demandé un temps de réflexion au haut cadre quand il était venu le voir ; il aurait peut-être pu lui sauver la vie. Pourtant, il était là, dans cet institut d’art funéraire, en train de faire des pieds et des mains pour trouver des indices dans les affaires du mort.

- M-Monsieur… Il est… Euh.. Vous êtes… Euh… V-vous ne vous… ahum.. R-ressemb-

- Ah parce que maintenant vous êtes Profiler ! Généticien peut-être ? Pour vous, deux frères doivent obligatoirement avoir la même couleur de peau ? Je croyais que ce genre de pensée était révolue ! C’est outrageant, monsieur ! Je ne vous félicite pas !

Le Mech s'en voulait un peu de profiter ainsi de sa crédulité - ou plutôt de son insécurité.

- N-Non je… J-... Je vais chercher ma cheffe…

Le Mech tiqua en regardant le pauvre homme partir. Raté.
Murmure de Rue
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Le Mech
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Message par Nhóva Dim 14 Avr - 15:40

15/09/8196 - 11:02 AM

– Vous voyez ? Tout est détaillé ici. Il vous suffit de cliquer sur ce bouton – Oui, celui-là même –, pour autoriser le transfert.

Nhóva, la main délicatement posée contre son menton et le coude appuyé sur le comptoir d'accueil, montrait avec beaucoup de lenteur le document à l'agent qui lui faisait face. Ce document, un hologramme flottant émis par l'une des écho-orbes de Nhóva, tremblotait légèrement. L'homme, visiblement perdu parmi les lignes interminables de texte, fronçait les sourcils pour mieux se concentrer. Son malaise, dû à son inexpérience, transparaissait dans ses balbutiements. Heu, oh. Oui. Oui... J-je vois. Tout... Tout à fait. Il était évident qu'il ne saisissait pas pleinement la portée de ce que la thanatopractrice expliquait.

Avec un sourire presque maternel, Nhóva prenait tout le temps nécessaire pour lui expliquer, revenant sur les paragraphes les plus complexes pour les traduire en termes plus simples. Elle faisait preuve d'une patience exemplaire, comme si, dans un temps révolu, elle avait enseigné à une personne âgée à naviguer sur Internet. Pendant que l'agent d'accueil tentait de saisir le sens des mots, Nhóva l'observait du coin de l'œil, notant que ses rides d'expression étaient déjà bien marquées pour son jeune âge.

– Que se passe-t-il ici ? 

La tenancière des lieux interrompit soudainement la scène. Elle s'était faufilée dans la pièce tel un vampire cherchant l'ombre de la nuit, trahie uniquement par le cliquetis de ses talons. Avec un geste presque théâtral, Nhóva se tourna pour la saluer, une main sur le cœur, inclinant légèrement le buste. 

– Tout va bien, chère madame. Nous étions en train de finaliser la demande de transfert de M. Acedia.

– Un transfert ? Je n'étais pas informée. 

La femme, évinçant son employé d'un geste dédaigneux comme on chasserait un chien gênant, fixa l'hologramme toujours actif. Les mains tremblantes de la tenancière ne passèrent pas inaperçues aux yeux de Nhóva. Bien que jeune, la fatigue et la pâleur cireuse de son teint ne correspondaient pas à son âge, révélant un mal-être plus profond.

– Je suis la thanatopractrice sollicitée pour préparer M. Acedia. Comme je l'expliquais à votre collègue, cette demande de transfert émane de la police locale, qui souhaite une investigation approfondie des circonstances suspectes entourant son décès. 

– « Suspecte », dites-vous ? Dans ce cas, c'est au coroner d'intervenir, pas à vous.

Nhóva remarqua que la tenancière se massait souvent le front, comme pour soulager une migraine persistante. Ses yeux cernés trahissaient une lutte silencieuse, perceptible seulement par des observateurs attentifs.

– Vous avez raison, mais les coroners spécialisés sont rares ici et, avec la récente fusillade dans le quartier, les médecins sont bien trop débordés pour s'occuper du cas de M. Acedia. Bien que je ne possède pas leur niveau d'expertise, l'examen de M. Acedia ne peut attendre. Vous vous en doutez certainement, mais je tiens à vous souligner que ma formation en thanatopraxie me qualifie pour réaliser une analyse préliminaire des causes de sa mort. De plus, Ryden, le policier en charge de l'affaire, a expressément demandé mon intervention.

Cette thanatopractrice avait décidément la langue bien trop pendue.

– Certes, mais comme vous le savez, les frais de déplacement et les produits que nous avons déjà utilisés pour préserver le corps ont un coût.

Claquant des doigts pour faire appel à son agent d'accueil sans même lui porter un regard, elle l'invita sans un mot et d'un simple index, à récupérer un carton gisant à quelques mètres d'eux. L'homme retenu un hoquet de surprise, incertain. Elle voulait qu'il porte ça, tout seul ? 

– N'avez-vous pas déjà reçu le virement en guise de dédommagement ? Au nom de Ryden. Quant au transfert, tout a déjà été convenu en amont. Je m'occuperai moi-même du transport et de toute la documentation nécessaire. 

La tenancière, initialement sceptique, vérifia son compte en banque sur son terminal portable pour confirmer le virement mentionné. Marmonnant un bref Ryden, vous dites. Hm. elle parcourut le justificatif complémentaire reçu avec le virement. Finalement, elle dut admettre que tout était conforme. Bien que ses doutes persistèrent un instant, la somme reçue – curieusement arrondie à un chiffre supérieur – suffit à lui faire baisser sa garde.

– Très bien. Elle designa son employé d'un index dédaigneux Il vous assistera dans le transfert du corps.

– De M. Acedia, vous voulez dire, je présume. 

– Pardon ? 

– M. Acedia. « Le corps » n'est qu'une enveloppe charnelle. Le vôtre, le mien, le sien. Le corps dont nous disposons que pour un temps, ne peuvent à eux seul décliner notre identité, n'est-ce-pas ? 

Depuis le début de la conversation, le sourire de Nhóva restait éclatant, affiché fièrement sur son visage de presque quarantenaire. Parlant d'une voix douce, calme et courtoise, avec une touche subtile de malice, elle s'avança pour aider l'agent d'accueil à porter le carton. Malgré les refus embarrassés de l'homme, elle l'invitait sans un mot à la laisser faire. 

– Peu importe. Les morts n'ont plus de droits ni de nom. 

– Au contraire, chère madame.  Elle jeta un regard vers l'homme qui lui invitait à déposer le carton à l'emplacement qu'il lui était approprié. – Ici ? – (...) C'est dans la mort que nous parlons le plus librement. Et c'est là que notre véritable histoire se raconte, sans les masques que nous portons de notre vivant. Il ne se cache plus d'une quelconque facétie ou derrière des normes sociales : il est libre de dire tout ce qu'il souhaite, pour un peu que faites preuve d'écoute et d'empathie.  

– C'est absurde. Les morts ne parlent pas. 

– Vous verrez, d'ici quelques mois, tout au plus, vous penserez différemment.

Une menace ? Un avertissement ? Sourire.

La conversation avait pris un tour personnel. Nhóva, percevant la vulnérabilité de la tenancière qui était peut-être due à une maladie non diagnostiquée ou à des soucis personnels profonds, ne pouvait s'empêcher de lui glisser quelques remarques, dans l'attente d'une réaction.

– Assez. Vos discours sont grotesques. Faites ce que vous avez à faire et que je ne vous revois plus ici. 

Se relevant d'un seul geste, la gérante quitta les lieux pour rejoindre son bureau. Pendant ce temps, Nhóva, arborant toujours son sourire inébranlable, salua la tenancière d'une révérence et murmura quelques dernières syllabes, audibles uniquement par l'employé.

– À bientôt, chère madame.


* * *

15/09/8196 - 05:28 PM


– N-Non je… J-... Je vais chercher ma cheffe…

– J'ai entendu. Sortie de nulle part comme à son habitude, la tenancière lança un regard dédaigneux à son employé par-dessus ses lunettes, le stoppant net dans sa course. – Regarde-toi. Tu transpires comme un porc. Va te changer, tu empestes. C'est la dernière fois que tu salis une tenue de travail. Ça te coûtera sur ta paie.

Femme aigrie de nature, elle congédia son employé d'un geste de la main, écoeurée à l'idée de partager le même air que lui. Ah, si seulement il avait été bel homme, cela aurait compensé quelque peu. Mais non, elle avait dû embaucher ce pauvre type pour gérer l'aspect de son travail qu'elle détestait le plus : interagir avec les familles. Sans entrain, elle se déplaça mollement comme un serpent en pleine digestion, pour tapoter sur le clavier disponible à l'accueil, en face du Mech.

– Il n'est plus ici.

Elle ne prit pas la peine de saluer ou de sourire. Véritable porte de prison, elle ne voyait pas l'intérêt de faire des courbettes, même face à un client. Elle n'était pas arrivée là où elle était pour jouer les hôtesses. 

– Il a été transféré ce matin à une thanatopractrice indépendante. Vous devrez voir avec elle.

Un rictus de dégoût déforma brièvement le visage de la patronne en se remémorant celui de Nhóva. Normalement, il aurait fallu prévenir par téléphone et prendre rendez-vous avant la visite d'un membre de la famille. Mais la gérante n'avait aucune envie d'entendre la voix de la thanatopractrice. Déranger Nhóva en plein travail serait un petit plaisir coupable pour elle. Elle termina rapidement ce qu'elle tapait au clavier, puis transféra au visiteur les indications pour rejoindre la thanatopractrice avec désinvolture, sans lui jeter un seul regard supplémentaire avant de lui faire signe de partir.


* * *

15/09/8196 - 06:24 PM

Dans son atelier, Nhóva était déjà plongée dans ses tâches quotidiennes depuis plusieurs heures. Le client du jour ne correspondait certes pas aux standards de beauté imposés par la société, mais la thanatopractrice y discernait un charme particulier. À titre d'exemple, sa calvitie – probablement source de complexe pour l'homme – lui donnait, aux yeux de Nhóva, une certaine noblesse. Des traces de colle sur son cuir chevelu suggéraient d'ailleurs qu'il avait porté une perruque de son vivant. Quel dommage, songea Nhóva. Pourquoi dissimuler une tête si parfaitement lisse, capable de capturer les reflets du soleil par temps clair ?

Accompagnée de ses deux éco-orbes qui voltigeaient dans la pièce telles des oiseaux migrateurs, Nhóva ne put s'empêcher de sourire en les voyant si actives. Leurs petits cris mécaniques, étrangement mélodiques, conféraient à l'atelier une atmosphère paradoxallement plus vivante que jamais.

Riiing.

Riiing ?


Arquant un sourcil, intriguée, Nhóva jeta un regard à son client du jour, comme pour lui demander silencieusement et avec sérieux : Est-ce que tu as entendu ça, toi aussi ? Lors du second coup de sonnette, elle poussa un léger soupir. Presque gênée d'avoir à faire attendre son client, elle ôta ses gants et son masque avec minutie et délicatesse, comme si elle manipulait quelque chose de précieux et fragile. Troisième coup de sonnette. Décidément, ses fantômes étaient particulièrement bavards aujourd'hui.

Faisant quelques pas dans son atelier en direction des écrans, elle jeta un œil à la caméra de surveillance près de l'entrée et fut surprise d'y découvrir un homme. Un homme bien vivant, qui plus est.

Après quelques minutes, elle grimpa les escaliers pour se diriger vers la porte, non sans jouer des coudes pour l'ouvrir. Il faudra vraiment que je la fasse réparer un de ces jours, pensa-t-elle.

Désormais face à l'homme en question, Nhóva arqua d'abord un sourcil surpris. L'aurait-elle déjà vue quelque part ? Puis, après quelques secondes de silence et d'obervation sans gêne, elle lui offrit finalement un sourire doux et sincère, plongeant ses yeux bleus glacés dans ceux de son visiteur quinquagénaire.

– Oh non, vous êtes bien trop en avance, mon brave. Je ne peux pas concevoir que vous vous imaginiez déjà un pied dans la tombe. Revenez me voir dans quelques années... Mais le plus tard possible, je vous le souhaite.


« Bonjour, que puis-je faire pour vous ? » aurait sans doute été plus approprié pour débuter la conversation...

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Message par Le Mech Dim 14 Avr - 18:42

15/09/8196 - 05:33 PM - La Caste - Institut d'Art Funéraire



- J'ai entendu. Regarde-toi. Tu transpires comme un porc. Va te changer, tu empestes. C'est la dernière fois que tu salis une tenue de travail. Ça te coûtera sur ta paie.

Tous deux surpris par cette voix d’outre… tombe, le jeune homme et le Mech sursautèrent à son apparition. La stupeur passée, Le Mech prit note des mots acerbes de la tenancière et put mettre le doigt sur le problème de confiance de l’agent d’accueil. Du management toxique à base de dépréciation et de menace. C’était bas et, surtout, classiquement inhumain. Qu’une autre personne ose traiter un congénère de la sorte répugnait le Mech. Bien sûr, comme tout à chacun, il savait que le monde évoluait dans une sombre nuance de gris et que ce genre de pratique était plus que courante. Mais en abandonnant son ancienne vie, il s’était promis de ne jamais fermer les yeux sur ce genre d’attitude.

Hélas, alors que la colère commençait à bouillonner en lui, il remarqua que l’entreprise dans laquelle il se trouvait n’était pas bien développée. Malheureusement pour lui, il n’avait pas beaucoup de marge de manœuvre dans les très petites sociétés. Il n’allait pas débarquer et tout casser, ou tenter de raisonner un patron ;  d'autant plus que c’était généralement des endroits où de pauvres âmes tentaient de gagner de quoi survivre jusqu'au jour suivant. Le Mech prit sur lui, mais il resta résolu à agir.

Il prit les renseignements de la tenancière avec une amabilité dont il n’avait pas fait preuve avec le jeune homme, puis sortit du bâtiment. Il attendit quelques instants, puis entra à nouveau. Comme il l’avait prédit, la vieille était retournée à ses affaires et le jeune était de nouveau seul à l’accueil, fraîchement rhabillé. Discrètement et de sa main valide, le Mech lui intima de le suivre dehors. Sans attendre sa réponse - ce qui assura sa coopération, le Mech sortit de nouveau. En face de la porte d’entrée, là où les oreilles - ou caméra - de la tenancière ne pouvaient pas entendre, le Mech commença :

- Hey, petit. Elle te malmène ?

Apeuré, comme s’il venait de se rendre compte qu’il venait de suivre un inconnu, le jeune homme baissa la tête, s’apprêtant à tourner les talons pour retourner à l’intérieur.

- Parce que tu crois être en sécurité là-dedans ? Moi, de ce que je vois, c’est que si tu persistes une semaine de plus ici, tu vas finir comme tes clients. Froid, raide et pas fréquentable.

Le Mech afficha un grand sourire, d’une chaleur qui n’avait rien à voir avec son jeu d’acteur d’un peu plus tôt, quand il cherchait à se faire passer pour le frère du cadavre.

- Tu vaux bien plus que cela.

Il chercha immédiatement le contact visuel en se rapprochant de lui et en se baissant légèrement. Le jeune en fut des plus troublés, ce qu'il manifesta en se grattant intensément la joue.

- Je peux le voir.

Il marqua une pause de quelques secondes pour boire ses yeux et le calmer.

- Tu as une infinité de possibilités devant toi. Ce qu’il semble te manquer, c’est simplement le mojo. L’énergie qui va te porter là où tu veux… D’ailleurs… Tu veux atterrir où ?

Le jeune ne trouva pas de réponse, il chercha de nouveau à fuir.

- Plutôt, c'est quoi ton souhait le plus fou, hm ? On a tous des envies farfelues. Moi par exemple, ça change tous les jours. Là j’ai juste envie de sucre. Genre, des bonbons chimiques empestent la gélatine, recouvert de sucre, tu vois ? Et toi ?

Hésitant, l’agent jeta un coup d’œil rapidement derrière lui. Il aurait de sacrés ennuis si on le prenait à déserter son poste. Mais l’homme en face de lui ne semblait pas vouloir le laisser partir et… quelque chose en lui l’intriguait. Lui qui avait toujours baissé les yeux, c’était la première fois - de mémoire - que quelqu’un venait chercher son regard. Il réfléchit alors, puis annonça timidement :

- La… L-a meilleure viande… Du monde…

Le Mech ne put contenir une moue déçue. Femme, richesse, drogue. Les jeunes savent normalement s’amuser. Il venait de perdre une occasion de lui faire la morale en choisissant immédiatement une réponse qu’il considérait acceptable. Il s’en résigna et continua :

- J’ai goûté la meilleure viande que je pouvais me payer dans ma jeunesse. C’était un prix à 4 chiffres de mémoire, et le premier, ce n’était pas 1, haha. C'est plus que ce que tu gagnes par mois, et c’était un délice. Tendre, juteuse, on aurait juré qu’elle était naturelle !

Se remémorant ce souvenir avec nostalgie, le Mech prit quelques secondes pour ravaler sa salive.

- Et ce n’était rien comparé aux gueuletons que doivent se faire l'Élite là-haut. Tu penses pouvoir te payer une viande aussi chère en travaillant ici ?

Pas de réponse de l’interlocuteur, ce qui sembla extrêmement gêné de la question, au vu de son insistant grattage de joue.

- Évidemment que non. Ici, tu n’auras que le bas de gamme du bas de gamme. Des abats, surgelés le jour de leur péremption. Il faut que tu te donnes les moyens de ton ambition.

Le Mech posa sa lourde main mécanique sur l’épaule du jeune homme, qui peina à en supporter le poids.

- Si tu veux la meilleure viande du monde, alors tu dois le mériter. Tu dois user de tous les moyens à ta disposition pour réussir. Ton cerveau, et ton cœur. Toi seul connais la voie à suivre.

Il retira sa main et chercha une carte dans la proche de son blouson. Un simple code-barre y était imprimé. Une fois scanné, il menait à ses réseaux sociaux.

- Mais si tu veux de l’aide en chemin, tu n’as qu’à me retrouver.

Lui adressant un ultime sourire, Le Mech le laissa sur ces mots. Le voyant partir, le jeune homme resta un instant sur place, songeur. Que venait-il de se passer ? Quel était ce sentiment qu’il ressentait ? Comme une vieille sensation… De l’amour ? De l’espoir ? C’était quelque chose entre. Comme un doux feu qui venait d’être sauvé de son extinction. La tête troublée par tout cela, il s’apprêta à retourner à son travail quand, au loin, Le Mech lui cria une question :

- AH EN FAIT ! TU T'APPELLES COMMENT ??

Le jeune resta la bouche ouverte un instant. Décidément, entre la femme bienveillante de la matinée et celui-là, il avait rencontré du beau monde aujourd’hui. Il sourit, déridant l’air renfermé qu’il avait sur le visage, avant de crier à son tour :

- JEVAST !

* * *

15/09/8196 - 06:25 PM - La Caste - Atelier de Nhóva



Trois quarts d’heure après, le Mech s’était rendu à l’adresse transmise par la tenancière de l’institut funéraire. L’endroit ne payait pas de mine. Il ne s’attendait pas à un endroit neuf, superbement décoré et attirant, vu le quartier et la nature de l’atelier. Mais malgré cela, il s’attendait au moins à voir des fleurs synthétiques - ou en plastique, voire des ornements devant la porte d’entrée. D’ailleurs, il réalisa qu’il avait visité deux lieux assez sordides aujourd’hui. Qu’il en vivait des choses, depuis sa délivrance de son ancienne vie !

Le Mech sonna à la porte, attendit patiemment 2 secondes avant de recommencer. Il tiqua. Personne à l’intérieur ? Il sonna une troisième fois pour en être certain. Toujours personnes après 2 nouvelles secondes, l’endroit était assurément vide. Discrètement, il jeta plusieurs coups d'œil autour de lui en enlevant le gant plein de sucre qui cachait sa prothèse mécanique. Personne dans le coin ? Il ne lui restait plus qu’à laisser la force de la technologie faire son œuvre. Il aurait pu opter pour un forçage dans les règles, mais cela aurait pris du temps. Si alarme il y avait, il serait déjà bien loin avant que le moindre policier ne débarque. Il leva le poing, mais fut immédiatement interrompu par l’ouverture de la porte. Le Mech rangea rapidement son bras, le remplaça par un sourire chaleureux.

– Oh non, vous êtes bien trop en avance, mon brave. Je ne peux pas concevoir que vous vous imaginiez déjà un pied dans la tombe. Revenez me voir dans quelques années... Mais le plus tard possible, je vous le souhaite.

Son sourire se dissipa quelques micro-instants. Vous pensez, à chaque décennie qui passe, que l’âge n’est qu’un nombre, que les remarques sur vos rides et vos cheveux gris ne vous feront plus rien à un moment… Mais la piqûre de ces remarques était toujours modérément amère… Et elle l’était d’autant plus quand c’était une petite jeune qui vous l’infligeait. Le Mech éclata d’un rire franc et bruyant.

- Haha, et moi donc ! Je tâcherai de me promener avec votre adresse dans la poche dans ce cas.  Qu'on sache que vous m'attendez s’il m’arrive malheur !

Il se calma - tant bien que mal - et effaça une larme d’amusement naissante de sa main valide. Bien sûr qu’il n’aimait pas qu’on lui rappelle que son temps était compté, mais il arrivait à voir le comique de la scène. Une croque-mort - à défaut du terme technique, inconnu du Mech - qui accueille un vieux en lui disant cela.

- Mais je ne suis pas là pour cela, aujourd’hui.

Continuant la blague, une malfonction de son bras mécanique déclencha un léger réflexe de préhension dans le vide. Habitué, il n’y prêta pas plus d’attention. Il avait appris à ne réagir que s’il sentait de la fumée ou que des étincelles apparaissaient.

- En fait, je suis à la recherche d’un dénommé Acedia. Enfin, de… Euh… De son corps…

Le Mech feint la gêne, empruntant l'étrange toc de Jevast.

- Désolé, c’est encore tout récent pour moi… Acedia était un bon ami et… Son départ ne m'apparaît pas encore… Ancré.

Fourbe ? Non. Le Mech était astucieux. Il cherchait à se connecter à la femme en face de lui, pour atteindre son objectif. D'office, il avait deviné une personnalité "pétillante", non hostile - pour l'instant. Si son éclat de rire était on ne peut plus sincère, il se devait de tout faire pour maintenir ce lien.

- Je suis passé dans un institut d’art funéraire à l’instant, et on m’a dit qu’il avait été transféré ici.

Il laissa l’information s’enregistrer dans le cerveau de son interlocutrice, puis continua.

- Je ne suis normalement pas très versé dans les hommages, mais… Il a tant fait pour moi de son vivant, alors j’aimerais, si cela est possible, le remercier. Je ne sais pas si ça servira à quelque chose… Mais je sens que je dois le faire.

En vérité, le Mech se fichait qu’elle le laisse entrer ou non. Lorsqu’elle avait ouvert la porte, il avait pu voir qu’elle semblait en assez mauvais état. Dans le pire des cas, il reviendrait un peu plus tard dans la nuit, persuadé de pouvoir entrer sans faire trop de bruit. Néanmoins, il lui fallait savoir si le cadavre qu’il cherchait était bien ici. Ce serait bête de cambrioler la mauvaise chambre froide, n’est-ce pas ?
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Message par Nhóva Dim 14 Avr - 23:02

HRP:

Voyant que l'homme avait perdu son sourire suite à sa remarque, le visage de Nhóva s'assombrit légèrement. Elle ne se sentait pas coupable – pourquoi le serait-elle ? – d'avoir souligné son âge avancé de cette manière, mais elle était déçue de constater que, jour après jour, l'humanité refusait d'accepter sa mortalité. Pire encore, elle rejetait la vieillesse à tout prix. Pourquoi ne pouvaient-ils pas apprécier les rides comme un mérite dû ? Pourquoi la transformation progressive de leur corps était-elle si douloureuse pour eux ? N'était-ce pas un cadeau précieux de la vie ? N'avaient-ils pas profité de leur jeunesse offerte si généreusement ? Ce que la vie leur avait donné sans compter, n'était-il pas normal qu'elle le reprenne un jour ?

Soudainement, le rire du Mech tira Nhóva de ses pensées. D'abord décontenancée par sa réaction, son sourire réapparut alors qu'elle écoutait les premiers mots du quinquagénaire. Était-ce bien un rire qu'elle entendait ? Un rire véritable et sincère ? Rayonnante, Nhóva se sentit aussitôt revigorée, comme si l'air pur des montagnes d'autrefois et l'air salin de la mer s'étaient mélangés. Les paroles de l'homme étaient comme une bouffée d'oxygène pour la thanatopractrice, qui voyait en lui, un spécimen de plus en plus rare au sein du dôme.

Le rictus précédant l'exaltation. Ses joues rosies par un rire sincère. Une larme naissante au coin de ses yeux... Il n'existait pas de chef-d'œuvre plus parfait que cet instant éphémère. Le Mech venait de lui offrir une nouvelle toile précieuse pour sa collection mnésique personnelle.

Le cœur vibrant de satisfaction, elle lui fit une révérence presque chevaleresque, puis ferma les yeux un instant, la main sur le cœur :

– Tout le plaisir sera pour moi, cher bel ami. Je serai honorée de vous accompagner dans votre voyage et d'écouter vos aventures lorsque le moment sera venu.

Si l'humour de Nhóva pouvait parfois sembler douteux ou embarrassant, il contrastait parfaitement avec ses manières et son ton solennel. Certains auraient pu jurer qu'elle appartenait aux habitants du Lys, tant elle paraissait princière dans sa façon de converser. Mais que ferait une fleur au milieu d'un tas de poussière comme ici ? À dire vrai, elle se rapprochait plus de ces majordomes discrets : impeccables dans leur comportement, irréprochables dans leur travail. Mais n'était-ce pas eux que l'on devait craindre le plus ? Qui, sinon eux, connaissait mieux les secrets les plus sombres des familles auxquelles ils dévouaient leur service ?

– Ne vous inquiétez d'ailleurs pas pour la tenue que vous porterez ce jour-là : avec la couleur de vos yeux, tout vous va à merveille, j'en suis convaincue.

Du calme Nhóva. Ne gâche pas tout. Pas avec une si belle rencontre comme celle-ci.

Souriant presque pour elle-même, la thanatopractrice retrouva finalement son calme, sans remarquer le tremblement involontaire de la main mécanique de son invité. Elle pensa un instant que quelque chose n'était pas naturel chez lui, mais sans avoir le temps de s'y attarder, elle resta alerte. Un simple réflexe de survie nécessaire dans le dôme.

Quand Le Mech mentionna le nom d'Acedia, Nhóva leva un sourcil, tout en conservant son sourire impeccable. Les déclarations de son visiteur avaient un air de sincérité, et il fit même allusion à l'institut d'art funéraire. La suivait-il depuis le début dans l'intention de dérober ses biens ? Restant sur ses gardes, mais préservant son calme et son sourire, elle l'écoutait attentivement. Si Le Mech jouait un rôle, il aurait pu être un acteur de renom dans une autre vie.

Nhóva ne recevait que rarement des visiteurs sans rendez-vous préalable, surtout lorsqu'ils n'étaient pas de la famille proche du défunt. La tenancière lui aurait-elle joué un tour en omettant de la prévenir ? Un sourire amusé se dessina sur son visage à cette pensée. Oh, quels sombres secrets cachez-vous, chère madame ?

– Ne soyez pas gêné. Nous traversons tous le deuil à notre manière… Veuillez accepter mes condoléances les plus sincères.

Nhóva avait repris son rôle habituel de marchande de la mort avec une sincérité inébranlable. Autrefois, elle n'avait pas saisi la nécessité d'exprimer sa sympathie aux familles endeuillées. Une leçon durement enseignée par son oncle lorsqu'elle était encore apprentie. Les familles ont perdu un être cher, Nhóva. Tu dois être compatissante en toute circonstance et les aider à traverser leur deuil, lui disait-il. Pourquoi ? Rétorquait-elle. Ils sont encore en vie, eux. Ne devrions-nous pas plutôt exprimer nos condoléances au défunt pour avoir perdu la vie ?

« Folle », vous dites ? Peut-être.

– Je me dois toutefois de vous prévenir que M. Acedia n'est pas encore prêt à recevoir des visiteurs. Si vous voulez bien patienter quelques instants dans le salon, je suis convaincue qu'il sera enchanté de vous recevoir.

« Cinglée. »

Mais Nhóva n'était pas naïve. Des trafiquants occasionnels aux dérangés du samedi soir, elle en avait vu assez pour savoir que certains n'hésitaient pas à user leur charme pour obtenir ce qu'ils désiraient. Vous êtes surpris ? Les profanations étaient malheureusement monnaie courante dans le dôme. Si les plus pauvres étaient jetés dans le Gouffre sans scrupule, ceux assez fortunés pour bénéficier d'un soin particulier avant la crémation pouvaient voir leurs dépouilles pillées. Objets de valeur, bijoux, membres mécaniques... Tout ce qui pouvait être volé sur un cadavre représentait une opportunité pour le voleur moyen.

Aussi, si Le Mech était vraiment l'œuvre d'art subtile qu'elle espérait et non un vulgaire voleur, Nhóva savait qu'elle devait continuer à jouer le jeu. Elle décida donc de poursuivre leur joute verbale, scrutant attentivement chaque expression, chaque geste qui pourrait révéler sa véritable nature. Mieux qu'une lame bien aiguisée, les mots et les gestes étaient des armes bien plus tranchantes.

– Puis-je me permettre de connaître votre prénom ?

D'un geste, elle lui tendit une main respectueuse afin de serrer la sienne avant de lui faire signe de la suivre, s'il le voulait bien.

Pour rejoindre son antre, il fallait au préalable descendre quelques marches pour arriver au sous-sol. En descendant, Nhóva prévint son invité de faire attention à une marche bancale couverte d'une tôle de métal mal fixée. Si l'escalier semblait poussiéreux et mal entretenu, l'atelier, lui, était impeccable. Peut-être même un peu trop, pour être honnête.

Tournant vers la droite pour guider Le Mech vers ce qu'elle avait précédemment nommé « le salon », ce dernier n'en portait en réalité que le nom. Le mobilier consistait en un canapé de récupération, certes confortable, et un fauteuil menaçant à tout moment de laisser échapper un ressort à travers son tissu usé. Un petit autel dédié aux objets appartenant autrefois aux défunts ajoutait une touche personnelle, tandis que plusieurs écrans, bien que moins nombreux que dans la pièce adjacente, parsemaient les murs. Étrangement, l'endroit pouvait presque vous faire sentir comme chez soi... Si l'on faisait abstraction du fait qu'à seulement quelques mètres, séparé uniquement par une paroi aussi mince que du papier, reposait un cadavre.

– Souhaiteriez-vous un café ou de l'eau pour vous rafraîchir ? Il doit me rester quelques mignardises également si vous avez un petit creux.

Par mignardises, elle entendait des barres énergisantes et des paquets d’algues. Rien de très appétissant ni particulièrement cher, mais elle aimait parfois surprendre son palais en mélangeant ces ingrédients pour découvrir de nouvelles saveurs... Ou du moins, essayer.

– Si vous le désirez, nous pouvons continuer de converser pendant que j'aide M. Acedia à se préparer.

À ces mots, ses deux éco-orbes arrivèrent par la porte, tournoyant joyeusement autour de la thanatopractrice, émettant des petits gazouillements mécaniques. Connectées en permanence, elles partageaient instantanément toute information captée. Toutefois, Nhóva ne mentionna pas au Mech que les éco-orbes enregistreraient toute leur conversation. Deux précautions valaient mieux qu'une.

Se dirigeant dans la pièce adjacente, Nhóva retourna à son travail, remettant ses gants et son masque avec soin. Elle souleva le drap recouvrant le corps de son client et commença à inspecter minutieusement chaque détail pour le rendre présentable, tout en parlant doucement, presque en murmure. L'éco-orbe à ses côtés s'activa, transmettant sa voix à celle qui accompagnait le Mech pour qu'il puisse l'entendre.

– Vous disiez être un ami de M. Acedia, c'est bien cela ? Puis-je vous demander comment vous l'avez connu ?

Une petite investigation ne faisait jamais de mal.

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Message par Le Mech Lun 15 Avr - 21:24

– Tout le plaisir sera pour moi, cher bel ami. Je serai honorée de vous accompagner dans votre voyage et d'écouter vos aventures lorsque le moment sera venu.

Le Mech haussa un sourcil d’incompréhension. Écouter ses aventures ? Planifiait-elle d’être à son chevet avant son trépas ? C’était… Étrange de dire cela à un inconnu ; surtout vu l'enchaînement de ces phrases. Elle semblait vouloir l’écouter APRÈS sa mort ? Serait-elle une de ces illuminées qui croyaient dur comme fer à une vie après la mort ? Il resta perplexe face à la remarque, mais ne le montra pas.

– Ne vous inquiétez d'ailleurs pas pour la tenue que vous porterez ce jour-là : avec la couleur de vos yeux, tout vous va à merveille, j'en suis convaincue.

- Hm ?

Laissa échapper le Mech. Cette dernière remarque l’avait surpris et même, quelque peu décontenancé. C’était assez rare qu’il ne sache pas comment réagir ; encore plus qu’il ne maitrise pas ce qui sortait de sa bouche. S’il était vrai que le domaine post-mortem le mettait mal à l’aise, il ne s’attendait pas à ce que le fait de parler concrètement de sa propre mort soit aussi… Gênant. Lui qui disait à tout-va qu’il vivrait jusqu’à en mourir, se retrouvait finalement bien dépourvue quand on lui évoquait sa dernière tenue. "Était-ce une réaction normale ?” Se surprit-il à penser ? “Non”, rejeta-t-il. La normalité n’existe pas ; ou plutôt, ce n’était qu’une agglomération de convention. C’était donc au Mech de choisir s’il adhérait ou non à cette convention.

Il prit quelques secondes, puis hocha de la tête.

- Certes !

Affirma-t-il en remettant son sourire. Il enchaîne ensuite sur l’objet de sa visite. Enjoliver la vérité du mensonge avait ces atouts, mais aussi des inconvénients. D’un côté, un alibi peu vérifiable le protégeait, mais l'exposait aussi à la perte du lien qu’il avait créé avec cette femme. Non pas qu’il y accordait une importance autre que celle liée à sa mission, mais le Mech n’était pas misanthrope. S’il pouvait éviter de faire souffrir, quel que soit le degré - et de se décrédibiliser -, il n’en serait plus heureux. Aussi, la culpabilité de l’imposture le saisit à la gorge quand il accepta les condoléances de la croque-mort. Cet Acedia avait sans doute de la famille qui saurait quoi faire de telle considération ; et pourtant, c’était lui qui les recevait et qui les balayait d’une simple inclinaison de la tête. Qu’il était dur d’être le Mech.

La prochaine question de la dame le fit sortir de ses auto-accusations internes. Son prénom ? Son prénom ? SON PRÉNOM ??? Le temps sembla se figer pour le Mech. Cela faisait 7 années qu’il avait abandonné son ancienne vie et personne ne le lui avait demandé. À y repenser, même dans son ancienne vie, peu de gens avaient pris cette peine. Au travail, il avait son badge et à la maison, c’était le silence. Bien sûr, il aurait fièrement annoncé être le Mech, mais cela pouvait se retourner contre lui. Certes, il n’était pas encore très connu ; mais user d’un alias face à une inconnue - à qui il venait déjà de mentir - risquait d’éveiller des suspicions.

Pourtant, l’idée de donner son véritable nom l’horrifiait, encore plus que de penser à la tenue qu’il porterait quand il s’en irait les pieds devant. Il s’était juré de ne plus jamais le laisser s’échapper de ses lèvres. Il sursautait quand il entendait quelqu’un appelé un homonyme dans la rue, ou quand des syllabes trop voisines voyageaient jusqu’à ses oreilles. Cet homme était mort. “Hm ? Il est mort ?” réalisa Le Mech. Il était mort, 7 ans auparavant. Pas d’enterrement, pas de tenue spéciale, pas de condoléances. Pire que cela, le Mech l’avait honni en guise de punition ultime. Cet être, incapable de se gérer lui et sa vie, ne méritait rien, il en était sûr. Et pourtant, s’il voyait son incarnation en tant que Mech comme étant une renaissance, bienfaitrice et délivrant, cela voulait bien dire que la personne qu’il était avant était morte. Et cette idée, pour la première fois en 7 ans, lui donna un frisson le long de sa colonne vertébrale.

- Le Mech.

Se résigna-t-il à dire en lui tapant dans la main. Son masque tomba quelque peu à ce moment, mais il le remit bien assez vite. Tant pis pour les suspicions. Il n’était plus l’homme qui est mort il y avait maintenant 7 ans, cela aurait donc été un autre mensonge.

- C’est comme ça qu’on me connaît depuis un moment maintenant… Avec un H à la fin, bien sûr.

Son bras fit de nouveau des siennes. Il pensa à s’en occuper lorsqu’il rentrerait dans son squat du moment.

- Et vous ?

Demanda-t-il, impatient de changer de sujet de conversation.

Il la suivit ensuite dans son atelier. Naturellement et tout en l’écoutant, le Mech alla directement s'échouer dans le canapé, s’étendant au passage de tout son être sur le meuble. Après tout, il était techniquement un client, ou du moins un assimilé, il pouvait bien s'asseoir comme il l'entendait.

Il hésita à accepter l’offre d’apéritif. En effet, il ne put s’empêcher de penser que cet endroit devait avoir des chambres froides et que, par praticité, certaines servaient pour leur objectif principal, mais aussi de palliatif en cas de congélateur HS. Pour peu qu’un des joints d’étanchéité de climatiseur de la morgue n'ait pas été changé à temps, cela posait quelques soucis hygiéniques qui firent tiquer le Mech.

- Ça ira, je viens de m'empiffrer de bonbons, à vrai dire.

Avoua-t-il humblement, sans émettre la moindre once de culpabilité envers l'entorse à son régime.


Il accepta la conversation à distance. L’arrivée soudaine de deux orbes flottants le fit se redresser sur le canapé. Ses yeux, avisés d’années chez la filiale R&D de Morlock Inc, ne purent s’empêcher de s’émerveiller face aux bijoux technologiques qu’il avait sous les yeux.

- Ils flottent ? Par impulsion ou répulsion ? Magnétisme ?

Le Mech était à deux doigts de sortir le tournevis caché dans son bras mécanique. Il se retint cependant ; ces objets semblaient valoir une petite fortune - surtout pour le sans-abri qu’il était maintenant.

Il laissa ensuite la femme retourner à son œuvre, non sans suivre les orbes de regard jusqu’à ce qu’il ne puisse plus. Si une troisième personne le voyait faire, ou si les éventuelles caméras de surveillance étaient revisionnées, on aurait cru qu’il dévorait la croque-mort des yeux pendant qu’elle lui faisait dos. Mais il n’en était rien : il n'avait que les mini-drones dans sa ligne de mire. Son esprit alla les analyser sous toutes les coutures. Comment flottaient-elles ? Comment pouvaient-elles être aussi petites ? Ce n'était pas nouveau, mais il n'en avait jamais démonté avant.

La question adressée en outre pièce le ramène à la situation actuelle. Le Mech retrouva alors son calme, se souvenant de la raison de sa venue, et se remit à s'étendre sur le canapé.

- Il est venu me voir pour régler un de ces soucis. J’ai mis trop de temps et… Je pense que c’est ce qui a causé son invitation chez vous.

Trop grand pour le meuble, il laissa sa tête tomber dans le vide, en arrière.

- En vérité, je m’en veux de ne pas avoir accepté de l’aider immédiatement. Du coup, je me suis dit que j’allais passer le voir avant d’aller trouver ceux qui lui ont fait ça.

Le Mech n’eut aucune hésitation à raconter cette histoire. Ce n’était que pure vérité,  et cela collait parfaitement avec son enjolivement précédent.

- D’ailleurs, ça serait assez inopportun de ne pas le demander. Vous n’auriez pas remarqué quelque chose d’anormal ? Genre, son terminal manquant ? Une plaie non usuelle ?

Passage graphique décrivant les rumeurs sur le sanglant assassinat d'Acedia.:

Pour le Mech, la situation était claire : sa mort en elle-même était un assassinat, mais les moyens utilisés par l’y amener était un avertissement. Restait maintenant à savoir à qui il était adressé et surtout, pourquoi ?
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Message par Nhóva Mar 16 Avr - 18:47

Quand son invité frappa sa main au lieu de la serrer, Nhóva suivit le mouvement presque par réflexe, sans le vouloir. Sa main oscilla légèrement en arrière avant qu'elle ne reprenne le contrôle, comme en réponse à un balancier. Bien qu'une poignée de main traditionnelle aurait pu lui offrir un aperçu de la force physique du Mech, cette réaction inattendue se révéla rafraîchissante. Quelle bien amusante réaction de la part de cet homme.

Lorsqu'il révéla finalement son prénom de manière nonchalante, Nhóva arqua un sourcil, un petit sourire malicieux aux lèvres.  C’est comme ça qu’on me connaît depuis un moment maintenant…  Affirmait-il. Son prénom d’origine était-il connu ? Était-il une figure influente du dôme ? Intriguant.

À sa question, elle se contenta de répondre par un simple : – Nhóva. Contrairement au Mech, elle ne ressentit pas le besoin de l'épeler, malgré la particularité dans l’écriture de son prénom. Un héritage de son père qui désirait de l'originalité lorsqu'il le lui avait choisi. Une manière pour lui de démarquer sa fille ? Qui sait. À dire vrai, la principale concernée s’en fichait.

Lorsqu'il mentionna avoir récemment dégusté quelques confiseries, Nhóva fut sceptique. Par contraste, elle n'avait eu l'occasion d'en goûter qu'une seule fois pendant son enfance. Elle et sa sœur avaient considéré ce bonbon comme un trésor des plus précieux. Était-ce à cause d'un manque de moyens financiers de leurs parents ou le résultat d'une éducation stricte qui les avait amenées à tant valoriser cette friandise ?

Mais lorsque, finalement, elles avaient cédé à la tentation... Nhóva en avait détesté le goût. De nombreuses années sans sucre pouvaient manifestement rendre quelqu'un intolérant à de tels plaisirs, les papilles gustatives n'étant pas habituées à accueillir une telle saveur.

Sa réaction émerveillée devant ses éco-orbes provoqua chez Nhóva un rire malicieux. En guise de réponse à son admiration, elle souffla un – Fascinant, n’est-il pas ? pendant que l'une des sphères se frotta joyeusement contre sa joue. Bien que Nhóva ne discutait pas ouvertement de l'intelligence artificielle des orbes, elle ne les cachait pas non plus. Comme l'éléphant dans une pièce, la répression psychologique pouvait parfois suffire à dissuader les moins téméraires.  

– Si vous êtes sage, je vous laisserai peut-être y jeter un œil afin d’en comprendre leur principe de fonctionnement.

Un mensonge, bien évidemment. Nhóva n'avait aucune intention de laisser quiconque manipuler ses précieuses écho-orbes et surtout pas un inconnu qu'elle venait de rencontrer. Mais, dans toute bonne stratégie, il était crucial de savoir jouer ses cartes, même si cela signifiait devoir divulguer certaines informations pour en obtenir d'autres en retour. Comme aux échecs, il fallait être prêt à accepter l’éventualité de perdre un cavalier pour mieux protéger sa reine.  

Dans les faits, les écho-orbes étaient équipés de minuscules générateurs d'ions, accélérés par un champ électrique interne, créant ainsi une poussée qui leur permettait de flotter et de se mouvoir dans l'air. Elles captaient la lumière – naturelle ou artificielle – et cette énergie était stockée dans des batteries au lithium-ion. Quant aux mouvements des sphères, ils étaient contrôlés par des microprocesseurs qui régulaient l'intensité et la direction des ions propulsés, sans aucune intervention humaine directe.

Bien entendu, en cette année de 8196, Nhóva ne connaissait pas encore tous les détails de la technologie des éco-orbes, et il était évident qu’elle avait encore beaucoup à apprendre. Depuis plusieurs années, elle avait l’habitude de réaliser divers tests sur ses appareils afin d'en améliorer sa compréhension. Malheureusement, ses expériences n’étaient pas souvent fructueuses. Elle avait certes accumulé des connaissances qu’elle gardait secrètes, mais elle était loin de se considérer comme une experte.

Dans un monde où la culture, l'information et l'éducation n'étaient plus des priorités pour l'humanité, accéder à des ressources éducatives ou des tutoriels s'avérait compliqué. Nhóva s'efforçait d'apprendre autant que possible auprès de ceux qui maîtrisaient mieux ces technologies, sans jamais révéler ses véritables motivations ni l'existence de ses éco-orbes. Après tout, la thanatopraxie était peu demandée en règle générale, il n’était donc pas si surprenant qu'elle envisageait de se reconvertir pour gagner sa pitance.

Néanmoins, Nhóva était encore loin de percer tous les secrets de ses éco-orbes, mais espérait pouvoir un jour améliorer significativement leur performance en approfondissant ses recherches. Peut-être devrait-elle envisager de collaborer avec d'autres esprits brillants, plus qualifiés qu'elle, pour avancer dans cette quête.

Revenant vers Acedia, Nhóva rassemblait mentalement les informations de son second invité afin d'en dresser son profil. Cinquantenaire, semble en bonne forme physique, avec une appétence pour les douceurs sucrées. Sa curiosité et son comportement détaché, affalé sur le canapé, tapotant de la main pour saluer, lui faisait penser au comportement d'un adolescent. De l'immaturité ? Non, c'était autre chose. Une nuance que Nhóva ne parvenait pas tout à fait à saisir.

Il était toutefois évident que Le Mech n'était pas policier. S'il l'avait été, il aurait montré un insigne ou se serait clairement identifié comme tel. Un Gardien, peut-être ? L'hypothèse était plausible, étant donné le discours de l'homme.

– Si je comprends bien, vous avez noué une amitié relativement récente avec M. Acedia et vous avez l'intention de lui rendre justice.

Concentrée sur son travail, Nhóva ne laissait transparaître plus aucune émotion. C'était dans ces moments, face à une dépouille particulièrement abîmée comme celle d'Acedia, que la thanatopractrice montrait son professionnalisme et sa maîtrise.

De ce qu'elle entendait, la voix du Mech ne trahissait pas de mensonge apparent, mais Nhóva ne pouvait en être certaine. Son expérience entre La Passerelle et La Caste lui avait appris l'importance de la vigilance. Bien que l'homme soit plus âgé, elle ne pouvait se permettre de baisser sa garde. Elle avait beau être ici en terrain connu et disposait d'instruments de thanatopraxie tranchants, une attaque surprise du Mech pourrait s'avérer désastreuse.

Et si les éco-orbes étaient censés dissuader toute tentative hostile, pour un peu que Le Mech était perspicace, il se douterait que ses mouvements étaient surveillés par l'éco-orbe à ses côtés. Cependant, même ces dispositifs avaient leurs failles. Il existait toujours un angle mort que le Mech pourrait exploiter pour se soustraire à leur vigilance et attaquer Nhóva par surprise, lui accordant ainsi un avantage considérable.

– Tout à l'heure, vous exprimiez le désir de lui rendre hommage pour tout ce qu'il avait fait pour vous...

D’un coup d’œil, elle remarqua que les coutures refermant le cou d’Acedia avaient été bâclées. Apparemment, la personne précédente ne s'était ni appliquée ni attardée sur les détails, se contentant de fermer la plaie béante davantage par souci sanitaire que pour soigner l'apparence du défunt.

– ... Considérez-vous la vengeance, comme un éloge funéraire approprié ?

Dans d'autres circonstances, Nhóva aurait pu plaisanter sur le fait qu’une rixe sanglante lui donnerait du travail supplémentaire... Mais le moment n'était plus à la légèreté. Avec des gestes d’une grande lenteur et précision, tel un pianiste lors d'un récital, Nhóva retira les coutures pour les refaire avec plus de soin. Nettoyant au préalable la zone et disposant ses outils à portée de main, elle attendait patiemment une réponse de la part du Mech afin d'entendre son opinion sur le prétendu droit qu'un individu pouvait s'arroger pour faire justice.

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Message par Le Mech Mar 16 Avr - 22:13

Nhova, ainsi donc, était le nom de la croque-mort. Comme de nombreux détails du quotidien, le Mech l’enregistra inconsciemment dans sa mémoire. Ici, dans ce bâtiment, travaillait donc Nhova, une femme qui semblait quelque peu inhabitée aux interactions sociales, très certainement à cause de sa ligne professionnelle. Le Mech n’en pensa pas plus. Chaque grain de sable ayant son histoire, vouloir tout connaître du désert était irréalisable ; il se contentait donc généralement du strict minimum.

Un peu plus tard, cette Nhova lui proposa de lui apporter plus de connaissances sur les mini-drones, en échange “d’être sage”. Effectivement, fasciné par les appareils, il considéra sérieusement l’affaire. Au vu du quartier, de sa condition plus ou moins précaire, et des circonstances, il douta sérieusement de son offre. Qu’avait-elle à gagner à partager sa technologie ? Surtout avec une contrepartie aussi faible. Ils n’étaient que des inconnus, très certainement voués à ne plus se rencontrer après cet instant. Le Mech eut un léger rire, inaudible pour la maîtresse des lieux, en repensant au début de l’échange. Lui ne la rencontrerait peut-être plus, mais il y avait des chances qu’elle le revoit un jour.

Toujours affalé comme s’il était venu chercher un loyer dû, le Mech se laissait bercer par le doux ronronnement de l’orbe volant non loin de lui, et par la réponse que lui apporta Nhova. Réponse qui fut en réalité l'exposition de ses théories - certes, véridique - et une question. C’était amusant. Semblant réagir à une provocation en provoquant à son tour, le Mech s’assit enfin convenablement. Son mensonge semblait ne pas avoir tenu longtemps, mais ce n’était pas spécialement gênant pour sa mission. Personne n'attendait l'honnêteté d'inconnu, surtout aussi proche de la Passerelle. Cela l’avait quand même rappelé à l’ordre : chaque grain de sable avait son histoire, il ne fallait donc pas les traiter avec indifférence, au final. Nhova était une travailleuse, qui aidait un inconnu sans se laisser berner, tout en assurant son fonds de commerce en parallèle. Il évalua cela, puis décida de faire amende honorable, à sa façon.

- Une mort aussi violente, ce n’est pas un crime.

Nonchalamment, il avança sa main vers le mini-drone pour l’attraper, mais se ravisa quand ce dernier entama des manœuvres d’esquive.

- C’est un symptôme.

Dans la manœuvre, son bras mécanique soubresauta de nouveau de lui-même, mais une fumée s’en échappa cette fois. Il était déjà 18 heures, semblait-il, l’heure de graisser les rouages.

- Acedia est mort parce qu’il était malade.

D’un geste brusque, mais maîtrisé, le Mech débrancha l’invalide avec le valide. Il le déposa sur ses genoux, puis ouvrit l’avant-bras de la prothèse.

- Ou plutôt, parce qu’on a essayé de lui faire croire qu’il l’était.

Il en sortit un petit pot, rempli d’un mélange maison de différents produits visqueux et lubrifiants.

- Je n’ai pas envie de trop vous embêter avec mes histoires, vous êtes en train de travailler et vous n’êtes pas concernée. Mais il se trouve que je me considère comme une sorte de médecin ; du moins, comme un praticien.

Légèrement odorante et d’une couleur peu aguichante, le Mech était assez fier de sa trouvaille par sérendipité. Et oui, il visait la création d’un dentifrice ultra-efficace, mais finit par inventer une graisse qui parvenait - presque -  à faire taire les bruits de son vieux bras mécanique.

- Hm, ouais, j'ai toujours préféré avoir les mains dans le cambouis. Ce qui fait que j’ai de l’expérience. J’ai été malade moi aussi, je peux vous dire que si je fais rien, votre chiffre d'affaires risque de grimper.

Le Mech enleva son gant, puis ouvrit la fiole. Il trempa l’index et le majeur, puis commença à graisser chacune des articulations apparentes des doigts.

- Après, loin de moi l’idée de me donner un air mystérieux. Cette maladie n'est pas nouvelle, c'est le problème de la société. Acedia a évolué un peu trop mollement dans les plus hautes sphères du pouvoir. Il s’est rendu compte beaucoup trop tard qu’il y était piégé  et il s’est débattu avec beaucoup de trop de force après, d’où sa présence ici.

Il remonta ensuite vers le poignet sur lequel il appliqua le même traitement.

- Il est venu me trouver dans mon squat en quête d’aide, mais je n’ai pas tout de suite accepté immédiatement, parce que c’était un peu louche. Vous imaginez, vous ? Voir un étranger débarquer à votre porte et demander brutalement vos services  ?

Il trempa de nouveau ses doigts dans le liquide aux allures sirupeux, puis entama l’avant–bras en prenant soin de ne pas abîmer les trésors qu’il cachait à l’intérieur.

- Il travaillait à Mentalo Corp ; il en dirigeait un septième, d’ailleurs. L’entreprise a donné dans l’illégale et l’éthiquement amoral, vu sa position hiérarchique, je suis certain qu'il y participait, directement ou pas. C’est pour cela que j’ai préféré temporiser.

Il remonta le long de chacun des pistons qui lui servaient muscles et tendons, jusqu’à s’attarder longuement sur le coude.

- Je cherche pas à le venger, parce que cela signifierait que les morts ont de l’honneur. Les morts sont morts, fin. Y'a que les vivants restent, et jusqu’à présent, c’est eux qui ont tendance à compliquer les choses.

Vinrent ensuite les équivalents mécaniques du biceps et du triceps. Il s’agissait des parties les plus bruyantes, alors le Mech prit bien soin de les graisser.

- Je ne suis pas enquêteur, mais il ne faut pas se trimballer avec un morceau de fer en forme de justice pour deviner que ça va recommencer bientôt. Et quand je pense à ceux qui participent à ça sans le savoir, ou qui y sont obligés... Tss.

Le travail quotidien effectué, Le Mech se ragrafa le bras d’un clic bruyant.

- Donc non, je ne me venge pas. Je soigne… Je répare.
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Message par Nhóva Mer 17 Avr - 21:19

- Une mort aussi violente, ce n’est pas un crime. C’est un symptôme.

Comme extirpée soudainement de ses songes, le corps de Nhóva se figea.

- Acedia est mort parce qu’il était malade. Ou plutôt, parce qu’on a essayé de lui faire croire qu’il l’était.

Extérieurement, elle appréciait cette mise à nu qu’il lui offrait et qui attisait forcément sa curiosité naturelle... Mais intérieurement, elle compilait les informations pour déceler le vrai du faux. Un discours si charmant n'était-il pas l'œuvre d'un vieux renard sournois ? Ah, si seulement tout ceci pouvait être vrai.

–  (...) Vous imaginez, vous ? Voir un étranger débarquer à votre porte et demander brutalement vos services  ?

La rhétorique de sa question fit sourire Nhóva qui avait repris son travail entre-temps, rangeant ses réflexions au placard pour un temps et feignant l'indifférence.

Elle ne pouvait toutefois s’empêcher de soulever un point qui la chagrinait dans son discours. À dire vrai, c’était sans doute la seule chose avec laquelle elle n’était pas en symbiose avec Le Mech : curieusement, elle percevait dans ses paroles, des échos à ses propres pensées.

– Si vous me le permettez, j'aimerais nuancer votre vision des défunts.



– Ils ne sont pas à jeter comme un tas de vieillerie dont plus personne ne veut s’en soucier. Tout comme vous et moi, ils ont vécu diverses expériences, passant de l'euphorie belliqueuse, à la crainte louable. Pourquoi les ignorer, sans chercher à comprendre qui étaient-ils réellement, au fond d'eux ? Ce que vous percevez chez les vivants, je le vois chaque jour dans les yeux de mes clients. J'y décèle leur peine, leur souffrance, leur remord.

D'un geste, elle se redressa pour mieux admirer son travail, s'auto-critiquant, l'air mutique, de la nouvelle couture qu'elle venait d'offrir à Acedia.

Silence. Soupir.

–  Avez-vous déjà entendu les derniers mots d'un être cher ? Y avez-vous décelé de la peur ? Du regret ?

Curieusement, la voix de Nhóva sembla plus mesurée. Plus sinistre.

– Ce que je cherche à vous dire, cher ami, c’est que nous avons beaucoup à apprendre de nos morts. Comme un doyen transmettant son savoir à ses petits enfants, ils sont les témoins silencieux dont nous aurions eu tant besoin d’écouter pour nous guider dans l’obscurité. C'est dans la mort que nous réalisons, trop tardivement hélas, la valeur de la vie. Et c'est pour cela même, qu'il est crucial que nous écoutions les récits de ceux qui sont tombés au combat avant nous. Afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs à notre tour et, à notre tour encore, de regretter notre existence insipide.  

D’un geste bien trop habituel et mécanique, elle retira ses gants pour les jeter à l'endroit prévu à cet effet, avec toujours cette étonnante précaution et lenteur princière.

Combien d’hommes, de femmes, s’étaient contraints à une vie misérable de leur vivant, sans pouvoir choisir, par eux-mêmes, leur propre voie ?

– La peur de mourir est humaine, mais le regret ne devrait jamais avoir à habiter les yeux de mes clients. Certains diront qu'ils n'avaient pas le choix, qu'ils devaient suivre le chemin du plus fort pour survivre, contraint de se prostituer pour gagner leur maigre pitance en devenant l'esclave d'un tyran bien protégé par le silence de ses supérieurs...  

Calmement, elle se dirigea vers ce qui s’apparentait à un évier. Nettoyant au préalable ses mains, puis ses ustensiles de travail. Dans son esprit, se dessinaient des souvenirs qui ne lui appartenaient pas.

– Mais si la peur de mourir est légitime, la peur de vivre ne devrait pas l’être. Être captif d’une cage dorée que nos semblables appelleront « le progrès ». De cette bulle qui se veut si rassurante comme le ventre de notre mère, n'est en réalité qu'une prison de l’esprit. Une échappatoire, un refuge permettant à la majorité silencieuse de calmer ses angoisses, leur donnant l'illusion d'une vie supportable, tant qu'ils peuvent s'évader dans des fantasmes... Mais aussi difficile que cela puisse paraître, nous devrions, au contraire, rompre avec cette dépendance qui ne fait que nous aveugler chaque jour, reconnaître notre mortalité et accepter qu’un jour, nous rejoindrons la terre et la poussière…

D’un même mouvement, elle plongea les instruments dans ce qui ressemblait à une solution enzymatique afin de compléter leur rinçage.

– … Et une fois que vous prenez conscience de cela, croyez-moi, vous vous sentirez plus libre que jamais de suivre les désirs de votre cœur, pour le reste de vos jours.

Revenant aux côtés d’Acedia, elle prit le soin d’enfiler de nouveaux gants, avant de déposer une main se voulant presque maternelle sur le front de son client du jour.

– L'homme est capable de grandes choses, de planifier l'avenir, d'utiliser des outils sophistiqués pour modeler son environnement… Mais malgré toute son intelligence, la société le réduit à un insecte luttant pour sa survie, piétinant ses pairs pour subsister.

Attrapant délicatement l’un de ses outils tranchants comme le ferait un chef d’orchestre avec sa baguette de direction, elle regarda la lame afin d’y croiser son propre regard.

– Oui, beaucoup diront que nous critiquons la société alors qu’elle serait, soit disant, celle qui nous permet de survivre, de côtoyer nos semblables, de maintenir l’équilibre et la fragile barrière qui nous différencie de l’animal. Que, sans elle, nous ne serions rien de plus que des bêtes dépourvues de raison…

D’un geste habile, elle ramena l’outil en direction d’Acedia afin de découper le bracelet en cuir de sa montre qui avait fusionné avec sa propre peau.

– C’est d’ailleurs pour cela que l’homme excelle tout particulièrement dans sa faculté de mentir à autrui.  

Usant de manière bien trop soigneuse, comme s’il s’agissait d’un oisillon tombé du nid, elle retira la montre du poignet de la dépouille avant de la confier à son eco-orbe.  

– Mentir pour protéger un secret. Pour assurer ses arrières. Pour son travail…  

Elle fit par la suite quelques pas maîtrisés pour récupérer un sachet sous-vide pendant que son éco-orbe s'affairait à sa mystérieuse besogne.

– Mais l'homme ne ment pas par malveillance pure et simple, comme on pourrait le prétendre. Il se complaît dans le mensonge, parce qu'il a été conditionné dès son plus jeune âge à croire qu'il doit faire preuve de tromperie et de trahison pour grimper les échelons… Mais quel intérêt de vouloir atteindre le ciel, si ce n'est que pour s'y brûler les ailes ?

Toujours avec lenteur et précaution, elle récupéra la montre pour la déposer dans le sachet, ses pas résonnant dans la pièce alors qu'elle se dirigeait vers la porte tel un fantôme fatigué d'hanter sa demeure.

– Aussi, et c’est là que je requiers toute votre attention, cher ami… J’aimerais vous poser une simple question.

Désormais devant la porte et à quelques mètres à peine du Mech, elle fixa son regard bleu glace dans celui de son invité.

– Que devrait faire une femme comme moi, isolée et d'apparence vulnérable, qui a choisi de dédier sa vie aux morts, face à un homme tel que vous, tout juste rencontré ?

Son masque dévorant la partie inférieure de son visage, impossible de dire si elle souriait ou non.

– Mais vous avez raison… Tout ceci ne me concerne pas. Je ne suis qu’une simple thanatopractrice sans prétention, ni influence. Une poussière de plus dans un monde où la loi du plus fort règne en maître.

Soudain, comme sortie d’une longue torpeur cauchemardesque, Nhóva reprit une voix plus délicate, plus charmante. Déposant le sachet qu’elle avait dans les mains sur une petite table adjacente et à la vue du Mech, mais pas de ses écho-orbes.

– Je regrette, mais les informations que vous demandez sont confidentielles. Je ne peux y répondre sans l'autorisation de l'enquêteur en charge.

D'une voix empreinte d'empathie, elle semblait sincèrement désolée de ne pouvoir aider davantage. À une autre époque, on aurait dit qu'elle était liée par le Serment d'Hippocrate ou une quelconque foi. Ce qu’il y avait de déconcertant, c’était le fait que ses gestes ne correspondaient pas avec ce qu’elle disait. Tout en feignant de retourner à son travail, se dérobant ainsi de la vue du Mech, elle ajouta calmement :

– Si vous étiez un membre de la famille proche de M. Acedia, peut-être aurais-je pu faire une exception.

Au même moment, l'éco-orbe qui était restée à côté du Mech émit un son mécanique plaintif, suivi d'un discret « tic-clic ». Comme piratée à distance, elle afficha un hologramme exposant des données confidentielles sur Acedia.

– …Mais je ne peux décemment pas vous fournir de détails sur les circonstances de son décès.

L'hologramme montra une série de photos du corps d'Acedia, dont une en particulier et qui devrait retenir l'attention du Mech : celle d’un tatouage situé sous la voûte plantaire. Sous cette photographie, la mention « Tatouage post-mortem », y était clairement visible.

– Simple question d'éthique. J'espère que vous comprendrez.

Tandis qu'elle continuait de dialoguer via ses éco-orbes, Nhóva envoyait d'autres images au Mech. Maintenant son faux rôle de subordonnée impuissante face aux directives de sa hiérarchie fantôme, son visage s'armait d'un curieux rictus.

Cette fois-ci, les images révélées étaient celles du lieu du crime. Normalement, une thanatopractrice n'aurait pas accès à de telles informations, seules les forces de police étant autorisées à les posséder pour les besoins de l'enquête.

– Mes mains sont liées, cher ami. Croyez bien que je suis navrée de ne pas pouvoir vous aider.

Une fois de plus, les photographies disparurent pour laisser place à ce qui s’apparentait à une vidéo. Curieusement, celle-ci tournait à l’envers, comme rembobinée à l'aide d'un vieux caméscope VHS, avec des accélérations et ralentissements saccadés. Sur l’écran, on pouvait voir les derniers moments d’Acedia, ses derniers souvenirs, du point de vue de la victime… Et révélant ainsi, le visage de son agresseur.

– Et si d'aventure, vous en veniez à croiser la route de son meurtrier par un hasard des plus inopportun, j’espère que vous trouverez, au fond de votre cœur, le courage de prendre la bonne décision.

Et maintenant, cher ami, qu’allez-vous choisir de faire ?

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Message par Le Mech Ven 19 Avr - 22:57

Le Mech écouta attentivement les paroles de Nhova. Son discours était empreint d’une teinte spéciale, vague nuance de sagacité et d’érudition qui indiquait qu’elle y avait beaucoup réfléchi. En même temps, dans cette ligne de métier, ils devaient tous avoir un avis plus ou moins tranché sur la mort et le temps nécessaire pour peaufiner leurs visions de la chose.

L’homme médita sur les mots prononcés, au fur et à mesure qu’ils arrivaient. Si dans le fond, il concédait ce qui était dit, la forme ne lui plaisait pas. Au plus tôt, 30% du fond et 70% de la forme ne lui allait pas. À ses yeux, ceux qui avaient fermé les yeux n’avaient plus rien à apporter au monde, si ce n’est le legs de leur possession. Il était vrai que l’on apprenait des ceux qui n'étaient plus, mais on apprenait surtout de ce qu’ils avaient laissé et de ce qu’on voulait bien en tirer.

Là où leur opinion se rejoignait, c’était sur la peur, la liberté. Entrant en résonance extrême avec le dogme de vie du Mech, il aurait même été plus loin dans l'argumentation. Pour lui, on choisissait ses démons et l'on se soumettait à leur service. En prendre conscience, c’était se libérer. Une façon assez simple de s’en rendre compte était la destruction des usages et des coutumes. Un exemple ? Lorsque l’on rend visite à quelqu’un, on tape à la porte. Plus spécifiquement, on lève le bras, on ferme le poing et l’on cogne ses phalanges proximales contre la porte. Personne ne nous oblige à faire cela. Personne ne nous surveille lorsque nous le faisons. Le monde ne s’arrêterait pas si, d’aventure, nous cognions avec le coude ou le genou. Pourtant, nous le faisons, sans y penser. Pour le Mech, ne pas se plier à ce genre de norme était l’expression ultime de la liberté. S’affranchir du diktat de la norme, dans une société qui assassine ou rénorme l’anormal. Combat vain ou pratique salvatrice, ce serait l’avenir qui le dirait.

Par contre, il y avait schisme sur la question de la société. Dans un autre monde, Le Mech serait sûrement seul, au milieu de la nature et à se mêler de ses affaires et de ses affaires uniquement. Mais ce monde était différent. Sa réalité était celle de la dernière société du monde ; entretenir une utopie apaisait le cœur, mais ne remplissait pas l’estomac. Les moutons étaient trop nombreux, les règles marquées aux fers rouges, les chiens de berger trop vigilants et les bergers trop absents. La société n’allait nulle part, dans tous les sens du terme. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Le Mech aimait à penser que, si autant de personnes s’y complaisent, c’est que ce devait être une bonne initiative à la base,  mais que, au vu de la souffrance du quotidien, elle avait été déformée en chemin.

Il partageait néanmoins sa vision de la société actuelle et du traitement des individus qui la composait. Terra² était le placébo d’un cancer vicieux. Les corporations, des rouleaux compresseurs qui montaient en écrasant leurs employés. Les avocats, des corbeaux qui démontraient les failles du système en les exploitant. Les assureurs, des assureurs. Il paraissait clairement au Mech que la société actuelle allait à sa perte. Tiens ? La société allait quelque part finalement. L’élément dramatique à cela était que, étant le dernier bastion de l’humanité, l’humanité elle-même serait entrainée avec elle. Un macabre requiem que le Mech souhaitait éviter. Pur instinct de survie de son espèce ? Altruisme pur ? Dégénérescence cognitive ? Le Mech ne savait pas et, pour l’instant, il ne ressentait pas le besoin de questionner ses propres intentions sur le sujet.

Le mensonge. Dure question. Le Mech était partagé. En fait, il était constamment aux prises avec l’éternel débat intitulé “la fin justifie-t-elle les moyens ?”. La vie à Terra était trop dangereuse pour rester sur le bon chemin tout le temps. Le Mech avait essayé. Le Mech y avait beaucoup perdu. Ceux qui ne jouent pas le jeu sont avantagés, ceux qui y jouent doivent y jouer très longtemps pour obtenir une chance d’être heureux. Le Mech ne pouvait pas ignorer aussi que “refuser de mentir” était un dogme sociétal, voire moral, inculqué dès les prémisses de conscience. Le débat pourrait paraître stérile : “mentir c’est mal”, mais “mentir c’est mal” est une injonction du contrat social, qui castre tout à chacun. Pourtant, remplacez “mentir” par “tuer”, et tout changeait. “Tuer est mal”, mais dire “tuer est mal” est une injonction du contrat social, qui castre tout à chacun. Comment être d’accord avec la première affirmation, sans en réfuter la seconde ? Tel était la limite du raisonnement du Mech.

Lorsque Nhova apparut de sa salle de travail, elle avait pu voir le Mech, tête en arrière, en train de finaliser sa synthèse mentale de ce qui venait de se dire. Il avait pesé chacun des mots de la croque-mort à leur juste valeur. Elle l’avait fait réfléchir, et il lui en était reconnaissant. Il ne se sentait par contre pas de se lancer dans un débat philosophique ; même s’il savait que seule la non-présence d’alcool empêcherait ce scénario de se réaliser.

Sans prendre la peine de répondre à sa dernière question, il l’observa danser sur un étrange ballet dissonant. Geste et parole en désaccord ? Elle semblait se sentir écoutée, mais pas totalement surveillée. Elle avait de la marge pour des actions, comme pour poser ce sachet contenant une montre à un endroit bien précis. Ses supérieurs l’espionnaient ? Très certainement. Même chez les petites entreprises, la confiance envers les employés était chose rare. Bon, en l'occurrence, ses employeurs devaient avoir raison ; ce qu’elle ne semblait pas légale, ce qui arrangeait bien le Mech. Faisant mine d’être déçu du prétendu refus de la femme, son attention fut attirée vers le drone flottant à ses côtés et l’hologramme qui en sortit.

Un tatouage. Non. Un verdict. “L’avertissement”, comme aimait ironiquement l’appeler les “artistes” qui le gravait sur leur victime. Une œuvre faite avec un mélange d’acide chlorhydrique et d’encre, qui avait la particularité de résister assez longtemps aux aléas de la décomposition. C’était une signature et il n’y avait qu’un groupe qui l’utilisait. Les Koshachiy, un groupe d’environ une quinzaine de théris, peu recommandable. Célèbre pour leur méfait et leurs récentes exactions, ils étaient cantonnés au fossé. Pourtant, le corps d’Acedia avait été retrouvé vers la Caste. Qu’avaient-ils à voir avec toute cette histoire ? Mentalo employait la pègre ? Théris qui plus est ? La corporation avait pourtant un passif assez… Houleux, avec eux.

La provenance de la photographie attira aussi l'attention du Mech, elle semblait provenir des forces de l’ordre. Vu son métier, la possession de ces photos n'était pas incongrue, mais les notes et le cadre autour… Cela venait clairement d’un dossier d’enquête, ce qui impliquait que la femme y avait eu accès. Elle, qui avait déjà récupéré le corps plutôt dans la journée. Que faisait-elle ? Pourquoi le faisait-elle ? Menait-elle aussi l’enquête de son côté ? Ou couvrait-elle des traces ? Si le Mech la considérait jusqu’à présent comme bizarrement sympathique, il considéra qu’il était prudent de rester sur ses gardes avec elle.

Les images changèrent. Une vidéo à reculons et… verticalement inversé ? Qu’était-ce ? La caméra était du point de vue d’une personne qui se faisait malmener. En arrière-plan, on pouvait y voir un homme, peu à l’aise et maladroitement masqué par un foulard et des lunettes de soleil. Au premier plan, un théris jaguar, jaune comme le vomi d’un nourrisson malade. À la fin de la vidéo, qui était en réalité le début, le Mech prend conscience de ce qu’il venait de voir.

Le point de vue, l'inversion, la mise à mort par les personnes présentes. C'était, vraisemblablement, les derniers instants d’Acedia. Pour le Mech, cela ne faisait aucun doute qu’il devait avoir un de ces implants temporaux à la mode chez les richards. Ayant connaissance de leur limite de stockage, il ne cherchera pas à obtenir plus de détail de Nhova. Il lui était déjà reconnaissant d'avoir partagé ce qui lui semblait être l'extraction des données de la puce. C’était de l’or, car cela confirmait que c’était les Koshachiy qui étaient les exécuteurs et qu’ils étaient de collusion avec au moins un humain. Les tripes du Mech lui hurlaient que c’était quelqu’un de haut placé à Mentalo Corp., mais il ne pouvait se baser sur rien d’autre pour l’affirmer. Bien que déguisé plutôt que camouflé, son visage n’était pas assez découvert pour être reconnaissable.

Décidément, cette Nhova avait le chic pour faire tourner les méninges du Mech. Un bon millier de nouvelles questions vinrent se bousculer dans sa tête, mais il admit qu’elle lui avait rendu un fier service. Il se leva donc, avec sa nonchalance et son flegme habituel, et lui adressa.

- Eh bien, c’est dommage que vous ne puissiez pas m’aider, mais je comprends votre situation.

La phrase sonnait en bateau, mais le Mech savait, de son expérience, c’était une IA qui analysait les caméras de surveillance. Une IA ne réagirait pas à la généricité de sa réponse, au contraire, elle la classerait comme neutre.

- Quant à ce que je ferais si je rencontrais cette personne… Je ne sais pas.

Il s’avança lentement vers la petite table en prenant soin de se positionner au même endroit que Nhova précédemment.

- Tant pis. Je demanderai conseil à une connaissance. Un grand poilu, toujours en jaune. Ce mec a toujours les crocs, un vrai danger. Faut pas l'approcher. Bref, ‘parait qu’il traîne vers le fossé ces temps-ci.

Il s’empara de l’objet, puis la glissa profondément dans sa poche. En le faisant, ses doigts entrèrent en contact avec l’une de ces cartes de “visites”. Il la prit, puis la plaça à l'exact endroit où il avait récupérer la montre.

- Bon, je ne vais pas plus vous déranger. Il doit bientôt être l’heure pour vous de fermer, j’imagine, et j’ai des rats à chasser de mon squat.

Sans plus de forme, le Mech  prit le chemin de la sortie. En passant la marche abîmée, il ne put s’empêcher de s’arrêter pour réfléchir. Cette Nhova ? Il avait l’intime impression d’avoir été manipulé, sans pour autant que cela soit négatif. Quel était son agenda ? Il siffla du nez, puis sortit. Son enquête commençait réellement.
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Message par Nhóva Dim 21 Avr - 22:47

Donnez un os à un chien affamé et il le dévorera sans demander son reste.
Caressez-le dans le sens du poil et il tendra la patte pour en redemander encore.


Elle n'espérait pas recevoir de réponse du Mech. Ses litanies n’atteignaient presque jamais ses semblables. Et lorsqu’on lui accordait une oreille attentive, plus par politesse que par envie, on la conspuait comme on le ferait sur place publique à une sorcière sur son bûcher. Mais qu’y pouvait-elle ? Ses clients étaient en tout point bien plus captivants que n'importe qui d'autre. Et presque sottement, comme un enfant espérant que les fées et lutins existent, Nhóva aimait à penser que donner des coups dans la fourmilière leur promettait une issue plus appréciable.  

Personne n'avait à cœur d'entrer dans un débat comme celui-ci. Les normes sociales fermement ancrées depuis des générations, l'esprit humain préférant logiquement se montrer sous son meilleur jour et s'épargner les discours fatalistes. Pourquoi s'en faire ? Pourquoi appeler celle que l’humanité craignait le plus ? Car la mort viendrait. Elle vient toujours. Qu'elle soit invitée ou non. Qu’on l’implore dans son lit ou qu’on la chasse d’un revers de main. Elle viendrait encore. Toujours.

Et à l’intérieur de sa propre cage mentale, Nhóva patientait sagement que son tour vienne. Elle attendrait que la mort vienne frapper affectueusement à sa porte, comme une amante depuis longtemps oubliée. Elle attendrait qu’elle la berce de ses bras, pour la guider vers les chemins arides d'une terre infertile. Elle attendait, attendait gentiment son tour... Qui ne venait pourtant jamais.

- Bon, je ne vais pas plus vous déranger. (...) J’ai des rats à chasser de mon squat.

D’un bref hochement de tête pour affirmer les derniers propos de son invité, elle le salua mollement d’un mouvement de la main par-dessus son épaule, lui intimant de prendre soin de lui et lui souhaitant une bonne soirée. Son sourire ne s’était pas tari, bien au contraire. Il s’étendait au fur et à mesure que Le Mech grimpait les marches de son atelier afin d’en fuir cet endroit aux murs salis par la crasse et les suintements des murmures.

* * *

Quittant les lieux à une heure trop tardive, Nhóva s'était adossée contre la porte d’entrée quelques instants, comme si elle en avait ressenti le besoin soudain de reprendre son souffle. Dans quelques minutes, elle rejoindrait la foule grouillante du dôme, frôlant les épaules d’inconnus pour se frayer un chemin sous une nuit sans étoiles ni lendemain. Dans un coin de sa bouche, le bord de sa cigarette s'illumina tel un phare dans la nuit blême. Le regard vague, elle se massa doucement la nuque, ses pensées se dirigeant presque machinalement vers les récits de sa mère, puis des prémices des souvenirs d’Acedia. Lui non plus, ne verrait jamais les trésors oubliés de ce monde. À cette pensée, l'univers dans lequel elle gravitait lui sembla soudainement encore plus gris qu’à l’accoutumée…  

Ses éco-orbes mis en veille, clignotantes comme des flambeaux sur le point de rendre l’âme, ondulaient lentement autour d’elle pendant que les bruits de la cité ne cessent de prendre de l’ampleur. Un pied contre la porte, elle cala une main dans sa poche pour en sortir la carte de visite du Mech. Une nouvelle bouffée épaisse s'échappant de ses lèvres pendant que son regard se portait sur la carte, la faisant doucement pivoter entre ses doigts fatigués.

- Je demanderai conseil à une connaissance (...) Bref, ‘parait qu’il traîne vers le fossé ces temps-ci.

Serrez le collier de servitude avec précaution pour ne pas les effrayer. Murmurez-leur de belles paroles pour endormir leur méfiance et leurs angoisses. Offrez généreusement ce dont ils ont besoin d'entendre pour qu'ils vous soient reconnaissants de leur plein gré. Endormir les loups à la panse creuse dans la bergerie. Éveiller les moutons du troupeau pour qu'ils montrent à leur tour les crocs. Donnez à l’oiseau chanteur des graines à manger. Faites preuve de bonne volonté et de patience. Adressez-lui un sourire charmant, avant de refermer la cage délicatement.

Cet homme ? Une anomalie. Une énigme. Mais plus qu’un mystère, il serait peut-être la clé de voûte qui ferait basculer la fragile balance de leur existence et dont elle anticipait déjà le plaisir coupable de conter son histoire.

Et maintenant, cher ami, quel chemin choisirez-vous ? Oserez-vous plonger dans les profondeurs abyssales du néant ? Lutterez-vous contre vents et marées vers un avenir incertain, en capitaine tourmenté ?

Vos décisions seront d’un grand divertissement, je n’en doute pas.




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